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Succession de Juncker : trois prétendants et un non-candidat


Jean-Claude Juncker laissera sa place à la tête de l'exécutif européen en octobre. (photos AFP)

Trois prétendants sont en lice pour succéder à Jean-Claude Juncker à la présidence de la Commission, mais aucun ne rallie une majorité sur son nom et les chefs d’État et de gouvernement pourraient imposer un non-candidat.

L’Allemand Manfred Weber, le Néerlandais Frans Timmermans et la Danoise Margrethe Vestager sont les chefs de file des trois grands groupes du nouveau Parlement issu des élections et, à ce titre, ils peuvent briguer la présidence du nouvel exécutif bruxellois.

Mais l’élu devra être adoubé par la majorité des chefs d’État et de gouvernement membres du Conseil européen lors d’un sommet les 20-21 juin, et obtenir ensuite les voix de la majorité des députés européens (376) lors d’un vote prévu au cours de la deuxième session du Parlement à la mi-juillet.

Le favori de la droite

Manfred Weber, 46 ans, est le favori, car le Parti populaire européen (PPE, droite), resté la première force au Parlement à l’issue des Européennes, revendique la présidence de la Commission européenne.

Mais le président français Emmanuel Macron bloque sa désignation. Il considère que Manfred Weber n’a ni l’expérience ni l’autorité requises pour diriger l’exécutif bruxellois. Il lui reproche également sa conception des rapport entre les institutions de l’UE qui rendrait la Commission dépendante du Parlement européen, « ce qui est contraire au Traité et malsain pour la construction européenne », explique-t-on à Paris.

Originaire de Bavière, ingénieur de formation et membre de la CSU, Manfred Weber est à la tête du groupe parlementaire du PPE depuis 2014. Mais il n’est pas membre du club des anciens dirigeants européens. Pire, il n’a jamais occupé de poste ministériel et il est quasi-inconnu en Europe. Une dizaine de dirigeants européens partageraient les objections du président français, selon une source française.

L’espoir de la gauche

Candidat de la famille socialiste européenne, le Néerlandais Frans Timmermans, 58 ans, pourrait contrer les ambitions de Manfred Weber, mais il lui faudrait trouver le soutien d’une coalition constituée sans la droite.

Ancien ministre des Affaires étrangères, il est premier vice-président de la Commission européenne depuis 2014. Dans cette fonction, il est responsable des procédures de sanctions engagées contre la Pologne et la Hongrie pour les violation de l’État de droit, ce qui lui vaut de sérieuses inimitiés dans certains États membres. « L’Italie et les pays d’Europe de l’Est le rejettent. Il est en tête sur leur liste noire », a expliqué le représentant d’un État membre.

La dame de fer des libéraux

Membre de l’Alliance des libéraux – devenue « Renew Europe » (Renaissance Europe) depuis les élections européennes -, la Danoise Margrethe Vestager, 51 ans, est la troisième prétendante. « Nous pouvons avoir une femme à la tête de la commission », a-t-elle lancé durant la soirée électorale.

Commissaire européenne chargée de la Concurrence, elle s’est fait une réputation de dame de fer à ce poste. Le président américain Donald Trump l’a surnommée la « Tax lady de l’UE ». Mais sa candidature fait de l’ombre aux ambitions du Premier ministre belge Charles Michel, qui se verrait bien devenir président du Conseil, et à son compatriote Guy Verhofstadt, chef du groupe des libéraux, qui brigue la présidence du Parlement.

Le recours

Pour sortir de l’impasse, les dirigeants européens pourraient choisir un non-candidat. Le Français Michel Barnier, 68 ans, rêve de jouer ce rôle. Il n’est pas entré dans la course pour ne pas interférer avec son mandat de négociateur du Brexit.

Membre du PPE, deux fois commissaire européen, ancien chef de la diplomatie et plusieurs fois ministre en France, il a obtenu une place au Conseil des chefs d’État et de gouvernement dont il est l’interlocuteur pour la sortie du Royaume-Uni de l’UE. Mais « si la France bloque la candidature de Manfred Weber, Angela Merkel ne pourra jamais accepter la désignation d’un Français à la présidence de la Commission européenne », ont averti les responsables du PPE.

Les noms de la Française Christine Lagarde, présidente du FMI, et de la Bulgare Kristalina Georgieva, en fin de mandat à la Banque Mondiale, sont également avancés, mais sans convaincre.

LQ/AFP