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Trafic de stupéfiants : un flagrant délit à Rodange


Hamza a tenté de se faire passer pour un petit dealer sans envergure. (photo archives LQ)

Un kilogramme d’héroïne est passé de la main à la main à Rodange sous les yeux de policiers en planque. L’acheteur et un couple d’intermédiaires ont été arrêtés entre les stations-services.

Nous avons assisté à l’achat de stupéfiants par Hamza. Ils provenaient d’un réseau belge qui avait engagé un couple de toxicomanes pour effectuer la livraison», résume un enquêteur de la section stupéfiants de la police judiciaire. «Le couple avait reçu les stupéfiants en question de trois hommes venus de Longwy.»

Hamza était connu des services de police comme étant un dealer actif dans le sud du Grand-Duché. Le 13 juin 2022, des policiers planquaient à Rodange, le long de la frontière française, quand ils ont vu Antonella et Philippe remettre un kilogramme d’héroïne à Hamza. Le trio a été arrêté en flagrant délit et comparaissait mardi devant la 16e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg. La tête du réseau est encore recherchée, de même que son principal fournisseur.

Antonella et Philippe, le couple belge, est en aveux pour la remise du paquet d’héroïne à Hamza contre 1 645 euros. Leur commanditaire aurait pris contact avec eux par WhatsApp, ont-ils expliqué aux policiers. En contrepartie de ce «service», ils devaient recevoir 250 euros. Le couple n’aurait pas su qu’il devait livrer de la drogue au Luxembourg.

«Il pensait juste recevoir un paiement issu d’une livraison», a spécifié la représentante du ministère public. «Ils ont été surpris, mais ont choisi de le faire quand même.» La magistrate a requis une peine de 24 mois de prison contre les deux Belges aux casiers judiciaires vierges et s’est rapportée à prudence du tribunal quant à un éventuel sursis.

Hamza, lui, a tenté de minimiser son activité et d’entretenir la confusion à la barre et lors de l’enquête. Le petit homme chauve et rondelet n’est cependant pas parvenu à tromper la représentante du parquet. Pour elle, il se livrerait à un trafic au Luxembourg depuis 2021.

L’enquête de police révèle qu’il a vendu de grandes quantités de stupéfiants par le biais de revendeurs qu’il avait lui-même engagés. L’enquête n’a cependant pas permis de déterminer les quantités exactes.

Le prévenu, «aux antécédents spécifiques», a déjà été condamné à trois ans de prison pour association de malfaiteurs et vente de stupéfiants en 2015 par la justice belge. Cela ne l’a pas dissuadé de continuer, a noté la magistrate avant de requérir contre lui une peine de 54 mois de prison et une amende appropriée.

Intermédiaires multiples

Après avoir soulevé l’incompétence du tribunal, Me Stroesser a développé une théorie que les enquêteurs ne partagent pas pour défendre Hamza. «La majeure partie du dossier n’a rien à voir avec le Luxembourg. Mon client n’a été en possession de la drogue que quelques secondes», assure-t-il. «Il ne ressort nullement du dossier qu’il a mis des stupéfiants en circulation ailleurs qu’en France ou en ait vendu à des consommateurs luxembourgeois.»

Un consommateur a pourtant affirmé le contraire aux enquêteurs. «C’est insuffisant pour le condamner à l’exclusion de tout doute», tempête l’avocat, qui demande au tribunal de ne pas prendre en compte ce témoignage. Hamza ne serait qu’«un pigeon» dans cette histoire. Une victime du revendeur ou des trois mystérieux hommes.

«La drogue remise était de la coupe à 97 %. Sur le kilogramme, il n’y avait que 30 grammes d’héroïne pure», lance l’avocat. Selon lui, les trois hommes avaient commandé le kilogramme d’héroïne au mystérieux commanditaire. Constatant qu’elle n’était pas de bonne qualité, ils auraient voulu la lui retourner. Le mystérieux commanditaire leur aurait suggéré de la remettre au couple pour qu’il la transmette à Hamza et récupèrent l’argent. «Le commanditaire a multiplié les intermédiaires pour limiter les risques.»

Cette théorie ne change cependant rien au fait que son client a été pris en flagrant délit alors qu’il achetait un kilogramme d’héroïne. Ni même le fait que l’avocat prétende qu’il n’a jamais été un gros dealer. Pour lui, la peine requise est «ubuesque», «hors sol». «On est dans la fabulation la plus totale», s’emporte-t-il, tandis que sur le banc des prévenus, Hamza se fait le plus insignifiant possible. «Le parquet essaye de gonfler l’affaire.» Me Stroesser demande au tribunal, au cas où il se déclarerait compétent, de ne pas condamner Hamza à une peine de réclusion de plus de 18 mois et de faire abstraction d’une peine d’amende.

Le prononcé est fixé au 13 juin.