Soler et SUDenergie ont inauguré vendredi le parc éolien Sudwand. Composé de deux éoliennes, il produit assez d’énergie pour alimenter entièrement 3 400 ménages par an.
Elle domine tout le Mettendallerbësch, la tête dans les nuages et parfois dans la brume. Depuis juillet 2023, une éolienne s’élève près de Pontpierre, une commune de Mondercange. Avec une deuxième, installée à Peppange, elle représente la première pierre de Sudwand, un parc éolien inauguré vendredi. Partenariat entre Soler et SUDenergie (voir encadré), ce projet est né en 2015, en collaboration avec Mondercange et Roeser. Les deux sites ont d’abord été choisis parmi les quatorze communes actionnaires de SUDenergie. «Après avoir pris en compte les premières restrictions, nous nous sommes arrêtés sur neuf emplacements», détaille Paul Zeimet, administrateur délégué de Soler. Mais de ces neuf projets, seuls deux ont pu être lancés concrètement. «Au Luxembourg, les règles sont assez strictes en matière environnementale ainsi que de pollutions sonore et visuelle.» Mais les autres projets ne sont pas enterrés pour autant. «Ce n’est que la phase une, précise Alain Fürpass, directeur général de SUDenergie. On espère que la deuxième, avec une éolienne à Dippach, pourra être lancée en début d’année prochaine.» Une troisième phase est également prévue, mais n’est pour le moment qu’à l’état de projet. Au total, Sudwand devrait ainsi compter cinq sites dans les années à venir.
Avec ses éoliennes solitaires, le projet tranche avec l’idée que l’on peut se faire d’un parc éolien et ses dizaines d’installations. La philosophie de Soler et de SUDenergie n’a jamais été de multiplier les chantiers, d’autant que les dernières avancées technologiques permettent de produire bien plus d’énergie avec moins d’éoliennes. Celle de Pontpierre par exemple est un modèle Enercon E-138 d’une hauteur de 160 mètres. «Elle produit la même énergie que dix-huit éoliennes d’ancienne génération», affirme Paul Zeimet. D’une puissance de 4,26 MW chacune, les deux éoliennes installées produisent une énergie estimée à 15,3 millions de kWh. En termes moins barbares, cela correspond à la consommation électrique annuelle d’environ 3 400 foyers, soit 13 600 personnes, ce qui permettrait d’économiser 9 960 tonnes de CO2. «Il faudrait un peu plus d’une centaine d’éoliennes de ce type pour que le Luxembourg atteigne ses objectifs.» Les prochaines devraient être encore plus puissantes, si bien qu’une cinquantaine devrait même suffire. Et le Grand-Duché en aura bien besoin s’il veut respecter les critères qu’il s’est fixés : le PNEC (Plan national intégré en matière d’énergie et de climat) prévoit que, d’ici 2030, 37 % de l’énergie produite soit issue du renouvelable. Un objectif encore lointain puisqu’en 2021, cette part n’était que de 11,7 %.
Produire plus et consommer moins
Pour accélérer cette transition, le gouvernement mise sur deux technologies : le photovoltaïque et l’éolien. Si la première est déjà plutôt développée au Grand-Duché – le pays occupe la quatrième place européenne –, la seconde s’impose plus timidement. Pour remédier à ça, la coalition au pouvoir ressort sa solution phare : la simplification. «Malgré l’importance de l’éolien pour notre pays, nous constatons que les procédures d’autorisation pour les turbines sont trop longues, admet le ministre de l’Énergie, Lex Delles. C’est pourquoi nous réfléchissons actuellement, avec toutes les parties concernées, aux moyens de raccourcir le délai.» Comme ce fut déjà le cas pour le logement, une réunion est prévue en novembre entre les différents acteurs, le Premier ministre Luc Frieden, Lex Delles et Serge Wilmes, le ministre de l’Environnement. «Nous avons une approche politique intégrée, annonce ce dernier. En augmentant la part des énergies renouvelables, on lutte également contre le réchauffement climatique et on diminue la production de CO2.» Mais accélérer les procédures ne sera pas suffisant, d’autres pistes doivent être envisagées pour répondre aux enjeux actuels. «Il faut aussi travailler sur l’efficience énergétique, reconnaît Serge Wilmes. Dans les années à venir, il faudra produire plus d’énergie renouvelable, mais il ne faut pas oublier aussi de consommer moins.»
Avec ses deux éoliennes, Sudwand se voit comme une brique de plus dans ce grand projet de transition énergétique. Soler, qui multiplie les chantiers depuis quelques années, ne compte d’ailleurs pas s’arrêter là. «Le gouvernement crée des ouvertures, se réjouit Paul Zeimet. On devrait bientôt pouvoir construire des éoliennes plus proches des autoroutes et des zones industrielles.» De futurs territoires à conquérir pour l’énergie verte.
Elle produit la même énergie que dix-huit éoliennes d’ancienne génération
En collaboration avec les communes
Les installations d’éoliennes peuvent parfois susciter de vives controverses, notamment auprès des riverains. Pour éviter tout problème, Sudwand a donc tout de suite été conçu en partenariat avec les communes. Le projet est une joint-venture entre Soler (une entreprise composée de la Société électrique de l’Our et d’Enovos) et de SUDenergie, anciennement SUDgaz, gérée par ses quatorze communes actionnaires. Déjà connue depuis de nombreuses années comme fournisseur de gaz, SUDenergie s’est lancée en 2023 dans la production d’électricité verte.
Dès la genèse du projet en 2015, les citoyens ont été impliqués et des réunions publiques d’informations ont vu le jour en 2018. Les restrictions nationales en termes de bruit et d’ombres portées ont également été scrupuleusement respectées. «Les gens ont rapidement fait preuve d’intérêt et le projet a été largement accepté», explique Paul Zeimet.