Semaine noire, pour les usagers du TER du sillon lorrain la semaine dernière. Et la galère n’est pas finie. Suppressions de trains et compositions réduites sont encore au programme de cette semaine. Au-delà des impondérables, les clients n’acceptent pas la baisse générale du service. À tous les niveaux.
« Leurs horaires et composition d’été, c’est juste inadmissible. » Un ton résigné plutôt qu’emporté pour Robin abonné du Nancy – Luxembourg. « Moi, à la limite, je suis certain d’avoir une place assise. Mais ceux qui doivent monter à Thionville, c’est impossible. Jeudi dernier, il y avait autant de monde sur le quai que dans les rames. » La police avait été appelée au cas où ça dégénérerait. Des voyageurs ont rapporté des portes qui ne fermaient plus et donc des retards de train. D’autres ont fait le parallèle avec l’Inde, « bientôt, c’est sur le toit qu’on devra monter ». Pour n’importe quelle entreprise, ce serait une catastrophe industrielle. Côté SNCF, silence radio. Tout juste quelques tweets. Pas même d’excuses.
Certes, la semaine dernière, date du lancement du service d’été, la SNCF a joué d’impondérables. Une panne de TGV de reconnaissance d’abord. Du coup, des trains supprimés et des retards en pagaille. Puis, un accident de personne, drame humain assorti d’un trafic à l’arrêt. Et des pannes de matériel dues à la canicule – ce qui pose question et semble donner raison aux syndicats qui alertent sur la tenue du matériel –. « Ils suppriment des trains, en proposent d’autres en configurations simples et après, ils estiment que les clients de trois trains peuvent être compressés dans un seul ? Comment c’est possible ? Les trains supprimés sont vitaux pour les voyageurs. La semaine dernière, les conditions de transport étaient juste insupportables. En cas d’un accident, ce serait un carnage ! »
Réductions de composition et suppressions de trains
Cette semaine ne s’annonce pas mieux. On aurait voulu avoir la SNCF au téléphone, de vive voix. On se contentera d’un communiqué officiel. La communication, envers leurs clients comme la presse, ça n’est décidément pas leur fort. Le nombre de rames disponibles Metz-Luxembourg n’est toujours revenu à la normale. « Trois rames arrêtées pour dépannages complexes et une rame arrêtée à la suite de l’accident de vendredi à Pont-à-Mousson sur l’axe Metz-Luxembourg », liste la SNCF. Dépannage complexe, en langage diplomatique, ça doit vouloir dire dépannage de longue durée. Réductions de composition et suppressions de trains en prévision pour la semaine. Encore ! Les abonnés réactivent le covoiturage. Les annonces se multiplient sur Twitter.
Canicule ou pas, la climatisation ne semble pas vraiment au rendez-vous. Un détail anecdotique peut-être, mais les clients ont du mal à comprendre que la SNCF ait tant de mal à proposer un service au niveau. « Il y a des voitures où elle marche à fond, décrit Jules, habitué du Metz – Luxembourg, d’autres où on la sent à peine. Mais il n’est pas rare, cet été, d’avoir le nez collé à la fenêtre pour espérer avoir un peu d’air. L’hiver, il faut savoir que le système souffle froid. On est souvent frigorifié. Ça pourrait être drôle. C’est plutôt consternant. »
Alexandre est un usager régulier du Metz – Thionville. Bien sûr, il y a les suppressions de train et impondérables qui viennent perturber un trafic saturé et compliqué. Mais au quotidien, il constate également un service que se délite. « Mon abonnement, par exemple. Je l’achète en gare, sur borne bleue TER. Franchement, ces bornes datent du temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître. Donc tout est lent, compliqué… quand la machine accepte de prendre la carte bleue. J’étais aux Pays-Bas, il y a peu. J’ai mis moins de temps à acheter mon billet sur une borne dont je ne connaissais pas la langue. »
« J’ai honte »
« Un train sur deux en retard, surchargé », poursuit Alexandre. « Certains sont annulés, sans crier gare (un comble pour la SNCF…). Il est aussi possible d’être confronté à un changement de voie de dernière minute, à l’affichage d’un terminus qui n’est pas le bon. Si vous êtes étranger, ne comptez surtout pas sur un petit message en anglais ou en allemand. Parfois j’ai honte. »
Un direct inattendu
Côté affichage, le dernier exemple ubuesque date de ce lundi. 7h50 affiché en gare de Nancy, terminus Thionville. Depuis deux mois et quelques, les usagers doivent sortir à Thionville pour monter dans un autre train, sur le même quai, direction Luxembourg. « C’est pénible, mais pourquoi pas », convient Robin. Mais ce lundi, tout le monde sort et rien en face. « En fait, le train allait jusqu’à Luxembourg mais personne n’avait pensé à nous prévenir, encore moins à modifier l’affichage en gare. On ne sait plus s’il faut en rire ou en pleurer. » Alexandre va plus loin, pour lui, le summum de la dégénérescence du service public, c’est aussi : « Pas de poubelles dans les rames, pas de place, pas forcément de contrôle, pas de climatisation, pas assez d’emplacements réservés à l’intermodalité… Là encore, ça me fait honte ».
Laurence Schmitt/Le Républicain Lorrain
Le fait de parler « d’alègement d’été » est révélateur. Ces chagment d’horaires sont destines au personel de la SNCF et non aux usagers qui sont considérés comme du bétail, voir comme de la viande, car en hiver, on voyage en voiture frigorifique.
La notion de service public est morte et entérée.