Une législation sur les téléconsultations médicales ne devrait pas tarder à voir le jour. Une annonce bienvenue pour la Patiente Vertriedung, qui rappelle que réglementer cette prestation est nécessaire, afin d’éviter des abus.
Depuis le 30 juin, les téléconsultations Covid-19 n’ont plus de base légale. Autrement dit, si un patient consulte un médecin à distance, il n’est plus remboursé par la Caisse nationale de santé (CNS). Instaurée pendant la pandémie de covid en 2020 pour limiter la propagation du virus, cette nouvelle façon de pratiquer la médecine – que l’on soit médecin généraliste, mais aussi spécialiste, sage-femme, dentiste… – avait connu un franc succès, avant que d’année en année le nombre de téléconsultations ne chute radicalement. De 13 % du total des consultations en 2020, elles ne représentent plus que 2 % en 2023, soit quelque 63 000 téléconsultations.
Toutefois, pour Michèle Wennmacher, chargée de direction de l’ASBL Patiente Vertriedung, la téléconsultation est entrée dans les mœurs. «Surtout pour les personnes qui souffrent d’une maladie chronique, qui sont plus faibles ou même des patients en oncologie», énumère-t-elle, avant d’ajouter : «Mais je dirais que pour chacun de nous, c’est pratique. Et comme il y a de moins en moins de médecins dans les villages, c’est sûrement le futur.»
Un logiciel pour réduire les abus
L’arrêt du remboursement des téléconsultations médicales ne devrait donc être que provisoire, le temps de faire évoluer cette pratique dans une législation pérenne. La ministre de la Santé, Martine Deprez, a en effet annoncé, le 25 juin, qu’un nouveau cadre plus solide, via un projet de loi, était en pourparlers. Pour la Patiente Vertriedung, ces discussions devraient être l’occasion de mieux réglementer et définir cette prestation.
«Toute la téléconsultation devrait passer par un logiciel contrôlé par la CNS, estime Georges Clees, chargé de communication au sein de l’association. Un logiciel dans lequel apparaîtrait clairement à quelle heure médecin et patient se sont connectés et déconnectés.»
L’ASBL rapporte en effet des abus : des patients lui ont signalé avoir dû s’acquitter du prix d’une téléconsultation – 60,10 euros précisément – pour un simple renouvellement d’ordonnance demandé par téléphone. Or ces deux actes sont répertoriés dans la nomenclature de la CNS par un code et donc un tarif différents. «Il faudrait un contrôle des deux côtés, poursuit Georges Clees, pour éviter d’avoir des situations où les patients sont mécontents et où la qualité de notre médecine se nivellerait vers le bas.»
«J’ajouterais, précise Michèle Wennmacher, qu’il serait très important que le médecin et le patient se connaissent depuis au moins six mois.» Une telle mesure éviterait, selon elle, des téléconsultations abusives de salariés pour obtenir un congé de maladie par exemple.
«Le covid a montré que ça fonctionne de faire les choses en ligne»
Et dans l’idéal, la consultation devrait avoir lieu systématiquement par caméra interposée. «Parce qu’on n’a pas besoin d’être dans la même pièce que le médecin si, par exemple, vous avez fait des analyses sanguines et devez définir les prochaines étapes à suivre», poursuit Georges Clees, qui rappelle : «Le covid a montré que ça fonctionne de faire les choses en ligne.»
Selon le site de la CNS, les travaux menés par le ministère devraient prendre fin dès la rentrée et «avant l’arrivée de l’hiver, une continuité dans l’accès aux soins pour tous les citoyens sera garantie». Ce sera alors un pas de plus franchi vers la télémédecine, dont l’accord de coalition 2023-2028 reconnaît «le potentiel en tant qu’élément du futur système de santé afin d’assurer aux patients des soins de meilleure qualité, plus efficaces et plus flexibles».
Éviter les abus, c’est une chose, réellement profiter des avancées de la digitalisation en est une autre. Prenez la plateforme Doctena… Certains y sont répertoriés mais ne permettent pas la prise de rendez-vous en ligne…
Et on ne parle encore même pas des nombreux compagnons de mesures (montres & autres objets connectés) qui permettent déjà aujourd’hui de suivre l’évolution du patient… Pas non plus du DSP: ce fameux dossier de soins partagé qui devait faciliter la transmission du dossier patient du généraliste vers le spécialiste / l’hôpital et vice-versa! Là, c’est carrément le couac politico-exécutif!