La ministre de l’Intérieur, Taina Bofferding, plaide en faveur d’un non-cumul des mandats politiques communal et national. Le prochain gouvernement est invité à «mettre des pistes concrètes sur la table».
En marge du vote, mercredi dernier, sur le quatrième chapitre de la révision de la Constitution, le rapporteur Charles Margue (déi gréng) n’avait pas caché une certaine déception qu’aucun accord n’ait pu être trouvé pour inscrire d’ores et déjà dans la nouvelle loi suprême la règle du non-cumul des mandats politiques. Faute de compromis entre les quatre grands partis (DP, LSAP, déi gréng, CSV), il restera toujours possible, lors de l’année superélectorale de 2023, de postuler à la fois pour un mandat communal et un mandat national.
La seule incompatibilité qui existe est qu’un membre du gouvernement ne peut pas siéger en même temps à la Chambre ou dans un conseil communal. Pour le reste, rien ne change et il y a fort à parier qu’au moment de l’assermentation du prochain parlement, à l’automne 2023, des députés-maires, députés-échevins et députés-conseillers (re)feront leur entrée au Marché-aux-herbes.
La ministre de l’Intérieur, Taina Bofferding (LSAP), estime que le statu quo ne peut plus perdurer. «Personnellement, je suis clairement en faveur du non-cumul des mandats. Cela s’impose même. Les élus actifs sur les plans communal et national touchent à leurs limites. La situation se corse encore s’ils continuent à travailler dans leur profession initiale», avance l’ancienne députée-conseillère d’Esch-sur-Alzette. Elle ajoute que «l’augmentation du congé politique qui vient d’être décidée peut aider dans une première phase, mais à plus long terme, nous avons besoin d’introduire un véritable statut pour les élus locaux».
«Il faut savoir assumer»
Taina Bofferding rappelle que le débat sur l’introduction du non-cumul a été lancé en 2019. Le Premier ministre, Xavier Bettel, avait alors appelé les partis politiques à se positionner. «Avec la pandémie, cette discussion n’a pas vraiment pu avancer. Je ne peux donc que fortement recommander au prochain gouvernement de mettre enfin des pistes concrètes sur la table», souligne la ministre. Elle ne cache pas sa volonté de décrocher un second mandat à l’Intérieur. Il faudra néanmoins attendre les législatives d’octobre 2023 pour être fixé sur la prochaine coalition gouvernementale.
En attendant, la membre du LSAP fait remarquer que «ceux qui sont en faveur du non-cumul des mandats ont souvent des visions différentes du modèle à appliquer. D’où le besoin de pouvoir discuter sur base d’une proposition concrète». Car, insiste encore une fois Taina Bofferding, «il faut que les élus locaux honorent la confiance que l’électeur leur a accordée. Il faut savoir assumer. Franchement, je ne sais pas comment un élu local qui siège dans des syndicats intercommunaux et des conseils d’administration et qui est en même temps député arrive à tenir la cadence.»
Également en charge de l’Égalité entre les femmes et les hommes, Taina Bofferding met aussi en avant l’importance de disposer à terme d’un vrai statut social pour les élus locaux. «Les questions liées à la sécurité sociale, aux pensions, au congé de maternité et au congé parental doivent être tranchées. Actuellement, il n’est en rien évident de lier vie privée et engagement politique. Un tel statut pourrait non seulement attirer plus de femmes, mais aussi plus de jeunes en politique», conclut la ministre socialiste.
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