Depuis 2016, l’association Luxembourg Tech School se rend dans les écoles pour initier les élèves aux nouvelles technologies. Avec l’objectif d’en faire un peu plus que de simples consommateurs.
Intelligence artificielle, réalité augmentée, blockchain… ces mots reviennent souvent dans la bouche de certains investisseurs mais aussi dans les colonnes de la presse. À la mode depuis quelques années, ces concepts sont pourtant loin d’être évidents pour tout le monde, y compris chez ceux qui les ressassent en espérant attirer des fonds ou un peu de bruit médiatique. Mais derrière ces expressions se cachent aussi de nombreuses applications et des possibilités énormes si l’on sait les maîtriser. Comme il n’est jamais trop tôt pour commencer, la Luxembourg Tech School ASBL (LTS) s’est emparée de ces sujets pour les amener dans les collèges et lycée luxembourgeois.
Fondée en 2016, elle a développé tout un programme d’apprentissage pour les élèves de 12 à 19 ans afin de leur permettre de découvrir un large panel d’outils. «Le but est de donner à tous les jeunes une possibilité d’apprendre et de créer avec les nouvelles technologies», explique Sara Kaiser, Education program specialist au sein de l’association. La formation se décline généralement en activités extrascolaires, organisées l’après-midi, même si elle peut parfois faire l’objet d’une option, voire s’intégrer au cursus. L’offre est complétée par de nombreux évènements et ateliers qui ponctuent l’année scolaire. Financés par l’État et des fondations philanthropiques, ces cours sont mis à la disposition des établissements gratuitement.
Disposant de modules adaptés aux différents âges, les coachs de la LTS se rendent dans les écoles, généralement sur demande de ces dernières, pour apporter leur expertise dans un domaine particulier. Mais l’apprentissage d’une nouvelle technologie n’est pas un but en soi, l’idée est avant tout de laisser place à la créativité des élèves. «De manière complémentaire à l’école traditionnelle, nous apportons l’opportunité de créer quelque chose.» Si les différents cours permettent de se familiariser avec les outils, très vite les adolescents doivent plancher, en petits groupes, sur leur propre projet à partir d’une thématique.
À la fin de chaque module, toutes les équipes présentent, en quelques minutes, leur réalisation devant un jury composé d’experts du domaine. Par exemple, lors de l’initiation au développement de jeu vidéo, les étudiants passent trois ou quatre semaines à se familiariser avec les outils de création avant de se lancer dans leur propre idée de jeu (éducatif, action, plateforme…). Ils ont alors trois à quatre mois pour le réaliser avant la grande présentation. «Le game design, tout le monde aime ça, c’est une belle entrée dans la technologie.»
Mais ce sujet est loin d’être le seul abordé par la LTS. Selon l’âge des participants, les coachs les initient à la programmation et aux bases du dialogue avec les machines, à l’utilisation d’intelligences artificielles notamment génératives, les technologies émergentes comme la réalité virtuelle ou augmentée ou encore la financial tech. «Nous avons aussi un module space resources avec l’utilisation de robots que les élèves peuvent, entre autres, tester au Lunar Lab de l’université», ajoute Sara Kaiser.
Face aux dérives que peuvent représenter certaines de ces outils, comme par exemple les problèmes de droits face à l’IA générative, la LTS essaye aussi d’apporter une dimension éthique et critique. «On leur donne une vision globale des choses et un sens des responsabilités.» L’objectif est de faire comprendre le fonctionnement de ces technologies afin de pouvoir aussi s’en protéger. Car si les jeunes semblent à première vue à l’aise avec toutes ces innovations, la réalité est plus nuancée. «Ils sont consommateurs, mais souvent ils ne comprennent pas vraiment les rouages», analyse Sara Kaiser. Au vu de leur importance grandissante dans la vie de tous les jours, une meilleure compréhension de leurs coulisses est primordiale même si la LTS tente toujours de garder une approche positive.
Un lien entre l’école et l’entreprise
Au-delà de cet apprentissage, l’association souhaite aussi amener le milieu professionnel à l’école. Durant les projets en groupe, chacun a son rôle à jouer et tout ce petit monde doit se coordonner pour travailler ensemble, comme dans une véritable entreprise. Les membres de l’ASBL qui les encadrent sont d’ailleurs tous issus du monde professionnel (informatique, art, management…) et peuvent user de leur expérience pour montrer toutes les perspectives du monde du travail. Les entreprises sont d’ailleurs régulièrement investies dans les projets et participent à leur présentation. «Cette année, nous avons lancé un partenariat avec Luxair. Avec des data fournies par l’entreprises, les élèves développent des projets utilisant l’intelligence artificielle.». Pareil avec la fintech où les élèves doivent imaginer à quoi ressemblera la banque de demain.
Ce côté très pratique offre une complémentarité à l’enseignement plus traditionnel que les élèves reçoivent en classe. Et la formule semble séduire les établissements puisque la LTS compte aujourd’hui huit écoles partenaires et plus de 200 étudiants sur l’année 2022-2023 contre seulement une trentaine six ans plus tôt. «Nous avons 15 groupes que nous voyons chacun une fois par semaine», précise Sara Kaiser. Parmi ces jeunes, tous ne se tourneront pas vers les nouvelles technologies par la suite mais certains peuvent se découvrir une vocation. Un premier pas dans le monde numérique qui pourra servir de tremplin à une future carrière.
Des cours ouverts à tous
Si la Luxembourg Tech School est présente dans les écoles, elle s’adresse aussi à d’autres publics plus spécifiques. Lancée en 2020 avec le support de la Croix-Rouge, et financée par André Losch Fondation (à hauteur d’un million d’euros sur la période 2020-2028), l’initiative «Creative coding for all» s’est notamment intéressée aux enfants réfugiés. Des cours d’informatique leur étaient ainsi proposés durant l’été afin de leur inculquer les bases du code. «Il faut s’adapter au niveau de chacun, mais la formation reste la même», assure Sara Kaiser. Le programme s’est ensuite ouvert aux enfants soufrant d’un trouble autistique. La formation passe notamment par la programmation de micro:bits, des nano-ordinateurs permettant d’apprendre à coder. Une fois encore, l’association cherche par ce biais à amener le numérique au plus grand nombre de personnes. «Tout le monde n’as pas un accès aussi facile à ces offres.»