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TikTok, le réseau social adulé des ados qui inquiète les adultes


(illustration AFP)

Passe-temps ludique pour adolescentes ou défouloir à commentaires haineux, voire terrain de chasse pour prédateurs sexuels ? Le réseau social TikTok, fort de 500 millions de jeunes utilisateurs dans le monde, commence à inquiéter les adultes.

TikTok, ce sont principalement des vidéos de danse et de défis. Les utilisateurs s’abonnent aux comptes qui leur plaisent et commentent les vidéos postées. Un concept simple et efficace, le même que celui de l’application Musical.ly, présente majoritairement aux États-Unis depuis 2014 et rachetée par TikTok en 2017 pour plus d’un milliard de dollars. Grâce à cette fusion, le réseau social propriété du groupe chinois Bytedance est devenu l’application la plus téléchargée sur la plateforme d’Apple au premier trimestre 2018, selon une étude du cabinet cabinet Sensor Tower, passant même devant les mastodontes Facebook, Instagram et Snapchat.

En juin dernier, TikTok affichait 500 millions d’utilisateurs actifs selon la même source. La France n’échappe pas à ce succès planétaire. La formule fonctionne particulièrement chez les 11-14 ans, dont 38% déclarent avoir un compte sur TikTok, selon les chiffres de l’association Génération Numérique, qui analyse les pratiques des jeunes sur internet. Parmi ces pré-ados, les filles sont fortement majoritaires : 57,82% d’entre elles ont un compte TikTok contre seulement 15,48% des garçons. « TikTok fait la part belle à la danse et au chant, des choses encore assez féminines que les garçons n’osent pas toujours faire », analyse Cyril di Palma, président de Génération Numérique.

Les prédateurs rodent

Les plus grandes stars du réseau sont des adolescentes mineures. À 16 ans, Lisa et Lena Mantler, des jumelles allemandes qui gèrent un seul et même compte, sont suivies par plus de 32 millions de personnes dans le monde. Les vidéos d’une Américaine de 13 ans, Halia Beamer, attirent quant à elles 5,2 millions de personnes.

Imitant les stars qu’elles admirent et reproduisant les clips de musique, de toutes jeunes filles se mettent en scène dans des positions parfois suggestives, ce qui a conduit la police française à mettre en garde contre l’utilisation de la plateforme par des prédateurs sexuels. La police a ainsi publié en novembre un tweet invitant les parents à la prudence quant à l’utilisation de Tik Tok par leurs enfants et les « propositions sexuelles mal-intentionnées » dont ils peuvent être victimes.

William Soally, père d’une fille de 12 ans fan de danse, n’a pas attendu cette mise en garde de la police : « Dès que j’ai vu des youtubeurs alerter sur les dangers de l’application, j’en ai parlé à ma fille et on a décidé de supprimer l’application de son téléphone ». Le papa de 35 ans raconte « les pleurs » de sa fille collégienne et « la peur de la perte d’un statut social », louant « le dialogue qui lui a permis de rapidement comprendre qu’il y avait du danger ». « Je ne pars pas du principe qu’il faut interdire mais il faut surveiller, conseiller », estime-il, ajoutant que « la solution doit venir des parents qui doivent comprendre qu’internet ce n’est pas le monde des Bisounours ».

Les parents appelés à la vigilance

Pour Cyril di Palma, les parents sont encore « trop peu conscients des dangers » et « tombent des nues en découvrant que leurs chères têtes blondes puissent se mettre dans des postures qui ne sont pas de leur âge ». « Peu importe le réseau, lorsque vous avez des utilisateurs très jeunes, il va être fréquenté par les prédateurs », souligne François-Xavier Masson, patron de l’Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l’information et de la communication. « Donc nous sommes particulièrement vigilants et nous comptons sur les signalements des utilisateurs », précise-t-il.

Si son équipe reçoit encore peu de signalements spécifiques à TikTok en la matière, François-Xavier Masson a constaté que la plateforme était « surtout confronté(e) au harcèlement de masse, aux commentaires haineux ». « La majeure partie des utilisateurs malveillants sont eux-mêmes mineurs », constate aussi Cyril di Palma. De son côté, Bytedance assure faire le maximum pour protéger ses utilisateurs, avec « un robot de surveillance des contenus et une équipe de modérateurs qui ne cesse de grossir ». Les parents sont toutefois invités à la vigilance « en contrôlant le temps passé sur l’application et en appliquant une limite d’âge pour empêcher le téléchargement », commente l’entreprise.

LQ/AFP