Ce lundi, l’Association du tennis professionnel (ATP) a dévoilé son calendrier 2026, sans le Moselle Open, qui vivra donc sa dernière édition cette année.
Ses jours sont désormais comptés. Samedi 8 novembre, quand la balle de match de la finale de l’édition 2025 sera jouée, que le public se lèvera une dernière fois pour saluer un ultime vainqueur, la lumière s’éteindra. Et le Moselle Open disparaîtra. Comme pressenti depuis plusieurs mois, l’Association du tennis professionnel (ATP), redevenue propriétaire de l’épreuve en début d’année 2024, a décidé de rayer l’épreuve de la liste des tournois professionnels pour son calendrier 2026. Sacrifiée sur l’autel des pétrodollars du Moyen-Orient, abattue par le fruit de mauvaises décisions de son actionnariat ? S’il sera temps, un jour, d’autopsier cette affaire qui ressemble quand même à un beau gâchis, une chose est d’ores et déjà certaine : le tennis français perdra un de ses monuments.
Arrivé en Moselle sur la pointe des pieds après l’explosion de l’usine AZF de Toulouse en 2001, le tournoi quitte ce territoire qui comptait tant sur lui par un croche-patte du destin. Prouvant qu’il n’est pas, finalement, insubmersible. Sauvé de justesse en 2016 d’un déménagement en Asie, son mât n’a cette fois pas résisté aux nombreux vents contraires venus le frapper depuis juin 2022 et le rachat d’une majorité de son actionnariat par le duo composé de Thierry Ascione et Jo-Wilfried Tsonga. Il laissera, derrière lui, une histoire vertigineuse.
Des personnages hors des normes, aussi, que ce soit le regretté Patrice Dominguez, l’anticonformiste Yvon Gérard ou son éternel directeur, Julien Boutter, rare homme à l’avoir vécu de l’intérieur de la première à la dernière minute de son existence. Sur le court, le Moselle Open aura indéniablement apporté son écot au tennis français, permettant à Jo-Wilfried Tsonga d’écrire sa légende, à Gilles Simon ou Gaël Monfils de briller fort devant leur public. Et à Ugo Humbert, deux ans finalement avant ce dernier souffle tant redouté, d’exaucer ce rêve fou de voir un Mosellan lever les bras sur le court central des Arènes de Metz.
De Djokovic à Safin
Fabrique à songes, le Moselle Open restera aussi comme le tournoi de toute une génération le temps de deux décennies d’existence. Car de ses après-midi après l’école dans les tribunes à son triomphe sur le central, Ugo Humbert a embarqué dans son sillage plein d’autres mômes. Des garçons déjà connus, comme Harold Mayot, qui avait un jour soufflé à son copain danois Holger Rune que « le plus beau court de tennis du monde était à Metz », ou encore Théo Papamalamis, révélation pleine de fraîcheur de l’édition 2024 pour qui il restera une occasion, en 2025, pour briller. D’autres plus anonymes bien sûr également, rêveurs devant un Novak Djokovic pas encore meilleur joueur de l’histoire ; électrisés par un Marat Safin au charisme débordant.
Enfin, outil de promotion pour les collectivités et place to be pour les entreprises locales en quête de réseaux, le Moselle Open aura su cultiver l’image d’un événement rassembleur, parfois plus politique que populaire mais toujours adoubé par ses fans. Impuissants, ce matin, face à l’implacable constat : il faudra, désormais, vivre sans.
Michael Perret (Le Républicain Lorrain)