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Trafic de stupéfiants : «La cocaïne passe par le nez, pas par la bouche»


Le procureur est persuadé que Moussa était une nouvelle recrue en matière de vente de stupéfiants.

Le procureur ne croit pas Moussa, qui se défend très mal. Son histoire ne tient pas la route pour le magistrat. Le prévenu ne parvient pas à l’étayer pour la rendre plus crédible.

«Il a eu deux mois et demi pour réfléchir à une meilleure histoire et il veut nous faire croire cela?», s’étonne le représentant du parquet. Moussa a été arrêté par une patrouille de police le 22 février dernier, vers 20 h, dans la rue de Strasbourg à Luxembourg. Une boule de 0,6 gramme de cocaïne a été retrouvée dans son estomac. La police et le parquet sont persuadés que la drogue était destinée à être revendue. Moussa explique l’avoir achetée avec un ami pour leur usage personnel, à la barre de la 19e chambre correctionnelle, vendredi après-midi.

Une version peu crédible pour qui connaît les pratiques des dealers. «Pourquoi avoir avalé la boule à l’arrivée des policiers?», l’interroge le président de la 19e chambre correctionnelle. «J’ai eu peur des policiers», répond le jeune homme d’une voix à peine audible. «Pourquoi la conserviez-vous dans votre bouche et pas dans une poche?», continue le juge. «Ce sont les dealers qui transportent la drogue dans leur bouche pour pouvoir l’avaler rapidement et la faire disparaître.» Le jeune homme ne répond pas. «Pourquoi n’avoir rien dit à la police et au juge d’instruction?», poursuit le président. Moussa qui se liquéfie à la barre, assure avoir été choqué et ne pas avoir compris ce qui lui arrivait lors des interrogatoires.

Le jeune homme donne l’impression d’être totalement perdu. Questionné sur la raison de sa présence au Luxembourg ce jour-là, il indique être venu rendre visite à sa petite amie syrienne. Il a expliqué vivre et travailler en Italie (près de Bologne) et venir régulièrement en avion chez cette jeune femme. Sans être capable de donner plus de détails, ce qui fait d’autant plus douter les magistrats de sa bonne foi.

«Il venait certainement d’être recruté. Il n’aura pas fait long feu dans le quartier Gare», a avancé le représentant du parquet avant de préciser froidement à Moussa que la cocaïne «passe habituellement par le nez et pas par la bouche». Il a requis une peine de prison de douze mois assortie du sursis intégral pour, dit-il, «lui donner de meilleures idées de choses à faire en tant que touriste au mois de février au Luxembourg»,

L’avocate de Moussa a, quant à elle, plaidé en faveur d’une suspension du prononcé et demandé au tribunal de limiter la durée de la peine prononcée à la durée de sa détention préventive qui était de trois semaines. Moussa sera fixé sur son sort le 9 juin.

Éméchée et à contresens

«Je ne sais pas quelle votre consommation d’alcool habituelle, mais avec un tel taux d’alcoolémie, on ne tient plus debout», a constaté le représentant du ministère public vendredi matin avant de requérir une interdiction de conduite de 33 mois à l’encontre de Lana. Il n’a pas jugé justifié de lui accorder un sursis étant donné ce taux «extrêmement élevé». Le 24 mars 2022, elle avait pris le volant en sortant d’une discothèque de Luxembourg avec un taux de 3,27 grammes d’alcool par litre de sang et avait embouti une voiture en stationnement.

«C’était un jeudi matin, je me dirigeais vers ma voiture qui était stationnée dans la rue Sainte-Zithe. J’ai vu Madame manœuvrer sa voiture pour sortir de sa place de stationnement. Elle s’est engagée à contresens de la rue qui est à sens unique», se souvient le propriétaire de la voiture endommagée. La Lettone de 42 ans a continué de manœuvrer sa voiture jusqu’au choc, malgré les avertissements du jeune homme et d’autres témoins de la scène. «Elle avait l’air alcoolisé», juge-t-il, précisant qu’elle avait l’air perdue.

À la barre de la 7ᵉ chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg vendredi matin, Lana a expliqué avoir été en instance de divorce à l’époque de l’accident et a présenté ses excuses au jeune homme. Elle a demandé aux juges de lui faire bénéficier d’un sursis ou de lui rendre son permis de conduire pour les trajets professionnels et pour conduire ses deux enfants à l’école. Son avocate a évoqué «un moment de faiblesse» de la part de la jeune femme et rappelé son absence d’antécédents judiciaires. Le prononcé est fixé au 8 juin.