Le Russe Ilnur Zakarin, tête de cordée, a grimpé en tête mercredi le final de la 17e étape du Tour de France, jusqu’au site spectaculaire d’Emosson, en Suisse, où le Britannique Chris Froome a conforté son maillot jaune.
Le Colombien Nairo Quintana, distancé dans les derniers hectomètres, a lâché une trentaine de secondes sur Froome. Le Néerlandais Bauke Mollema, deuxième du classement, a lui cédé une quarantaine de secondes à Emosson, une route-impasse tout près du territoire français.
À 1960 mètres d’altitude, en balcon sur le massif du Mont-Blanc illuminé par le soleil, Zakarin a précédé le grimpeur colombien Jarlinson Pantano, vainqueur dimanche de l’étape du Grand Colombier, de 55 secondes et le Polonais Rafal Majka, porteur du maillot à pois, de près d’une minute et demie. Zakarin a signé la première victoire russe depuis le départ du Tour, dans un lourd contexte international en raison des accusations récentes qui mettent en cause la participation de son pays aux JO de Rio pour des faits de dopage.
Le « Belzébuth » du Tour
Cette première journée alpestre s’est avérée sans danger pour Froome, qui a grignoté du temps à tous ses rivaux à l’exception de l’Australien Richie Porte. Le porteur du maillot jaune s’est dégagé du groupe des prétendants au podium dans le dernier kilomètre pour rejoindre Porte, derrière lequel il a franchi la ligne, à près de huit minutes du vainqueur du jour. Zakarin, qui participe pour la première fois au Tour, s’est révélé au printemps 2015 par une victoire-surprise au Tour de Romandie, poursuivie par un succès dans une étape exigeante du Giro.
Cette année, le Russe a frôlé le pire dans le Giro, dont il était l’un des outsiders. A cause d’une grave chute dans la descente du col-frontière d’Agnel, sur le versant français, qui l’avait laissé allongé, presqu’inanimé, à plusieurs mètres de la route et tout près des pierres d’un torrent de montagne. Le Russe a été surnommé le « Belzébuth » du Tour par le quotidien Libération qui a fait dernièrement son portrait. Par la faute d’un contrôle positif aux stéroïdes datant de 2009 qui lui avait valu à l’époque une suspension de deux ans.
« Beaucoup d’échappées vont au bout dans ce Tour de France », remarquait Romain Bardet lors de la journée de repos en Suisse. Le constat s’est répété dans cette première des quatre journées alpestres, en faveur d’un groupe de 14 coureurs qui a abordé le final (2000 m de dénivelé pour les deux dernières ascensions) avec près de douze minutes d’avance sur le peloton principal.
Froome à couvert
Ce groupe, qui comprenait initialement le porteur du maillot vert, le Slovaque Peter Sagan, très actif jusque-là au profit de son coéquipier Majka, s’est seulement écrémé dans la Forclaz, un col de première catégorie bien revêtu mais pentu (13 km à 7,9 %). Au sommet, Pantano et Majka ont plongé dans la descente pour aborder l’ascension finale avec une vingtaine de secondes d’avance sur leurs compagnons. Zakarin a attendu les dix derniers kilomètres pour se lancer. Il a rejoint le duo de tête à 8,5 kilomètres et a porté l’estocade à 6500 mètres du sommet. Sans que Pantano puisse résister au-delà de quelques instants.
Dans le peloton, Froome est resté à couvert, bien protégé par ses coéquipiers de Sky, tout au long de la montée de la Forclaz. Si les hommes de Nairo Quintana (Movistar) et de l’Italien Fabio Aru (Astana) ont durci l’allure à plusieurs reprises, la principale victime de la Forclaz a eu pour nom Tejay Van Garderen, défaillant. Au classement général, Froome a porté son avance à 2 min 27 sec sur Mollema et à 2 min 53 sec sur le Britannique Adam Yates qui n’a cédé que 8 secondes au vainqueur sortant du Tour.
Le Quotidien / AFP