Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Le Luxembourgeois est tombé mercredi face au n° 1 mondial, mais en livrant une très belle prestation au point de faire douter le Serbe qui s’est finalement imposé après 1 h 43 de lutte (7-5, 7-6 [3]), au 2e tour du tournoi de Toronto.
Mercredi, sur le coup de 13 h (heure canadienne), au moment d’entrer sur le court central, Novak Djokovic devait avoir cette petite statistique dans un coin de sa tête : sur les trois revers enregistrés depuis le début de l’année, deux l’ont été contre des gauchers (Lopez et Vesely).
Alors, forcément, le n° 1 mondial se faisait vigilent au moment d’affronter un Gilles Muller, réputé sur le circuit professionnel pour son service, mais aussi actuellement en pleine bourre comme le prouvent ses finales à s’Hertogenbosch et, plus récemment, à Newport, où il est passé tout près de son premier titre sur le circuit ATP. Mais Ivo Karlovic en avait décidé autrement.
Novak Djokovic effectuait son retour à la compétition, vingt-cinq jours après sa surprenante sortie de route au 3e tour de Wimbledon contre Sam Querrey (6-7 [6], 1-6, 6-3, 7-5[6]). «Cela faisait longtemps que ça ne m’était pas arrivé de figurer en deuxième semaine d’un Grand Chelem», déclarait le Serbe qui a profité de ces trois semaines écoulées pour «passer du temps avec ma famille et me ressourcer».
Mercredi, «Djoko» effectuait en quelque sorte un retour à la compétition. Attendu, il l’était. Surtout face à un «Mulles» capable, on le sait depuis longtemps, d’accrocher quelques cadors même s’il n’a jamais encore réussi à accrocher un membre du Big Four.
Un chassé-croisé qui agace Djokovic
C’est donc assez timidement que le Serbe entre dans la partie. Muller, lui, s’applique. Ses jeux de service sont impeccables et, dès qu’il parvient avec son service slicé à le déporter et s’ouvrir le court, Djokovic est en difficulté. Impérial, Muller ne concède pas la moindre balle de break lors de ses quatre premiers jeux de service. Malheureusement, la première permettra à son adversaire de faire le break. Les deux acteurs sont à égalité (5-5, 30-30). Muller déporte parfaitement le n° 1 mondial qui s’arrache et réussit une défense exceptionnelle et parvient ensuite à sauver un smash du Luxembourgeois avant d’inscrire le point sur un passing le long de la ligne (6-5)!
Considéré comme le meilleur relanceur du monde, le n° 1 mondial montre davantage d’assurance et s’en va glaner le premier set sur sa première occasion (7-5).
Rageant, terriblement rageant pour un Gilles Muller qui, jusque-là, ne peut pas se reprocher grand-chose tant il apparaît souverain sur son engagement et loin d’être dépassé, comme on aurait pu le craindre, lorsque l’échange dépasse trois coups de raquette. Et ce même s’il n’est jamais aussi bon que lorsqu’il peut rapidement monter et conclure à la volée.
Dans ces conditions, on se dit qu’il va être difficile pour Gilles Muller – battu lors de ses deux seules confrontations face au Serbe – de mettre en difficulté un Djokovic lancé. Et ce d’autant plus que «Nole» réussit un break blanc lui permettant de mener 2-1! Mais le Schifflangeois, actuel 37e mondial, a des ressources, et recolle immédiatement au score sur sa deuxième occasion (2-2).
Cette seconde manche va s’avérer être un véritable chassé-croisé puisque les deux joueurs perdront chacun à deux reprises leur jeu de service. Un «à toi à moi» n’étant pas du tout du goût d’un Novak Djokovic applaudissant son adversaire sur une magnifique demi-volée (3-3, 40-30) mais ne parvenant pas à cacher son agacement quelques instants plus tard après deux doubles fautes et une balle dans la bâche permettant à «Mulles» de recoller à 5-5 puis de mener 6-5 et de pousser le n° 1 mondial dans une manche décisive.
Habitué de ces joutes au couteau, Muller mène 3-1 et malmène un Djokovic qui va, les secondes suivantes, justifier son statut en alignant six points d’affilées lui permettant de se qualifier pour le 2e tour où il affrontera Radek Stepanek.
S’il quitte Toronto, Gilles Muller aura quant à lui montré de très belles choses face à un n° 1 mondial qu’il aura davantage malmené que lors de leurs précédentes confrontations, en 2015 à l’Open d’Australie (6-4, 7-5, 7-5) et à Roland-Garros (6-1,6-4, 6-4). La preuve qu’à 33 ans, le Luxembourgeois continue encore de progresser et peut nourrir encore de belles ambitions. Dès la semaine prochaine à Rio lors de l’épreuve olympique qui se déroulera sur une surface similaire à celle de Toronto? Espérons!
Charles Michel
