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Thomas Iser, un autre regard sur l’Humanité


Thomas Iser s’est notamment rendu dans un camp de réfugiés près de Bethléem et a pu passer du temps avec des enfants. (©Instagram/universalhumanity)

Thomas Iser est un électron libre. Il se promène tant au Grand-Duché qu’aux quatre coins du monde afin de saisir la diversité dans toute sa richesse avec son projet « Universal Humanity ». Tout juste rentré de Tel Aviv, il nous a parlé de sa vision de l’Humanité, mais aussi de ses rencontres avec les enfants d’un camp de réfugiés.

Figure bien connue des skaters de la Pétrusse mais aussi des jeunes de notre pays qui le plébiscitent sur les réseaux sociaux, Thomas Iser s’inspire de son propre parcours pour mettre en valeur la richesse de chacun. Du sans-abri dans le quartier gare avec lequel il va nouer un véritable lien, au champion Andy Murray qui a récemment partagé sur ses propres réseaux sociaux sa photo-portrait, Thomas Iser ne triche pas. Son ouverture d’esprit est bien réelle. Sans a priori ni préjugés, il va au gré des rencontres mettre en lumière ceux qui n’y ont pratiquement jamais accès et ceux qui la côtoient davantage.

S’il est désormais un artiste reconnu, Thomas a lui aussi connu ses épreuves. Loin du schéma familial classique, il a surtout grandi sous le regard bienveillant de ses grands-parents maternels. L’art comme échappatoire et le sport comme exutoire, il est devenu cet homme équilibré et apte à appréhender l’humain dans sa diversité. Son parcours a sans aucun doute contribué à lui forger cette vision forte et revendiquée.

Son « Universal Humanity » (à retrouver sur Instagram) a justement pour objectif de photographier ses semblables aux quatre coins du monde, tel un portrait de l’Humanité. Riche de 7 400 clichés, son projet infini est d’ores et déjà un formidable témoin de notre époque. Quand d’autres veulent monter des populations les unes contre les autres, l’artiste veut à son échelle les rassembler. « Si l’humanité était suffisamment évoluée, nous pourrions vivre dans un monde sans frontières. Bien que cela soit utopique, j’y crois, tout en sachant que ce ne serait ni facile, ni sans quelques sacrifices. On ne prend jamais pleinement conscience d’une situation tant que l’on ne l’a pas vécue. Beaucoup de personnes n’auront bientôt pas d’autres choix que de se réveiller », estime Thomas, face aux nombreux défis – tel que le réchauffement climatique – auxquels tout le monde devra faire face.

Un « artiviste »

Le Brexit et les populistes aux portes de plusieurs démocraties l’inquiètent également. « Je suis profondément pour l’Europe. Certains attisent des braises pour diviser davantage les peuples. Il ne faut pas prendre cela à la légère », confie « l’artiviste ».

Les voyages le nourrissent et sont de nouvelles sources d’inspiration. Il revient tout juste du Moyen-Orient où il a posé devant le mur de séparation israélo-palestinien. « Ce mur symbolise parfaitement la division entre les cultures. C’était une étape-clef dans mon parcours. » Il s’est notamment rendu dans un camp de réfugiés près de Bethléem et a pu passer du temps avec des enfants. « Nous ne parlions pas la même langue mais l’art nous a rapprochés. Cela a créé du lien. Ils ont été intrigués, puis très vite ils accourraient de toutes parts pour faire la fameuse photo. »

Pour celles et ceux qui ne le savent pas encore, Thomas se peint dans le monde entier, telle une sculpture brisée où chaque partie représente la diversité de l’humanité, ce bien commun, unique et vivant, que nous construisons tous ensemble. L’art comme moyen, l’humanité comme credo, Thomas Iser lie les deux avec talent et une profonde authenticité.

Sans limites et sans barrières, il est finalement un instinctif et apporte sur notre monde un regard plus juste que celui imposé par quelques politiques. Sans leur prétention, son projet témoigne en cette période trouble de la véritable place de l’être humain. Une piqûre de rappel souvent nécessaire.

Nikolas Lenoir