Les députés de tous bords cautionnent l’interdiction du portable décrétée dans l’école fondamentale et son usage plus restrictif dans les lycées. L’absence d’un concept global est cependant critiquée.
Djuna Bernard (déi gréng) parle d’un «stunt médiatique» du ministre de l’Éducation nationale, Claude Meisch. Lors de la rentrée scolaire de septembre, ce dernier a annoncé une interdiction du téléphone portable à l’école. «Nous sommes d’accord avec l’interdiction généralisée dans les écoles fondamentales et cautionnons aussi l’usage plus restrictif dans les lycées. Le ministre ne peut cependant pas repousser toute la responsabilité, pour leur mise en œuvre, aux différents établissements», juge la députée.
Le téléphone portable doit disparaître dans les écoles fondamentales après les vacances de Pâques, tandis que les lycées sont amenés à développer un concept jusqu’aux vacances de Pentecôte. Plus particulièrement dans l’enseignement secondaire, on redoute un «manque de cohérence», faute d’un règlement cadre et de lignes directrices à l’échelle nationale.
Les autres partis de l’opposition – LSAP, ADR, Parti pirate et déi Lénk – partagent cette critique. Une motion de déi gréng invitant le ministre à offrir aux lycées une base plus cohérente a cependant été rejetée par les partis de la majorité (CSV et DP). «Je suis d’avis que les règles seront mieux acceptées et respectées si tous les acteurs scolaires contribuent à l’établissement d’un cadre, qui tient compte des spécificités des différents établissements», se défend le ministre libéral de l’Éducation nationale.
Le seul principe arrêté est que les lycéens doivent se séparer de leurs téléphones portables pendant les cours. Pour le reste, il existe une marge de manœuvre, allant d’une interdiction généralisée, par exemple pour certaines classes d’âge (une «bonne approche» pour l’ADR), jusqu’à des bannissements ponctuels (heures, lieux, etc).
Djuna Bernard déplore également l’absence d’une stratégie sur l’utilisation des médias sociaux, comprenant un concept pédagogique pour développer des compétences numériques. «L’interdiction n’apprendra pas aux jeunes comment se comporter dans le monde numérique. Une approche d’ensemble est indispensable», acquiesce la députée socialiste Francine Closener.
«Une chance de protéger les enfants»
Claude Meisch a toutefois constaté, non sans satisfaction, que l’ensemble de la Chambre «partage le besoin d’apporter une réponse politique aux méfaits» que peut constituer l’utilisation excessive du téléphone portable et des réseaux sociaux.
«Il ne s’agit d’une nouvelle chance de mieux protéger les enfants», plaide en ce sens Ricardo Marques (CSV). Barbara Agostino (DP) se dit «persuadée que la mesure aura un impact positif sur le climat et la vie scolaire». «Cette interdiction aura aussi un impact positif sur les enfants plus défavorisés», ajoute David Wagner (déi Lénk), qui appelle aussi les enseignants à respecter les restrictions.
«Pour une fois, nous pouvons cautionner une interdiction. D’ailleurs, selon moi, aucun enfant de moins de 12 ans ne devrait avoir le droit de posséder un téléphone portable», affirme Fred Keup (ADR). «Il n’est pas à la politique de décider qui doit avoir ou pas un téléphone portable. Cette responsabilité incombe aux parents», contre Sven Clement (Parti pirate), qui évoque aussi les risques d’addictions qui existent.
Réseaux sociaux : le modèle
australien n’est pas envisagé
Le Luxembourg compte-t-il interdire l’utilisation des réseaux sociaux aux moins de 16 ans, à l’image de ce que l’Australie vient de décider? Mardi, la députée Liz Braz (LSAP) a interpellé à ce sujet le Premier ministre, également en charge des Médias. La question de l’élue portait plus précisément sur le concept d’une majorité numérique, en discussion à l’échelle de l’UE. «Le gouvernement n’a pas encore discuté ce sujet en détail. On est toutefois d’avis que la question doit être tranchée au niveau européen», répond Luc Frieden. Il annonce une contribution constructive au débat. «Je vois l’intérêt d’un consentement parental si des jeunes de moins 16 ans souhaitent ouvrir un compte sur les réseaux sociaux», concède le Premier ministre.