Mardi, le tribunal correctionnel de Thionville jugera des militants de Greenpeace après leur intrusion à la centrale nucléaire de Cattenom.
Le 12 octobre 2017, au petit matin, huit militants de Greenpeace ont pénétré sur le site de la centrale nucléaire de Cattenom en franchissant au moins deux grillages pour s’approcher au plus près d’un bâtiment abritant une piscine de stockage de combustible et y tirer un feu d’artifice.
Objectif : démontrer la vulnérabilité de ces installations hautement sensibles. Il a fallu huit minutes aux gendarmes pour interpeller les intrus.
Les faits sont établis (ils ont même été filmés !) et personne ne les contestera devant le tribunal correctionnel de Thionville, cet après-midi.
Les militants encourent cinq ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende. Greenpeace est également poursuivie comme personne morale.
Parmi les prévenus, il y aura aussi Yannick Rousselet, chargé de campagne pour Greenpeace France, poursuivi pour complicité.
EDF réclame 700 000 €
La stratégie de défense de l’organisation ? Inviter EDF, partie civile dans ce dossier, sur le banc des prévenus. Dans un communiqué de presse diffusé lundi, l’organisation s’interroge « A quand le procès des centrales EDF ? » « Ce n’est pas en poursuivant nos militants ou en tentant de nous intimider en nous réclamant des sommes exorbitantes qu’EDF parviendra à rendre ses installations nucléaires moins dangereuses ! », clame Yannick Rousselet qui veut donc que cette audience se transforme en procès du nucléaire.
Selon Greenpeace, EDF lui réclame plus de 700 000 euros en réparation, dont 500 000 euros pour « atteinte à sa crédibilité ».
Pour EDF, c’est l’enjeu principal du procès. L’énergéticien espère des peines et des dommages et intérêts suffisamment lourds pour dissuader toute organisation de mettre au point une intrusion de même nature.
« Un jour, on tirera et vous aurez des morts sur la conscience », avait d’ailleurs lancé Thierry Rosso, le directeur de la centrale de Cattenom, aux responsables de Greenpeace lors de la dernière réunion de la commission locale d’information.
Lors de cette même réunion, des responsables politiques luxembourgeois avaient exigé des garanties sur la sécurité des piscines de stockage. « Secret défense », avait répondu les services de l’État. Reste à savoir si cette esquive fonctionnera devant le tribunal aujourd’hui.