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Télétravail : 34 jours pour les Français


Le télétravail est un gain de qualité de vie, mais pour Jean-Jacques Rommes, il n’est pas une solution aux problèmes qui se posent de nos jours. (photo AFP)

Les travailleurs frontaliers français auront droit, comme les Belges, à 34 jours de télétravail par an. Ceux qui ne peuvent pas en profiter observent toute cette discussion avec amertume.

Ce n’était plus qu’une question de temps. Lundi, la France et le Luxembourg ont enfin signé un avenant qui porte de 29 à 34 jours de télétravail le forfait prévu par la convention fiscale bilatérale. Les jours de travail effectués dans cette limite de 34 jours seront considérés et imposés comme s’ils avaient été effectués dans l’État de situation de l’employeur.

«Ces dispositions ont vocation à bénéficier essentiellement aux nombreux frontaliers qui se rendent quotidiennement au Luxembourg pour y travailler. Elles pourront s’appliquer à compter des revenus perçus en 2023, le temps de définir, avant la fin de l’année 2024, une solution pérenne», indique le communiqué du ministère des Finances.

Pour le travailleur frontalier qui peut en profiter, cela représente une amélioration de sa qualité de vie ne serait-ce qu’en évitant un temps parfois considérable de trajet. Pour tous les autres, ceux qui ne peuvent prétendre à exercer leur métier depuis leur domicile, toutes ces discussions leur laissent un goût amer.  C’est à peine s’ils perçoivent une différence dans le trafic routier ou ferroviaire. Les axes restent bondés.

Et la qualité de vie que représente le télétravail leur échappe. Lors d’une discussion avec un personnel d’entretien, la question de l’enfant malade qu’il faut garder à la maison s’est posée. «Quand tu peux exercer ton métier depuis chez toi devant un ordinateur, c’est plus simple dans ce genre de situation. Pour nous, c’est la galère, pas de crèche, pas d’école qui prend un enfant fiévreux, il faut se débrouiller pour la garde.»  

Une pétition a été introduite à la Chambre des députés qui demande une compensation pour tous les travailleurs considérés comme essentiels. Le pétitionnaire, Geoffrey Aubert, affirme «qu’environ 10 % des travailleurs sont considérés comme travailleurs essentiels (caissières, routiers, infirmières, etc.) et ne sont pas éligibles au télétravail. Comme cela dure depuis maintenant presque 3 ans, il serait temps de compenser le personnel ayant pris de risques et ayant assuré la continuité de la « normalité«  pour les autres», motive-t-il.

Il indique qu’il est dans «l’intérêt général de revaloriser le personnel essentiel rapidement afin d’éviter tous incidents/accidents en cas de surmenage, ou de bloquer tout le pays en cas de grève. Cela peut être fait en toute solidarité et sans énormes frais pour l’État», indique le pétitionnaire qui imagine très bien «une redistribution des tickets restaurant des télétravailleurs, des indemnités de déplacements, une compensation pour les risques pris en cas de crises, etc.» La pétition n’a recueilli que 106 signatures mais elle reste encore ouverte pendant 32 jours.

On est loin des 14 000 signatures qu’avait rassemblées la pétition qui réclamait deux jours de télétravail par semaine pour tous, y compris les frontaliers…  Récemment reçus par les députés en sous-commission «Télétravail», les représentants du Conseil économique et social (CES) avaient relevé qu’il existait des traitements différents pour les employés résidents et frontaliers et qu’il existait donc un risque pour la cohésion sociale.

40 000 allers-retours

Le président de la commission de travail du CES en charge de l’avis «Le télétravail au Luxembourg», Jean-Jacques Rommes, a également mentionné une partie d’inconvénients liés au télétravail tels que le risque d’isolement social des employés, l’affaiblissement de l’économie locale, les défis relatifs à la fiscalité ainsi que les questions juridiques concernant les frontaliers. «Le télétravail n’est pas une solution aux problèmes qui se posent de nos jours comme le trafic routier ou l’empreinte écologique», estime Jean-Jacques Rommes, devant les députés.

Dans son avis rendu en juillet 2020, le CES avait calculé qu’avec un jour de télétravail par semaine, les déplacements physiques diminueraient de 8,7 millions allers-retours sur l’année. «Cela correspondrait à quelque 40 000 allers-retours de moins par jour ouvrable avec des effets sensibles au niveau de la mobilité», écrivait le CES.

Le télétravail aurait aussi un impact économique pour la restauration et les commerces locaux. L’Horesca estime que la consommation journalière d’un salarié sur son lieu de travail correspond à environ 40 euros par jour, dont 25 euros pour la restauration, soit un manque à gagner de l’ordre de 350 millions d’euros par an.

Un commentaire

  1. Patrick Hurst

    …les plaintes de la restauration quant au télétravail… je ne comprends franchement pas cette attitude égoïste: À mon avis, ceci gonfle de manière artificielle le secteur de l’HoResCa luxembourgeois, à tel point que vous avez certains établissement qui peuvent se permettre de fermer le dimanche!