Le récent rapport de l’Observatoire national de l’enfance, de la jeunesse et de la qualité scolaire aborde le mal-être qui touche les élèves ainsi que les professeurs et propose des solutions.
Les élèves et les enseignants sont-ils heureux à l’école? Voici une question sur laquelle l’Observatoire national de l’enfance, de la jeunesse et de la qualité scolaire a travaillé en y consacrant un large rapport publié jeudi. Intitulé «Le bien-être en milieu scolaire», il consacre près de 130 pages à de nombreux thèmes touchant à l’école et ses acteurs, élèves comme enseignants. Pour l’Observatoire, le bien-être scolaire est une question cruciale et ce rapport «est innovant pour plusieurs raisons», selon son auteure Somia Salah.
Cette dernière cite l’approche croisée (élèves et enseignants), l’échantillon représentatif et une méthodologie rigoureuse. Au total, 25 279 élèves et 3 036 enseignants de l’enseignement fondamental, secondaire et spécialisé ont répondu à de multiples questions en juin 2021, avec une évaluation rapportée par les parents pour les 4 à 8 ans et les enfants à besoins spécifiques. Bien que l’étude ait été menée dans un contexte particulier, en pleine pandémie, le rapport regorge d’indications sur le bien-être scolaire.
Moins heureux au fil de l’âge
À la question «Êtes-vous heureux?», la réponse est de moins en moins positive à mesure que les élèves avancent en âge. Pour les cycles 1-2, 94 % seraient «très ou assez heureux», puis ils sont 75 % dans les cycles 3-4 et 67 % dans le secondaire. Parmi les lycéens, 8 % affirment même ne pas être heureux du tout. Soit une moyenne d’environ 71 %, tous âges confondus.
On peut trouver une explication à cette morosité dans des réponses à des questions plus poussées. Hormis les cycles 1-2, les élèves luxembourgeois sont nombreux à se sentir fatigués à peu près chaque jour ou plusieurs fois par semaine. Ils sont 48 % à l’affirmer dans les cycles 3-4 et 47 % dans le secondaire. Cela va également de pair avec une mauvaise humeur et de l’agacement plusieurs fois par semaine, respectivement 35 % et 31 %. Près d’un quart des lycéens (22 %) se dit même triste plusieurs fois par semaine.
Le stress provoqué par le travail est aussi un élément affectant le bien-être, notamment dans le secondaire, où plus de la moitié des sondés se déclarent un peu ou moyennement stressés.
75 % des enseignants fatigués
Même si leurs préoccupations diffèrent, la situation des enseignants n’est pas si éloignée de celle des élèves : environ les trois quarts de l’échantillon soulignent un état de fatigue et la moitié se dit nerveuse. Alors que près de 90 % d’entre eux donnent une note supérieure à 5/10 à leur vie, leur bien-être scolaire est attaqué sur certains points. En tête de liste se trouvent la surcharge de travail dans un temps imparti et le travail administratif.
Professionnellement, ils sont 52 % dans le fondamental et 46 % dans le secondaire à se dire satisfaits. Leur bien-être n’est donc pas optimal, ce qui peut affecter l’environnement d’apprentissage des élèves. Le rapport, qui démontre également que «les élèves qui perçoivent un soutien émotionnel fort de la part de leurs enseignants se sentent globalement mieux», souligne l’importance d’appréhender la question sur un plan global et multidimensionnel, au-delà des cases élèves et enseignants.
En comparaison avec des études similaires à l’étranger, «le Luxembourg ne se situe ni parmi les meilleurs ni parmi les plus en difficulté», note Somia Salah. «Les tendances observées – stress scolaire accru, importance du climat relationnel, impact de la pandémie – sont similaires.» Malgré tout, l’auteure tient à rappeler que des comparaisons «ne suffisent pas à elles seules pour juger», chaque pays ayant son propre système éducatif.
«Orienter» l’action politique
L’exhaustivité de l’étude, qui comporte bien d’autres thèmes (apprentissage, autonomie, motivation), est motivée par l’ambition de changer le système luxembourgeois portée par l’Observatoire national de l’enfance, de la jeunesse et de la qualité scolaire. Le rapport permet de «fournir aux décideurs politiques et aux parties prenantes du secteur de l’éducation des informations précieuses pour orienter leurs actions».
Parmi les recommandations, le rapport conclut qu’il faudrait adapter les pratiques éducatives afin de promouvoir le bien-être, par le biais de la formation des enseignants en compétences relationnelles et émotionnelles et grâce à des projets de gestion du stress, par exemple. La mise en place d’un baromètre du bien-être est également vivement recommandée afin d’agir de manière proactive pour améliorer la satisfaction des élèves et des enseignants. Depuis juin dernier, une nouvelle enquête sur le climat relationnel est d’ailleurs en cours afin d’affiner d’éventuelles mesures.
Le rapport complet est disponible sur le site www.oejqs.lu.