Les dossiers concernant la Syrie, la situation des homosexuels en Tchétchénie ou encore les soupçons d’ingérence russe dans la présidentielle française, ont été abordés par le président français Emmanuel Macron et son homologue Vladimir Poutine, lundi au cours d’une conférence de presse commune au Château de Versailles.
Armes chimiques en Syrie : « Une ligne rouge très claire »
Emmanuel Macron a prévenu que l’utilisation d’armes chimiques en Syrie ferait l’objet d’une « riposte immédiate », tout en souhaitant un « partenariat » renforcé avec Moscou pour lutter contre le terrorisme dans ce pays. « Une ligne rouge très claire existe de notre côté, l’utilisation d’armes chimiques, par qui que ce soit », a prévenu le chef de l’État français. « Toute utilisation d’armes chimiques fera l’objet de représailles et d’une riposte immédiate, en tout cas de la part des Français ».
#Poutine à #Versailles : En #Syrie, « toute utilisation d’armes chimiques fera l’objet d’une riposte française », annonce @EmmanuelMacron pic.twitter.com/bgFdH9eF6c
— LCP (@LCP) 29 mai 2017
Macron a par ailleurs souhaité « renforcer » « le partenariat avec la Russie » en matière de lutte contre le terrorisme en Syrie. « Notre priorité absolue, c’est la lutte contre le terrorisme et l’éradication des groupements terroristes et en particulier de Daech ». « C’est le fil directeur de notre action en Syrie et ce sur quoi je veux, qu’au-delà du travail que nous menons dans le cadre de la coalition, nous puissions renforcer notre partenariat avec la Russie », a-t-il dit. Le nouveau président français s’est prononcé en faveur d’ « une transition démocratique » en Syrie, « mais en préservant un État syrien ». « Dans la région, les États faillis sont une menace pour nos démocraties et on l’a vu, à chaque fois, ils ont conduit à faire progresser les groupements terroristes », a-t-il souligné.
Homosexuels persécutés en Tchétchénie : Poutine promet la « vérité complète »
Vladimir Poutine a assuré lundi à Emmanuel Macron que « des mesures » pour faire la « vérité complète » sur les accusations de répression d’homosexuels en Tchétchénie avaient été prises, a rapporté le président français. « Le président Poutine m’a (…) indiqué avoir pris plusieurs initiatives sur le sujet des personnes LGBT en Tchétchénie, avec des mesures visant à faire la vérité complète sur les activités des autorités locales et régler les sujets les plus sensibles », a-t-il déclaré, promettant qu’il serait « constamment vigilant » sur la question. « J’ai très précisément indiqué au président Poutine les attentes de la France », a-t-il aussi assuré à la presse à l’issue de son tête-à-tête avec son homologue russe, ajoutant avoir « convenu » avec lui « d’avoir un suivi extrêmement régulier ensemble » sur la question. Le chef de l’État français a « rappelé » au président russe « l’importance de sujets qui touchent nos valeurs et nos opinions publiques », ainsi que « l’importance pour la France du respect de toutes les personnes, les minorités et sensibilités ».
#Poutine à Versailles : @EmmanuelMacron évoque le « respect de toutes les minorités » y compris les « personnes LGBT en Tchétchénie ». pic.twitter.com/dsFrtmrXVp
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Le Parlement européen a adopté une résolution mi-mai pour exhorter aux autorités tchétchènes de mettre fin à leur « campagne de persécution ». Plus de 50 000 personnes avaient signé mi-mai une pétition en ligne demandant à Emmanuel Macron d’ « agir rapidement en condamnant et en sanctionnant la Tchétchénie sévèrement ». Le président « a le devoir moral de protester et de faire entendre très puissamment la voix de la France. (…) On n’a pas le droit de laisser faire sans rien dire », affirmait ce texte. Une autre pétition en ligne, traduite en sept langues et adressée au président Poutine, exigeait « qu’une enquête soit menée afin que toute la lumière soit faite sur ces massacres et pour que leurs auteurs soient jugés ».
La France a par ailleurs accueilli le premier réfugié homosexuel tchétchène lundi, au moment même de la visite de Poutine.
Ukraine : les sanctions « aucunement » efficaces
Concernant le dossier ukrainien, les « sanctions » contre la Russie ne contribuent « aucunement » à régler la crise, a déclaré le président russe. « Vous avez demandé comment les sanctions contre la Russie pourront aider à régler la crise dans l’est de l’Ukraine ? Et voilà la réponse : aucunement ! », a-t-il lancé. Macron a de son côté indiqué qu’il y aurait « une discussion » au format Normandie (Russie, Allemagne, France et Ukraine) dans les « prochains jours ou semaines » pour éviter « une escalade » des tensions.
A #Versailles, #Poutine conditionne une solution à la crise en #Ukraine à la levée des sanctions économiques contre la #Russie pic.twitter.com/stekDP0rrp
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Présidentielle française : RT et Sputnik épinglés
Les médias russes Russia Today et Sputnik, financés par le Kremlin, « ont été des organes d’influence et de propagande » pendant la campagne présidentielle en France, a affirmé Emmanuel Macron, assumant l’exclusion de journalistes de ces deux médias. « Quand des organes de presse répandent des contre-vérités infamantes, ce ne sont plus des journalistes, ce sont des organes d’influence », a déclaré le président français, insistant : « Russia Today et Sputnik ont été des organes d’influence durant cette campagne qui, à plusieurs reprises, ont produit des contre-vérités. »
Pendant la campagne, l’équipe d’En Marche ! avait déjà accusé les deux organes de presse russes de faire « partie d’un dispositif destiné à nous atteindre », au profit des candidats favorables à un rapprochement avec Moscou, comme Marine Le Pen.
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Le Quotidien/AFP