À la surprise générale, le Grand-Duc Henri a annoncé, lors de la fête nationale, qu’il allait faire de son héritier Guillaume son lieutenant représentant. Une manière de le préparer à sa succession qu’il a lui-même expérimentée il y a plus de 20 ans.
Il l’avait déjà évoqué quelques mois auparavant. À deux jours de sa visite officielle en Belgique, le Grand-Duc Henri s’était confié à la presse sur sa volonté de laisser, comme son père et sa grand-mère avant lui, le pouvoir à son fils. S’il n’avait alors révélé aucune date précise, le chef de l’Etat affirmait avoir un calendrier en tête. «Je connais la date de mon abdication… mais je ne vous le dirai pas ! Tout cela est planifié en consultation familiale», avait-il lancé aux journalistes. La Grande-Duchesse elle-même avait déjà préparé le terrain en affirmant, dans les colonnes de Gala, qu’elle est son mari abdiqueraient un jour en faveur de leur fils et de son épouse. «C’est très important, je crois, de passer le flambeau dans la joie, la sérénité et non dans la tristesse associée à la perte d’un parent.»
Lors de la cérémonie civile de la Philharmonie, le Grand-Duc, qui fêtera l’année prochaine ses 25 ans de règne, a fait un pas de plus vers cette future transition. À l’issue de son discours, il a annoncé qu’il ferait de Guillaume son lieutenant-représentant au mois d’octobre prochain. «C’est avec tout mon amour et toute ma confiance que je lui souhaite, du fond de mon cœur, bonne chance.» Une annonce qui, malgré les précédentes déclarations, en a surpris plus d’un puisqu’elle ne figurait pas dans le discours diffusé en amont à l’attention des médias.
Âgé de 69 ans, le Grand-Duc n’abdiquera pas pour autant, du moins pas tout de suite. L’article 58 de la Constitution du Luxembourg lui confère le droit de désigner l’un de ses héritiers directs comme lieutenant-représentant, délimitant lui-même les prérogatives de ce nouveau mandat. Il conservera ainsi le pouvoir, pour une période encore indéterminée, mais délèguera certaines de ses tâches à Guillaume. Après avoir prêté serment devant la Chambre des Députés, le nouveau représentant pourra agir, dans les limites prévues par ses fonctions, de la même manière que le chef de l’Etat.
Dans le cas d’une lieutenance le #Grand-Duc de #Luxembourg reste chef de l’État. Il se fait représenter dans certaines missions par le Grand-Duc héritier. La représentation peut être limitée dans le temps.Elle a duré 2 à 3 ans dans le passé, prélude à un changement au trône. pic.twitter.com/diMgJnlKzv
— Alex Bodry (@AlexBodry) June 23, 2024
Une tradition familiale
Ce nouveau statut permettra à la monarchie de préparer la succession du Grand-Duc en douceur. En confiant la lieutenance à son héritier, Henri perpétue d’ailleurs ce qui s’apparente de plus en plus à une tradition familiale. En avril 1961, sa grand-mère, la Grande-Duchesse Charlotte avait déjà nommé son fils Jean lieutenant-représentant. Une fonction qu’il avait gardée jusqu’au 12 novembre 1964, date du début de son règne. En mars 1998, ce fut au tour du Grand-Duc Jean d’organiser sa succession en faisant de son fils son représentant avant de lui laisser finalement le trône, le 7 octobre 2000.
Si la lieutenance doit obligatoirement être limitée dans le temps, il n’existe pas de durée spécifique. Les deux dernières ont duré deux à trois ans mais certaines se sont étalées sur près d’une trentaine d’années ! C’e fut le cas de la toute première assurée par le prince Henri des Pays-Bas pour le Roi Grand-Duc Guillaume II. Débutée le 5 février 1850, elle s’est achevée le 13 janvier 1879 par la mort du Prince.
Le Luxembourg a ensuite connu deux autres lieutenances avant celle mise en place par la Grande-Duchesse Charlotte. De 1902 à 1905, le prince Guillaume de Nassau a représenté son père, le grand-duc Adolphe, tandis que le Grand-Duc Guillaume IV, gravement malade, a confié la lieutenance à son épouse Marie-Anne, en mars 1908. Devenue veuve le 25 février 1912, elle a alors pris le titre de régente jusqu’à la majorité de sa fille aînée, Marie-Adélaïde, quelques mois plus tard.
Rien ne va se passer.
Osef de cette comedie.