Gilles Muller affronte ce mercredi soir au deuxième tour du tournoi canadien Novak Djokovic, le maître incontesté du circuit ATP, qui n’a connu la défaite qu’à trois reprises depuis l’entame de la saison.
C’est la troisième fois que les deux hommes se retrouvent face-à-face. Et le Serbe mène deux victoires à zéro contre le Schifflangeois.
COMMENT EST MULLER PHYSIQUEMENT ET MENTALEMENT?
«Il est un peu fatigué. Il faut dire qu’il a pas mal enchaîné», glisse Alexandre Lisiecki, le coach du joueur luxembourgeois. Arrivé aux États-Unis le 9 juillet dernier, le Schifflangeois a pas mal joué mais aussi beaucoup bougé passant de Newport à Washington, avant de rejoindre le Canada. «Mais sur le plan mental, il a bien digéré ces deux dernières semaines. J’en veux pour preuve le match piège qu’il a remporté lundi contre le Russe Dmitry Tursunov» continue le Français.
«Il a forcément eu du mal à avaler les défaites encourues face à Benoît Paire à Washington et Ivo Karlovic à Newport. Quand on s’engage complètement comme il le fait, la déception est forcément complète aussi. Surtout qu’il a été battu dans des circonstances plutôt particulières lors de ces deux parties. Il a quand même obtenu des balles de match dans la finale qui l’opposait au Croate et il y a eu quelques points particuliers contre le Français… Gilles a beaucoup travaillé pour digérer tout ça.»
Ces deux matches, pour le même prix, il aurait pu (dû?) les gagner. «Ces dernières semaines, tout le monde a un peu pris l’habitude que s’il y avait des moments serrés dans une rencontre, Gilles en sortait vainqueur», tempère Lisiecki. «Car c’est arrivé quelques fois, comme face à John Isner au Queen’s où il a sauvé dix balles de match avant de s’imposer. Mais ça n’arrive pas à chaque fois. Cela fait partie du jeu et il faut savoir l’accepter. Gilles a réagi de la meilleure des manières : en se disant que s’il avait perdu, c’était parce qu’il n’était pas encore assez bon. Et que donc, il devait encore beaucoup travailler.»
OÙ EN EST DJOKOVIC?
S’il n’a plus foulé les courts depuis le 2 juillet et sa défaite au troisième tour de Wimbledon face à l’Américain Sam Querrey, Novak Djokovic a débarqué au Canada avec beaucoup de fraîcheur mais sans ambition particulière. «Je n’attends rien de spécial. J’essaie juste de me préparer pour être le plus performant possible et faire de mon mieux», a-t-il glissé aux journalistes présents. Le Serbe a forcément en tête trois échéances fixées en août : les JO (le seul grand titre manquant à sa collection) mais aussi le Masters 1000 de Cincinnati (qui ne lui a jamais réussi) et l’US Open, le dernier Grand Chelem de la saison.
Il compte reprendre au Canada sa marche en avant. Celle qui l’a mené à remporter sur la dernière année 80 des 87 matches auxquels il a participé. En 2016, il n’a été battu qu’à trois reprises jusqu’à présent (si on excepte son abandon à Dubai contre Feliciano Lopez en début d’année) : face à Andy Murray à Rome mais aussi par le Tchèque Vesely à Monte-Carlo et Querrey donc à Wimbledon. Il est à noter que ces deux derniers revers l’ont été lors de son premier tournoi sur une nouvelle surface. Pourrait-il en être de même cette semaine à Toronto (et plus précisément ce soir face à Muller) pour son retour sur le «dur»?
QUE PEUT FAIRE «MULLES» FACE À «DJOKO»?
«Gagner!», a répondu le sourire aux lèvres Alex Lisiecki quand on lui a posé la question lundi soir. «Ce sera l’opposé de la rencontre disputée face à Tursunov où Gilles était favori et devait montrer qu’il avait digéré ses dernières défaites. Il fallait être vigilant et appliqué. Ici, il n’aura rien à perdre face au numéro 1 mondial.»
Par le passé, les deux hommes se sont affrontés à deux reprises pour autant de victoires serbes. Passons sur la défaite concédée en juin 2015 à Roland-Garros (6-1, 6-4, 6-4) sur une terre battue qui n’a jamais souri à «Mulles» pour se souvenir plutôt de leur confrontation (perdue 6-4, 7-5, 7-5) quelques mois plus tôt à l’Open d’Australie sur une surface dure proche de celle qu’on retrouve à Toronto. «Ce fut un match très serré. Djokovic avait d’ailleurs râlé, notamment par rapport à l’arbitre», explique Lisiecki. «C’était en Grand Chelem, en trois sets gagnants donc. Et c’est compliqué d’en remporter trois contre de tels joueurs. Mais cette fois, la mission sera différente puisqu’on joue au meilleur des trois manches à Toronto.»
Une des clés sera certainement la capacité de Muller à pouvoir conserver sa mise en jeu. Car s’il y arrive, avec la solidité qui est la sienne au service ces dernières semaines, tout est possible dans un tie-break.
Julien Carette