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Tram au Findel : des voyageurs heureux 


Mis en service le 2 mars dernier, le tramway a séduit les voyageurs du Findel mais menace l’activité des taxis.

Le tram circule jusqu’à l’aéroport du Findel depuis le 2 mars. Une arrivée très attendue qui a déjà changé les habitudes de transport des voyageurs. Reportage.

Voilà déjà plus d’un mois que le tram de la capitale luxembourgeoise circule jusqu’à l’aéroport du Findel. Alors que le jour de l’inauguration du nouveau tronçon, premiers usagers et afficionados de transports en commun s’étaient donné rendez-vous en nombre dans les rames et sur les quais, un mois plus tard, la routine et le quotidien semblent déjà avoir trouvé leur place.

Le monde afflue certes moins au nouvel arrêt «Findel – Luxembourg Airport» qu’au premier jour, mais les voyageurs défilent tout de même, valises à la main et casques vissés sur les oreilles. Entre deux départs et arrivées d’avion, ils ne sont que quelques-uns à entrer et sortir dans les deux rames arrêtées sur les quais. Mais lorsqu’un avion atterrit, des vagues de personnes toutes plus pressées les unes que les autres débarquent et s’engouffrent dans le tram.

Une utilisation «réjouissante» pour Lux-Airport

Du côté de Lux-Airport, les premières observations pointent tout doucement le bout de leur nez : «Le tram est déjà utilisé par de nombreux passagers», observe Rebecca Pecnik-Welsch. Si cela était prévisible, la société de l’aéroport ne reste pas moins surprise par l’usage du tram : «Même – et nous ne l’avions pas forcément prévu – par des passagers qui voyagent plus longtemps et qui ont donc de grosses valises.»

Mais si ces premières observations montrent une utilisation du tram «assez intensive et réjouissante», elles seront tout de même renforcées dans le courant du mois par des chiffres concrets. Notamment sur l’effet du tramway sur le potentiel allégement de la fréquentation des parkings, auquel l’aéroport s’attend «dans une faible mesure».

Et si les voyageurs utilisent le tram pour se rendre à l’aéroport, ils ne sont pas les seuls : de nombreux employés de l’aéroport l’utilisent déjà aussi. «Il s’agit principalement de ceux qui ont des horaires de bureau standards, car le tram commence trop tard pour les équipes du matin», complète Rebecca Pecnik-Welsch. Les équipes de l’aéroport souhaiteraient même que les horaires soient étendus pour permettre à encore plus d’employés de l’emprunter.

Des voyageurs de tout horizon

Raphaël, lui, n’est pas pressé. Le Liégeois revient tout juste d’un voyage en Espagne. Il n’est que 11 h quand l’homme s’assoit sur l’un des bancs. Son train n’arrivant que dans l’après-midi, il a encore du temps devant lui avant de rejoindre la gare. «Je vais laisser passer deux-trois rames avant de monter dedans», dit sereinement Raphaël. En tant que personne à mobilité réduite (PMR), il est grandement arrangé par l’arrivée du tram à l’aéroport. «Les bus de l’aéroport sont trop fréquentés, c’est difficile de trouver une place assise… Alors que le tram est plus grand et passe à une plus grande fréquence.» Il est aussi plus simple pour les PMR de rentrer dans une rame de tram que dans un bus, puisqu’il n’y a pas de marches à monter.

Pendant ce temps-là, Laura et Catherine descendent ensemble du tram… Mais les deux femmes ne se connaissent pas : «Nous nous sommes rencontrées dans le train», rigolent-elles. Catherine vient de Pont-à-Mousson. Elle a repéré Laura et sa valise lorsqu’elle est montée dans le train à Metz. «C’est la première fois que je prends les transports pour rejoindre l’aéroport, j’étais un peu perdue, alors je lui ai demandé comment faire et si je pouvais la suivre!»

«Moi je savais que le tram à l’aéroport était tout récent», explique Laura. Ce qui l’arrange : «L’année dernière, j’avais dû prendre le bus pour venir… J’avais mis dix minutes de plus qu’aujourd’hui, et il y avait moins de places pour tenir la valise.» Pour les deux femmes, il n’y a pas de débat : le tram est plus pratique que le bus. «Il n’est pas coincé dans le trafic et il nous arrête à deux pas des portes de l’aéroport!»

Pour les voyageurs à grosses valises, le tramway est plus pratique que le bus grâce à son plus grand espace.

Le trafic et le tarif en moins

Leur avis est partagé par grand nombre des voyageurs, dont Clément, un employé d’une grande entreprise qui voyage régulièrement pour les affaires. Il fait partie de ces gens pressés par le temps. «Je sais que je ne devrais pas, mais je viens toujours à l’aéroport à la dernière minute», souffle-t-il dans un sourire. Heureusement pour lui, le tram relie désormais directement son lieu de travail au Findel. «Je gagne vachement de temps par rapport aux taxis qui restent coincés dans le trafic ou à ma propre voiture avec laquelle je mets du temps à chercher une place de stationnement.» Ne pas avoir à garer sa voiture, c’est d’ailleurs un argument de taille pour beaucoup, au vu du prix des parkings et de la gratuité des transports au Luxembourg.

Mais les voyageurs ne sont pas les seuls à emprunter le tram jusqu’à l’aéroport. Certaines personnes viennent simplement pour flâner, à l’instar d’Edmée et son amie. «Nous venons de Moesdorf. Nous avons pris le bus jusqu’à Mersch, puis le train jusqu’à Luxembourg avant de prendre le tram pour venir à l’aéroport», explique la retraitée. Si elles sont venues au Findel, ce n’est pas pour prendre l’avion. «Nous avons bu le café chez Oberweis, et maintenant nous allons reprendre le tram jusqu’à la Cloche d’Or.» Et si elles peuvent se permettre de faire l’aller-retour sans réel objectif, c’est bien parce que le tram est gratuit. «C’est bête de ne pas plus en profiter!»

Sa fréquence importante, sa proximité avec l’aéroport et sa gratuité font du tramway le transport de choix pour beaucoup de voyageurs, et aussi d’employés de l’aéroport.

Les taxis sur le qui-vive

À l’aube de l’inauguration du tramway au Findel, tous les regards s’étaient tournés vers les taxis et l’impact de ce nouveau concurrent gratuit sur leur activité. Plus d’un mois plus tard, «c’est difficile d’avoir déjà des données exactes», prévient Paul José Leitao, président de la Fédération des taxis.

Selon les chauffeurs, «nous sommes plus ou moins au même niveau qu’en 2024» mais ce directeur général de sociétés de taxis assure que «dans quelques mois, on aura les chiffres corrects et nous allons perdre du travail». Comme pour l’arrivée du tramway au Kirchberg, il pronostique une baisse de 20 % du nombre de courses dans les prochains mois, «le temps que le bouche à oreille se fasse pour le tramway». Cependant, cette perte d’activité annoncée est, selon lui, un ensemble de facteurs.

Les principaux clients allant au Findel pour du tourisme d’affaires, l’instauration du télétravail après-covid continue d’impacter le secteur : «Nous faisons 70 % de l’activité de 2019, avec 7 à 8 trajets par jour contre 5 aujourd’hui». Pour les voyageurs lambdas, «si les gens ont beaucoup de bagages, si c’est une famille, nous n’avons pas remarqué de grande différence», relativise-t-il, tout en restant prudent sur les chiffres à venir lors des vacances de Pâques.

Toujours est-il que, face aux défis – parmi lesquels le tramway –, Paul José Leitao évoque la nécessité de «trouver des nouveaux marchés, en augmentant le volume grâce à des prix moins chers, mais un service de qualité».

M. K.

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