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Trafic de marijuana : «Un bénéfice de 1,36 million d’euros»


Depuis mardi, dix prévenus comparaissent devant le tribunal correctionnel pour trafic de drogue. (Photo : Fabienne Armborst)

Pour les enquêteurs, il n’y a pas de doute : avec son trafic de marijuana, Boban B. a réalisé un énorme profit entre 2012 et 2014. Voici leurs calculs.

C’est un vaste trafic de drogue (marijuana, cocaïne et amphétamines) que le parquet reproche à Boban B. (32 ans) qui comparaît depuis mardi avec neuf autres prévenus devant le tribunal correctionnel. Pendant de longs mois, les enquêteurs ont récolté leurs indices… Jeudi, au 3e jour du procès, ils ont décortiqué les déclarations des différents prévenus. D’après leurs calculs, 160 kg de marijuana auraient été importés et vendus.

L’achat d’un kilo de cannabis dans une plantation en Belgique coûte 4 000 euros. En général, Boban B. et Kevin K. le vendaient à leurs clients au Luxembourg pour 7 000 euros.» Pour les enquêteurs, il n’y a pas de doute que le trafic de drogue a été extrêmement lucratif aux prévenus : «Ils ont réalisé un énorme profit.»
De l’enquête, il ressort que de fin 2012 à l’été 2014 Boban B. et son «chauffeur» Kevin K. se sont régulièrement rendus en Belgique et aux Pays-Bas. Lors de son arrestation, Kevin K. avait indiqué avoir fait une vingtaine de voyages aux Pays-Bas… avant de relativiser ses déclarations et de ne parler plus que d’une douzaine de voyages. «On a constaté que Boban B. et Kevin K. avaient communiqué par courrier en prison», relève l’enquêteur.

Toujours selon les déclarations de Kevin K., il arrivait souvent que Boban B. prenne la route cinq minutes avant lui pour voir s’il n’y avait pas de contrôles des douanes. Avant le départ, Boban B. lui donnait une enveloppe qu’il remettait ensuite au dealer. «Cette enveloppe pouvait faire entre trois et quatre cm d’épaisseur», avait-il précisé. La dernière remise aurait eu lieu à l’été 2014. À l’époque, ils auraient escroqué le dealer en lui remettant une enveloppe pleine de bandes de papier. Ils auraient ainsi réussi à soustraire entre 10 et 16 kg de marijuana.
Bref, le groupe d’enquête estime qu’au cours de ces 18 mois Boban B. a importé et vendu près de 160 kg de marijuana. «En considérant le fait qu’il a revendu le kilo de drogue 7 000 euros, il aurait ainsi fait un bénéfice total de 1,36 million d’euros», récapitule l’enquêteur.

Il ajoute qu’entre 2012 et 2014 Boban B. connaissait les plantations de cannabis de Court-Saint-Étienne, de Trooz et de Tournai. Il connaissait également les noms des personnes qui leur livraient le cannabis. Parmi eux, Frank V., qui se trouve aussi sur le banc des prévenus. Pour l’enquêteur, c’est la preuve qu’on accordait une grande confiance à Boban B. Il soulève : «Dans ces milieux, la confiance, il faut la gagner. Dans un trafic de drogue avec des plantations de cannabis, on attache une attention particulière à la protection de ses investissements. On ne remet pas toutes ces informations facilement aux simples clients.»

«C’était un dealer notoire et connu»

Une fois importée de Belgique et des Pays-Bas et avant de la vendre aux clients, la marchandise était stockée. Sur ce point, Kevin K. et Boban B. ont gardé le silence, rapporte l’enquêteur. D’abord Kevin K. aurait parlé de Thionville, puis de Kanfen et d’Ottange. Le groupe d’enquête part du principe que la marijuana était en grande partie stockée à Zoufftgen et Ottange où Boban B. a habité un certain temps.

Plusieurs clients de Boban B. se trouvent aujourd’hui sur le banc des prévenus. À la barre, tous ont tenté de minimiser leur rôle. L’un deux a ainsi déclaré avoir bien reçu un jour 3 kg de marijuana et 70 g de cocaïne de sa part. Mais les drogues auraient juste été une garantie de la part de Boban B. Car ce dernier lui aurait acheté une voiture. Mais il lui manquait 8 000 euros. D’après le groupe d’enquête, il s’agit d’une «invention de toutes pièces» : «Cela voudrait dire que Boban B. lui aurait remis des stupéfiants d’une valeur de 21 000 euros…» L’enquêteur note, par ailleurs, que Boban B. avait décrit cet homme comme son plus grand client : «C’était un dealer notoire et connu.»

Les enquêteurs sont loin d’avoir terminé la présentation de leur rapport. Après le volet de la marijuana, ils s’attaqueront à celui de la cocaïne. Suite du procès mardi matin. À noter qu’jeudi matin seuls sept des dix prévenus étaient présents. Deux ont été déclarés malades par leur avocat, le troisième avait annoncé la veille vouloir suivre sa formation.

Fabienne Armborst