Comment le restaurant social de la Stëmm vun der Strooss s’organise face à la canicule pour venir en aide aux plus démunis ? Le Quotidien s’est rendu sur place, à Esch-sur-Alzette.
Depuis le début de la semaine, le Grand-Duché fait face à une vague de chaleur intense. Mardi, dans la matinée, le gouvernement organisait une réunion de crise, tandis que MeteoLux déclenchait l’alerte rouge dans la journée. Les températures atteindront leur pic aujourd’hui, affichant 38 °C.
Dans ce contexte, des personnes demeurent plus à risques que d’autres, c’est le cas notamment des personnes sans domicile fixe. En cas d’épisodes caniculaires, l’ASBL Stëmm vun der Strooss est au premier rang dans l’aide aux plus démunis. Chaque année, l’association distribue des repas, dispose de douches publiques et d’hébergements. Elle offre également des consultations médicales ou encore des dons de vêtements.
À Esch-sur-Alzette, l’ASBL possède un restaurant social rue du Canal et un centre dans la Grand-Rue. Au point de restauration, les personnes défavorisées peuvent venir prendre un repas équilibré à un prix très bas (0,50 euro). Il s’agit du deuxième plus gros centre de la Stëmm vun der Strooss, accueillant pas moins de 220 personnes par jour.
«De l’eau, des salades et des fruits»
Mardi, en dépit d’une chaleur écrasante, le restaurant assurait le service. Dès l’entrée, le personnel distribuait deux à trois bouteilles d’eau par personne, avec un kit comprenant des produits d’hygiène. À ce rythme, ce n’est pas moins de 1 800 bouteilles qui sont utilisées dans la journée.
Bien que l’air soit étouffant, le personnel s’affairait à distribuer les repas et assurer le service. Mustapha Haddar, le responsable du restaurant, nous accueillait avec le sourire. «Le plan canicule est activé, même pour les repas qui se composent de salades, de pâtes, de fruits de saison en dessert, des cuissons simples et rapides à faire comme des steaks hachés», expliquait-il.
Malheureusement, la préparation des repas ne se fait pas dans ce bâtiment, mais dans leurs cuisines situées quelques rues plus loin. Cela compliquait l’organisation, mais Mustapha tenait à rassurer : «C’est provisoire. Des travaux sont en cours juste à côté de notre local, pour ouvrir un restaurant social plus grand et avec une cuisine».
D’habitude, l’association propose d’autres services dans le second lieu situé dans la Grand-Rue, tels que des coiffeurs, une buanderie ou des douches. À cause d’un bâtiment mal isolé, et avec la canicule, les services sont réduits au strict minimum, les personnes peuvent uniquement venir se laver.
En plus des clients, le personnel aussi est affecté par les fortes chaleurs. Ces personnes en réinsertion professionnelle, identifiables à leur t-shirt orange, voient ainsi leurs heures de travail allégées. Au total, ce sont environ 250 personnes qui sont employées dans les différents ateliers de l’association. Les équipes peuvent également être réduites avec l’alerte rouge.
Accueillis à bras ouverts
Mardi, de nombreuses personnes ont fait le déplacement dans le restaurant social. C’était le cas de Dominique, 70 ans, qui vient tous les jours prendre un repas. «Aujourd’hui, j’ai laissé le ventilo tourner toute la journée. Il fait si chaud que je ne suis même pas allé chez le coiffeur. Je viens ici car les gens sont gentils, ils nous servent des salades et des fruits», racontait-elle calmement avant de repartir rejoindre son chat laissé à l’appartement.
Assis en bout de table, Jorge, 58 ans, terminait son dessert. « D’habitude je fais du vélo pour venir jusqu’ici, car j’habite à Differdange. Avec cette chaleur, je dois partir plus tôt et faire attention», précisait le retraité. À ses côtés, Robert*, casquette sur la tête, venait d’achever son repas. «Avec cette chaleur, on cherche l’ombre et ici on nous accueille gentiment. Pas comme ce matin, où l’on m’a refusé l’accès à la fontaine d’eau à la gare. Alors que je cherchais simplement de quoi me rafraîchir», révélait cet homme sans domicile fixe. Une situation ubuesque, qui va à l’encontre des gestes à adopter pour les plus fragiles.
À mesure que l’heure tournait, le restaurant ne désemplissait pas, à tel point que deux agents de sécurité veillaient pour faire respecter la jauge des 50 personnes maximum. Quant au thermomètre, ce dernier ne redescendait pas. Le personnel et les clients espèrent ainsi que les températures se calmeront pour les prochains jours.
En attendant, le restaurant social reste ouvert du lundi au vendredi (11 h 30-15 h) et un dimanche sur deux (11 h 30-13 h 30).
* Prénom d’emprunt.