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[Tour de Luxembourg] Viens voir le champion du monde…


Cela fait 23 ans qu’aucun champion du monde n’a pris le départ du Tour de Luxembourg. Mathieu Van der Poel, qui remettra son titre en jeu fin septembre à Zurich, relève ce défi qui va plaire au public.

Un petit bond en arrière n’est pas inutile en pareille circonstance. Cela fait 23 ans qu’aucun champion du monde en titre n’a pris le départ du Tour de Luxembourg. Et force est de constater que le Letton Romans Vainsteins, qui s’était emparé à la surprise générale du maillot arc-en-ciel à Plouay en 2000, est vite retombé dans un relatif anonymat par la suite.

Sous son maillot arc-en-ciel siglé «Domo-Farm Frites», son équipe alors, il avait disputé sans éclat le Tour de Luxembourg 2001. Sans être désobligeant, Mathieu Van der Poel n’est pas Romans Vainsteins et il suffira sans doute de tendre l’oreille à son passage, tant au départ que sur le parcours de la course, pour s’en rendre compte. D’ailleurs, l’actuel champion du monde aura d’entrée une belle occasion de s’imposer à Luxembourg dans une arrivée aux petits oignons pour ses qualités…

Voilà le personnage dont le Tour de Luxembourg avait besoin. La présence du Néerlandais va se faire sentir, lui qui a d’abord été célèbre pour être le petit-fils de Raymond Poulidor, mais aussi, pour les passionnés, le fils d’Adrie, qui fut dans les années 80 un sacré coursier sur route, spécialiste lui aussi des classiques (il était devenu également sur le tard champion du monde de cyclo-cross).

Certes, a priori, Mathieu Van der Poel n’est pas au Luxembourg en cette fin de semaine pour remporter le Skoda Tour, mais plus sûrement pour passer la couche finale à sa préparation, alors qu’il va remettre en jeu son titre mondial le 29 septembre à Zurich.

Tête d’affiche incomparable

Apparu amaigri dimanche à Hasselt lors des championnats d’Europe après un stage en Espagne, Mathieu Van der Poel a semble-t-il bien préparé son affaire, quand bien même la nature du circuit de Zurich, très difficile et riche en dénivelé positif (4 470 mètres pour 273,9 km de course), fait du Slovène Tadej Pogacar, ultradominant dimanche encore lors du Grand Prix de Montréal, le favori numéro un. Et Marc Hirschi, ici présent pour défendre son bien, son principal outsider.

Mais Mathieu Van der Poel relève le défi avec l’enthousiasme et la détermination qu’on lui connaît. C’est ce qui fait son charme et son aura. Cela vaut même au Néerlandais l’admiration de l’intransigeant public belge, alors qu’il est un adversaire historique de Wout van Aert, très malchanceux ces derniers temps avec ses chutes et ses blessures à répétition.

Pour en revenir à Mathieu Van der Poel, tête d’affiche incomparable de cette édition, on devine qu’il cherchera à se tester sur l’une ou l’autre étape (comme vendredi à Diekirch?), comme il a pu le faire voici trois jours à Hasselt, où on l’a vu prendre plusieurs fois la course en main, d’ailleurs en compagnie du Luxembourgeois Arthur Kluckers, remarquable dans ces championnats d’Europe, mais aussi avec le Français Christophe Laporte, présent sur ce Skoda Tour, et l’ancien champion du monde danois Mads Pedersen (lequel vient carrément pour tenter de s’imposer, même s’il devra composer chez Lidl-Trek avec son compatriote et ancien vainqueur de l’épreuve Mattias Skjelmose…).

Avec cette présence au départ du leader d’Alpecin-Deceuninck, cette belle équipe montée par les frères Roodhooft, devenue aujourd’hui l’une des plus fortes du World Tour, le Skoda Tour de Luxembourg est quasiment assuré du succès populaire. De quoi faire penser à l’édition 2010, restée célèbre avec la participation de Lance Armstrong, lequel, confronté aux frères Schleck, avait attiré sur son seul nom la grande foule. Quatorze ans déjà…

Si la capacité d’attraction de Mathieu Van der Poel reste à confirmer sur le terrain – mais nous n’en doutons guère –, sa présence au Skoda Tour permet à Andy Schleck, le patron de la course, de valider le choix qui a été fait voici quelques années déjà de déplacer l’épreuve, il est vrai concurrencée début juin par de multiples autres compétitions par étapes.

L’ancien vainqueur du Tour espérait attirer des coureurs voulant préparer les Mondiaux. C’est chose faite, même s’il faut aussi remarquer qu’ils ne sont pas nombreux à faire ce choix. Mais un ou deux grands noms peuvent suffire, hein…

Hirschi, du feu dans les jambes

On finira par le côté sportif pur et dur. Il y a vraiment de quoi faire avec cette liste d’engagés. Et pas besoin d’aller beaucoup plus loin que le dossard numéro un. Vainqueur sortant, Marc Hirschi, le grimpeur-puncheur suisse, empile les succès depuis sa victoire fin juillet au Tour de République tchèque. Clasica San Sebastian et Bretagne Classic à Plouay, dans la catégorie World Tour, et Grand Prix Industria, Coppa Sabatini et Memorial Pantani ont été arrachés sans aucune discussion.

Et si, à Zurich, l’adversaire numéro un de Tadej Pogacar était son habituel coéquipier chez UAE? Eux dont les routes vont se séparer en 2025 (Marc Hirschi rejoindra Tudor, tout comme le Français Julian Alaphilippe).

Avec l’Espagnol Juan Ayuso, UAE possède un leader de rechange. Comme on ne vient plus au Tour de Luxembourg comme ce fut trop souvent le cas à une époque, c’est-à-dire pour faire acte de présence, la course s’annonce rude avec ce plateau. L’Espagnol Alex Aranburu (Movistar) marche désormais sur tous les terrains. L’équipe Bahrain possède un duo de choc avec l’Italien Damiano Caruso et Antonio Tiberi.

EF Education avance avec son ancien champion du monde portugais Rui Costa, mais aussi avec le Colombien Esteban Chaves et l’Irlandais Archie Ryan, puisque cette année l’impayable Ben Healy fait défaut… On a évoqué plus haut Lidl-Trek, mais des coureurs comme Wilco Kelderman (Visma), Andreas Kron (Lotto Dstny) peuvent faire l’affaire.

Du côté luxembourgeois, on a hâte de revoir Kevin Geniets, entouré par David Gaudu, Valentin Madouas et Rudy Molard, en grande forme à Québec. Et comment ne pas se réjouir de voir Bob Jungels, en l’absence de son équipe Red Bull-Bora-Hansgrohe, qu’il quitte cet hiver pour Ineos, à la tête de la sélection nationale avec un Mats Wenzel pétillant.

Quant à Arthur Kluckers, qui fit donc un bon bout de chemin aux derniers championnats d’Europe avec Mads Pedersen, Christophe Laporte et Mathieu Van der Poel (on y revient!), il retrouve son équipe Tudor, où Marco Brenner sera leader. Tout cela est bien alléchant !

Dimanche à Hasselt, à l’issue des championnats d’Europe qui avaient vu le succès au sprint du Belge Tim Merlier (devant le Néerlandais Olav Kooij), Mathieu Van der Poel qui avait tenté de fuir à plusieurs reprises, dont cette attaque en compagnie de Mads Pedersen, Christophe Laporte, Jonas Rutsch, Danny van Poppel et Arthur Kluckers, a débriefé sa course.

«Notre plan tactique était de rendre la course difficile et de nous assurer que nous avions toujours quelqu’un avec nous. Nous l’avons très bien fait, je pense. J’ai fait de mon mieux sur la route. Il y avait évidemment une chance, donc nous y avons cru. Mais honnêtement, je n’avais pas de super jambes. Il fallait que l’écart soit un peu plus grand pour rallier l’arrivée. Tout s’est retourné contre moi à cause du bloc italien, auquel nous nous attendions. Ils ont tout fait pour nous retenir», a-t-il expliqué au journal flamand Het Laatste Nieuws.

Il retenait le positif : «Ce rythme de compétition supplémentaire m’a fait du bien». Et évoquait ainsi sa présence sur le Skoda Tour : «Le Tour de Luxembourg  me fera également du bien. Ensuite, je reprendrai à plein régime en direction de Zurich…» Pour sa défense du titre mondial !

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