Lors de la présentation du bilan d’activité parlementaire du LSAP ce vendredi 11 juillet, la cheffe de fraction Taina Bofferding n’a pas épargné le gouvernement et son Premier ministre qu’elle attend au tournant sur de nombreux dossiers.
Les sourires et les roses étaient de sortie vendredi midi au restaurant L’Hêtre beim musée, rue du Saint-Esprit à Luxembourg. Situé à deux pas de la Chambre des députés, l’établissement accueillait justement les députés du LSAP à l’occasion du traditionnel bilan parlementaire des partis luxembourgeois. Synonyme de fin de session parlementaire mais aussi du début des vacances, l’ambiance est légère mais le ton reste critique.
Au micro, la cheffe de fraction des socialistes, Taina Bofferding, ne passe pas par quatre chemins : «Le gouvernement provoque le chaos.» Sur tous les dossiers chauds, le chef du gouvernement, Luc Frieden, cristallise les critiques. Le Premier ministre est notamment décrié pour «sa stratégie descendante, du fait qu’il n’ait pas l’habitude d’intégrer les besoins ou les idées des autres». «C’est une personne qui dicte les choses et qui ne rassemble pas les gens autour de ses idées» poursuit la représentante du premier parti d’opposition, qui déplore également l’obstination de l’intéressé. «Malgré toutes les critiques, tous les reproches, il garde ses idées. Il n’écoute personne.»
Les pensions et Caritas comme symboles
Selon Taina Bofferding, le symbole de la politique Frieden se reflète dans les discussions autour de la réforme des pensions que son parti dénonce. Au lendemain de la réunion tripartite de mercredi entre le gouvernement, les syndicats et le patronat (qui s’est achevée vers 2 h du matin), la députée de gauche ne digère pas le trait d’humour du chef du CSV lors de la fête d’été de son parti (lire ci-dessous). «Il a dit que les syndicats n’ont pas l’habitude de travailler, c’est n’importe quoi de faire de telles déclarations. Cela montre qu’il n’a toujours pas compris qu’il faut du changement dans son leadership.»
Malgré le «signal fort» envoyé par les 25 000 participants à la manifestation nationale du 28 juin dernier et le retour des syndicats à la table des négociations, elle constate «que le dialogue social est pour lui un élément gênant». «Il garde l’idée que les gens doivent travailler plus longtemps alors que ce n’était pas un élément dans les consultations», fulmine-t-elle.
Concernant l’affaire Caritas, autre temps fort de la vie parlementaire ces derniers mois, Taina Bofferding dresse le même constat, les mêmes reproches. «On n’a pas compris ce qu’il s’est passé» dit-elle, encore choquée, au sujet de la motion déposée vendredi à la Chambre par la majorité gouvernementale. Celle-ci ne regroupe «que quelques recommandations» de la commission spéciale Caritas, dont la cheffe de file socialiste était la rapporteuse. «On a travaillé plusieurs mois sur le dossier et ils ont tout remis en question, ils ont tout ridiculisé.»
«Contrecarrer les stratégies»
Outre les pensions, le travail dans sa globalité a été et continuera d’être l’une des préoccupations principales des députés socialistes. Le LSAP souhaite notamment accélérer la transposition dans le droit national de la directive européenne sur le salaire social minimum, ainsi que lutter contre l’augmentation de la durée légale du travail dominical.
Les socialistes seront également très attentifs aux efforts du gouvernement concernant la lutte contre la pauvreté. D’autant plus que selon eux, l’attente du plan d’action global, annoncé en octobre 2024 par Luc Frieden, se fait longue. «Tous les chiffres sont alarmants et nous attendons encore le plan du gouvernement.» «On ne sait pas vraiment s’ils travaillent sur ce programme ou pas. Ils disent que c’est l’une de leurs priorités mais on ne le voit pas dans leurs actions», observe la native d’Esch-sur-Alzette.
L’interrogation plane aussi sur l’application, ou non, de la taxe de mobilisation sur les terrains vacants, et sur la réforme de l’impôt foncier que réclame le parti de Gauche. «Le gouvernement a dit qu’ils vont poursuivre les travaux mais finalement, nous n’avons pas encore eu de nouvelles.» Afin de mettre la pression et critiquer la politique de la coalition DP-CSV, le LSAP a d’ailleurs publié, le vendredi 4 juillet dernier, dix propositions afin de rendre le logement abordable.
Quel que soit le sujet, la cheffe de fraction promet que les onze députés socialistes vont entamer la prochaine session parlementaire sur les mêmes bases que la précédente, avec un total d’environ 520 interventions. «Nous allons continuer de proposer des alternatives et contrecarrer les stratégies du gouvernement. C’est à nous, avec les citoyens en désaccord avec le leadership du gouvernement, de faire changer les choses.»
