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Temps de travail : «L’objectif ultime est un accord» 


Le ministre Georges Mischo en discussion avec Nora Back, la présidente de l’OGBL, lors d’un piquet de protestation en décembre 2023 devant la Chambre.  (Photo : archives lq/alain rischard)

Le ministre Georges Mischo a fini par assurer, mercredi, aux députés qu’il compte «discuter» avec les syndicats pour «trouver» un accord sur l’organisation du temps de travail. Mais veut-il aussi négocier?

Le ministre du Travail, Georges Mischo, était convoqué par déi gréng en commission parlementaire pour présenter ses plans afin de renouer le dialogue avec les syndicats. OGBL et LCGB avaient décidé, dans la foulée de l’échec des «réunions sociales», début septembre, de se retirer du Comité permanent du travail et de l’emploi (CPTE), où siègent gouvernement, patronat et syndicats. Leur principal reproche : le gouvernement, qui refuserait toute «négociation» pour trouver des accords tripartites, aurait «enterré» le modèle social luxembourgeois. Les ministres compétents se contenteraient de «consulter» les partenaires sociaux avant de décider seuls.

«Nous comprenons la décision des syndicats, même si on la regrette. Ils ne comptent plus légitimer des décisions du gouvernement dans le cadre de pseudo-pourparlers. Il n’existe plus de volonté de négocier des compromis jusqu’au bout. Malgré tout, des discussions importantes s’annoncent», introduit la députée verte Djuna Bernard. «J’aurais aimé trouver un accord début septembre», répond Georges Mischo. «Il est vraiment dommage que le dialogue social soit interrompu. Le gouvernement a toutefois décidé de donner suite à la revendication de l’Union des syndicats de discuter en format bipartite», précise-t-il.

La première réunion est fixée à fin octobre avec pour objectif de «discuter» de 11 thèmes liés à la réforme de l’organisation du temps de travail. Syndicats et patronat seront reçus séparément. Le calendrier prévisionnel est de boucler les travaux en mars prochain. «J’espère que les réunions bilatérales permettront de reconstruire une relation de confiance et de revenir à la normale en 2026», met en perspective Georges Mischo.

Il ne faut peut-être pas le juger sur le vocabulaire employé, mais le ministre n’a employé qu’à une seule reprise le mot «négociation» devant les députés. Pour le reste, il s’est contenté d’évoquer des «pourparlers» et des «discussions». Avec quel objectif? Tout d’abord, Georges Mischo a tenu à rappeler qu’«il n’existe aucune obligation de trouver un accord» lors des tractations au CPTE. Il a dû se reprendre quelques minutes plus tard en précisant «ne jamais avoir dit ne pas vouloir trouver d’accord, mais uniquement mentionner qu’il n’existe pas d’obligation».

Mais Georges Mischo est-il vraiment disposé à dégager un compromis? Les députés de l’opposition Djuna Bernard (déi gréng), Sven Clement (Parti pirate), Marc Baum (déi Lénk) et Georges Engel (LSAP) ont insisté pour obtenir une réponse. «L’objectif ultime est de trouver un accord. On sait, si on engage des négociations, qu’il n’est jamais possible d’obtenir satisfaction à 100 %, surtout si les discussions sont menées à trois. Mais je souhaite vraiment ficeler un paquet avec lequel tout le monde puisse vivre», finira par déclarer le ministre du Travail.

Les salariés du commerce transformés en «zombies»?

Un «Halloween avant l’heure». C’est ainsi que l’Union des syndicats OGBL-LCGB considère le futur cadre légal sur le travail dominical et la prolongation des heures d’ouverture du commerce. Les amendements aux deux projets de loi déposés hier à la Chambre, à la suite des réunions en format tripartite, ne changent rien à la critique fondamentale du camp syndical.

Il est prévu d’étendre, à partir de janvier 2026, les heures d’ouverture jusqu’à 21 h, de prolonger le travail dominical de 4 à 8 heures, «sans garanties pour les salariés travaillant dans de petites entreprises», et de permettre d’ouvrir 24 h/24 et 7 j/7 les portes des «commerces de première nécessité» (alimentation, pharmacies, stations-essence).

Le fait que la plupart de ces adaptations du cadre légal doivent être réglées par une convention collective ne suffit pas à l’union syndicale. Elle estime que les salariés du commerce, «soumis à une pression permanente et privés de véritables temps de repos, (seront) réduits à l’état de zombies». Par conséquent est lancé un «appel à retrouver la raison».