Des montagnes couvertes de neiges éternelles, des glaciers majestueux, des forêts de conifères à perte de vue, des lacs aux eaux turquoise, de folles cascades creusant leur chemin dans d’étroits canyons… Bienvenue dans l’Ouest canadien !
Calgary, dans la province de l’Alberta, est un excellent point de départ pour partir à la découverte des Rocheuses canadiennes. Sur le parking de l’aéroport, notre guide nous avertit en passant devant un pick-up : «Attention, le conducteur derrière, son volant ne vous voit pas…» Ce n’est que le début de notre aventure au Canada. Ici, tout est immense. Il n’y a pas que les imposants sommets qui impressionnent. Mais, très vite, on laisse «la capitale des cow-boys» et ses gratte-ciel dans le rétroviseur.
Après deux heures de route, nous voici arrivés à Banff. Sur les hauteurs de cette bourgade de la vallée de la rivière Bow, nous plantons notre tente. Créé en 1885, le plus ancien parc national canadien figure sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1995. Avec ses montagnes à perte de vue, lacs émeraude, sentiers qui se faufilent à travers les forêts de conifères… c’est la destination pour les amoureux de la nature.
Sacrées belles chutes Takakkaw
Ici, les itinéraires de randonnée ne manquent pas : lac Bourgeau perché à 2 160 m, le belvédère du mont Castle… ou le fameux lac Louise à 60 km au nord de la ville de Banff. En été, le lac Louise (1 750 m), une envoûtante étendue d’eau aux tons variant selon la lumière, est littéralement assailli de touristes. Il vaut donc mieux le visiter avant 8h. Avec au loin le glacier Victoria, c’est l’endroit idéal au lever du soleil. Pour prendre de la hauteur, nous empruntons le sentier montant vers le romantique lac Agnès (2 100 m) et la Big Beehive (grande ruche). En contrebas, le Château Lake Louise, le célèbre hôtel bâti à la fin du XIXe siècle, se fond en miniature dans le paysage.
Quelques kilomètres plus loin, c’est le lac Moraine (1 890 m) bordé d’un côté de falaises rocheuses et de l’autre d’une épaisse forêt qui offre un véritable paysage de carte postale. Un sentier serpentant à travers la forêt de conifères débouche sur une vue panoramique sur les sommets enneigés des Ten Peaks. Un sentier rocailleux permet d’atteindre le Sentinel Pass (2 611 m) d’où le regard plonge sur Paradise Valley.
Frontalier du parc national de Banff, le parc de Yoho se situe en Colombie-Britannique. Il abrite d’autres merveilles. Citons les spectaculaires chutes Takakkaw (254 m). Le torrent d’eau de fonte du glacier dévale la falaise qui domine la vallée du Yoho. Autre point de vue à ne pas manquer : le sublime lac de montagne Emerald Lake couleur… émeraude ! Et pourquoi ne pas se baigner dans cette coulisse paradisiaque…
Une route pittoresque de 230 km
Après un crochet dans le Kootenay, le parc le plus aride des Rocheuses, abritant le canyon Sinclair où deux murailles abruptes enserrent la route comme dans un étau, nous nous dirigeons vers le nord. Direction le parc de Jasper, le plus grand parc des Rocheuses (10 878 km²).
Nous empruntons la route des Glaciers, à hauteur du Lake Louise. La 93N qui serpente sur 232 km au cœur des parcs nationaux de Banff et Jasper est considérée comme l’une des routes les plus panoramiques du monde. À hauteur du col Bow, elle passe à 2 069 m d’altitude. Avec ces paysages de glaciers, chutes d’eau, lacs glaciaires, pics rocheux spectaculaires, forêts primitives… qu’on traverse, Jasper ne se situe qu’à une envolée.
Le lac Maligne – le plus grand lac naturel des Rocheuses canadiennes de 22 km de long entouré de montagnes de 3 000 m aux sommets enneigés – y constitue une excursion incontournable. En parcourant l’un des nombreux sentiers, vous aurez peut-être la chance d’apercevoir wapitis, cerfs-mulets, mouflons et orignaux, chèvres ou grizzlis.
Tempête de neige au sommet
Terminons notre périple par le toit des Rocheuses. Au cœur de cette chaîne se trouve l’immense champ de glace Columbia d’une superficie totale de 200 km² dépassant par endroits les 300 m d’épaisseur. D’ici s’écoulent des rivières qui se jettent dans trois océans différents (Atlantique, Pacifique et Arctique).
Le long de la route en arrivant sur le site des panneaux retracent le recul du glacier Athabasca depuis 1908. Environ de 5 m par année ! Pour admirer le glacier de plus loin rendez-vous au col de Wilcox (2 375 m). Un sentier nous fait grimper au-dessus de la limite forestière pour déboucher sur de vastes prairies aux panoramas époustouflants. Et pour couronner le tout, une tempête de neige se joint à nous. Quoi de plus merveilleux pour clôturer notre aventure canadienne…
Fabienne Armborst
Au pays des ours
Les Rocheuses servant d’habitat à l’ours noir et au grizzli, les possibilités d’une rencontre sont bien réelles. Rien que dans le parc national de Banff, on compte autour de 65 grizzlis.
De nombreux panneaux recommandent aux randonneurs de faire du bruit – chanter, parler fort ou taper des mains –, et de guetter les excréments frais ou les grosses mottes de terre retournées. Sur certains sentiers, on est même obligés de se déplacer en groupe serré de quatre personnes minimum. La loi prévoit des amendes jusqu’à 5 000 dollars.
Et au camping, ne laissez jamais votre nourriture et produits parfumés dans votre tente… sans quoi vous risquez d’attirer les animaux sauvages.