Organisé tous les deux ans, le MarionetteFestival s’invite à nouveau chez les habitants d’Esch-sur-Sûre qui ouvrent leurs garages pour y accueillir des dizaines de spectacles.
Entouré de forêts, le petit village de Tadler, une commune d’Esch-sur-Sûre, paraît bien tranquille. Mais en ce jeudi après-midi, les choses semblent différentes. Dans l’unique rue qui serpente entre les maisons, des gens transportent échelles, outils, lumières et tentures tandis que des transpalettes font des allers-retours. Armée d’un talkie-walkie qui ne paraît jamais se taire, Angélique D’Onghia coordonne tout ce petit monde. Dans trois jours, Tadler va accueillir la 10e édition du MarionetteFestival et il reste encore beaucoup de travail pour tout mettre en place.
Depuis 2001, ce festival de théâtre de marionnettes et d’objets anime les rues du village tous les deux ans. Si plusieurs organisateurs se sont succédé au fil des années, la manifestation est désormais gérée par l’ASBL Esch(t)Kultur. «Auparavant, elle se tenait sur trois communes et allait de l’une à l’autre selon les éditions, précise Angélique D’Onghia. En 2010, les organisateurs de l’époque ont trouvé que Tadler était le lieu le plus adapté.»
La rue Principale qui descend tout le long du village convient bien en effet au concept si particulier du MarionetteFestival. Ici, pas de salle de spectacle ou de théâtre, ce sont les habitants qui ouvrent leurs maisons pour accueillir artistes et public. Les portes grandes ouvertes, garages et granges se transforment peu à peu au rythme du va-et-vient des six techniciens du festival. Une fois les entrées de lumière recouvertes, la scène et les gradins installés ainsi que les lumières branchées, un petit théâtre de fortune apparaît. «Nous avons douze salles qui peuvent accueillir jusqu’à cent personnes.»

D’étranges personnages parsèment les rues du village.
Une proximité avec les habitants
Bien habitués à la manifestation, les habitants jouent le jeu sans souci et laissent les clés à l’équipe technique en toute confiance. «Sans eux, ça ne serait pas possible. C’est exceptionnel ce qu’ils font.» Ravis d’aider à faire vivre leur village le temps d’un week-end, beaucoup participent depuis longtemps. «Il y a une fille originaire de Tadler qui a connu le festival plus jeune et est revenue vivre ici. Pour elle, c’était une évidence de participer.»
Les échanges entre l’équipe et les riverains se font simplement. En cas de besoin, il suffit à Angélique de prendre son téléphone pour demander un service à l’un d’entre eux, comme mettre son jardin à disposition par exemple. «C’est important de les faire participer. Il y a une proximité qui se crée.»
Une relation directe bien utile pour celle qui s’occupe de la coordination et de la direction artistique. Si Angélique D’Onghia planche tout au long de l’année sur le MarionetteFestival, notamment la programmation, ses tâches s’accumulent à mesure que l’événement approche. Sur tous les fronts, elle se retrouve à gérer de nombreux détails et arpente la rue pour aider l’un ou l’autre.
Son talkie-walkie grésille une nouvelle fois : l’un des techniciens n’a pas la bonne clé pour entrer dans l’une des granges. Ne trouvant pas d’autre trousseau, elle se rend sur place et comprend vite le problème : «Ce n’est pas la bonne porte, c’est celle d’à côté!».

Quarante-quatre artistes, venus de toute l’Europe, sont attendus durant le week-end. Certains vont découvrir une toute nouvelle façon de jouer dans des lieux et des conditions atypiques auxquels ils vont devoir s’adapter. Dans l’une des granges par exemple, des hirondelles font des allers-retours pour nourrir leurs petits, hors de question évidemment de les déranger. Elles peuvent même faire partie de la mise en scène. «Lors de la dernière édition, on avait une histoire qui parlait d’hirondelles et le public pouvait les voir voler pendant la représentation.»
Le spectacle aura aussi lieu dans les rues avec de nombreuses animations en extérieur, créant un lien plus étroit entre spectateurs et artistes. La programmation est d’ailleurs pensée pour réunir le plus de monde possible. Certains spectacles sont accessibles dès un an et la plupart sont adaptés aux enfants, avec différents niveaux de lecture pour contenter aussi les parents. «Tous les spectacles à partir de 6 ans peuvent parler aux adultes.»
Les enfants au cœur de l’événement
Les enfants sont d’ailleurs partie prenante du festival puisqu’en plus d’une journée réservée aux scolaires mardi prochain, l’école et la maison relais de la commune ont fourni un peu de main-d’œuvre. Dans l’après-midi, des petites silhouettes habillées de gilets fluorescents ont parcouru les rues les bras chargés d’objets récupérés.
Avec l’aide d’une artiste, les enfants ont fabriqué des animaux et des personnages qu’ils vont disséminer dans le village. «On a construit un crocodile», expliquent Arthur et Binti, 6 ans. Une manière d’impliquer tout le monde pour transformer le petit village d’une centaine d’âmes en un immense théâtre à ciel ouvert accueillant près de 2 000 personnes en un seul week-end. «Grâce à la volonté de quelques habitants, on peut proposer quelque chose d’unique.»
MarionetteFestival, dimanche 8 et lundi 9 juin, rue Principale à Tadler. Infos et réservations sur www.marionettefestival.lu

Une dizaine d’habitants prêtent leur maison le temps du week-end.