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[Tour de France] Le Top 10 s’éloigne pour Bob Jungels


Le champion luxembourgeois a laissé des forces dans l'étape "dynamite" de mercredi. Du coup, difficile de viser le Top 10 sur ce Tour de France 2018 (Photo : Luis Mangorinha).

Le champion national ne pourra vraisemblablement pas tenir le top 10, suite à l’étape terrible de mercredi, mais il n’a pas démérité pour autant, loin de là.

C’est le risque de ce genre d’étape pour un coureur qui se sait plus rouleur que grimpeur. Comme annoncé, l’étape de montagne la plus explosive du Tour a tenu ses promesses avec l’attaque de Nairo Quintana au pied du terrible col du Portet. On ne fera surtout aucune injure à Julian Alaphilippe, encore épatant hier avec son maillot à pois, mais le meilleur grimpeur du Tour, Quintana, a fait l’étalage de son allégresse tout au long des quinze kilomètres d’ascension. Une merveille du genre. Dans ces conditions, le peloton maillot jaune allait vite dégraisser. C’est ce qui s’est passé.
Lorsqu’il s’est réduit à une dizaine d’unités, Bob Jungels avait logiquement disparu de la circulation. Mais comme à son habitude, il s’accrochait et s’accrochait encore. Pas aux branches, non, mais à son propre rythme. «Généralement, dit-il souvent, je préfère suivre mon propre train que de suivre les à-coups et me mettre dans le rouge.»
Il appliqua donc cette méthode et vu le classement de l’étape (il a terminé dans la roue de Warren Barguil, à la 17e place, à 5’10 » de Nairo Quintana), il s’y est parfaitement employé une fois de plus. Sauf qu’hier les attaques ont redoublé, tandis qu’à l’avant, l’allure n’a fait qu’augmenter.

«J’ai fait mon rythme»
Bref, l’écart entre les grimpeurs et les autres s’est rapidement creusé. Au bout du compte, sa 17e place au sommet démontre que le dernier vainqueur de Liège-Bastogne-Liège a fait de son mieux. Par exemple, Jakob Fuglsang a été lâché deux kilomètres plus loin que le Luxembourgeois mais ne termine qu’une minute et dix secondes devant lui. Seul Ilnur Zakarin, lâché au pied du Portet, a terminé en boulet de canon. Que le Russe, un grimpeur certes élancé mais aussi fin qu’une ficelle, lui reprenne la douzième place du classement général répond là aussi à une forme de normalité.
Lors de la journée de repos, lundi, Bob Jungels présageait d’ailleurs ce genre de scénario. «À l’avenir, je vais devoir encore travailler en montagne et à mon acclimatation à la chaleur si je veux réussir de bons classements généraux», avait-il indiqué. Il avait suggéré qu’il lui faudrait des coureurs dédiés afin de s’épargner d’incessants efforts de placement au pied des cols. Puis il avait noté l’extraordinaire densité des leaders. «C’est un Tour de France très relevé, il n’y a qu’à voir le classement général», disait-il.
Cette vérité reste plus que jamais d’actualité. Bob Jungels n’a pas à rougir de sa treizième place, même s’il ne pourra vraisemblablement pas viser un top 10, ce qui était son objectif initial, «pour la forme», a-t-il rappelé lundi dans un clin d’œil.

Logiquement éreinté
Hier, logiquement éreinté par cette courte mais intense journée en montagne, il paraissait las. «Je ne crois pas que c’était l’étape la plus facile, j’ai bien tenu jusqu’au pied du Portet. J’ai fait mon rythme, j’ai tout donné, mon corps n’est pas à 100 %, mais j’ai tout donné. Comme chaque jour…», a-t-il expliqué au sommet d’un ton résigné mais avec sincérité.
Reste désormais à voir quel rôle il pourra tenir jusqu’à Paris. Désormais pointé à près d’un quart d’heure de Geraint Thomas au classement général, il pourrait, pourquoi pas, tenter s’il en a la force une échappée demain. Plus facile à dire qu’à faire.
Si les choses restent en l’état, il pourrait au mieux reprendre la douzième place à Ilnur Zakarin à l’issue du chrono d’Espelette, samedi, où il pourrait s’illustrer. Sans pression.

De notre envoyé spécial à Saint-Lary-Soulan, Denis Bastien