Luxtram emploie des vigiles pour dissuader les comportements agressifs. La société déclare avoir reçu de «nombreux retours positifs».
Depuis le mois d’août, des agents de sécurité privés montent à bord du tram à Luxembourg. Une mesure expérimentale, initiée par Luxtram, qui répond à la fois à l’augmentation du nombre de voyageurs et à une préoccupation grandissante : la sécurité du personnel et des usagers.
La fréquentation du tram atteint plus de 125 000 voyageurs par jour. Pour Luxtram, cette hausse impose d’adapter la présence humaine sur la ligne. Depuis août, un projet pilote en partenariat avec une entreprise privée de gardiennage vient compléter le dispositif existant. De nouveaux agents de sécurité soutiennent les équipes Luxtram pendant toute la durée de circulation des trams.
En février dernier, des vols et agressions violentes avaient été signalés, notamment aux arrêts Hamilius et lycée de Bonnevoie, dans la capitale. Face à cette hausse des agressions, le député Laurent Mosar avait déposé une question parlementaire sur la sécurité du tram. En réponse, les ministres Léon Gloden et Yuriko Backes rappelaient que 1 200 contrôles préventifs ont été effectués en 2024 (une hausse de 14 % par rapport à 2023), que Luxtram collabore étroitement avec la police et que des caméras et campagnes de sensibilisation tentent de renforcer le sentiment de sécurité des usagers. Cette collaboration est désormais élargie à l’ajout d’agents de sécurité privés.
«Une irritation générale» observée
Cette initiative répond aussi à une revendication du syndicat LCGB. Le 16 septembre dernier, l’organisation s’est félicitée dans un communiqué d’«une première concrétisation de ses revendications» après des mois d’alerte sur la montée des agressions dans les transports publics. Lors du comité de pilotage sécurité de juillet, le syndicat avait réclamé un «déploiement ciblé d’agents de sécurité», inspiré du modèle ferroviaire. Le LCGB voit aujourd’hui dans cette mesure un «signal positif», mais regrette qu’elle ne s’étende pas encore aux autobus, particulièrement sur les lignes dites «vulnérables».
À ce sujet, Paul Glouchitski, secrétaire syndical, illustre cette tension quotidienne. «Les chauffeurs font face à des agressions verbales, parfois physiques, très violentes», explique-t-il. Il rappelle que la moitié seulement du parc de bus est équipée de cabines sécurisées malgré les sept millions d’euros déjà investis et souligne que ces dispositifs ne suffisent pas à ce que le personnel roulant puisse «effectuer son travail sereinement». «Ce n’est pas le rôle des conducteurs de gérer des altercations», insiste-t-il, évoquant la situation d’une conductrice syndiquée récemment prise à partie par un usager. Depuis la pandémie, il observe «une irritation générale».
Pour le syndicat, la présence d’agents spécialisés constitue donc une évolution nécessaire et complémentaire aux cabines sécurisées et au renforcement de la présence policière aux arrêts sensibles. Le LCGB plaide aussi pour une meilleure coopération transfrontalière et un durcissement des sanctions contre les agresseurs, notamment sur les lignes internationales où les tensions sont plus fréquentes. «Il faut certes penser au personnel, mais aussi aux usagers», ajoute Glouchitski.
Luxtram, de son côté, se veut pragmatique : il ne s’agit pas de remplacer la police, mais de créer un complément. Le secrétaire syndical tient alors le même discours : «Ce n’est pas aux forces de l’ordre de gérer ces nombreuses tensions, puisqu’il y a sûrement des affaires plus urgentes ailleurs. C’est pour cette raison qu’une société privée paraissait pertinente.» Les agents privés n’ont pas de pouvoir de contrainte, mais leur visibilité contribue à dissuader les comportements agressifs. L’objectif du projet pilote est d’en mesurer l’impact concret d’ici la fin de l’année. Alors que le test dure depuis plus de deux mois, l’entreprise publique dit avoir «reçu de nombreux retours positifs de nos voyageurs».