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Stages en entreprise : les jeunes pointent des abus et réclament une réforme


Les jeunes ont aussi planché sur la démocratie dans l’UE, l’aide aux sans-abri, le marché unique et la mobilité. (Photo : jugendparlament)

Le Parlement des jeunes, qui prépare son audience début juillet à la Chambre des députés, a adopté samedi cinq résolutions, dont une visant à faire du stage un vrai levier de réussite.

Dernière ligne droite pour les 157 membres de la session 2024-2025 du Parlement des jeunes, cette institution lancée en 2009 sur le modèle de la Chambre des députés pour faire entendre la voix de la jeunesse en politique. Samedi, lors de leur dernière assemblée plénière, les versions finales des résolutions sur lesquelles ils ont travaillé toute l’année répartis en cinq commissions, ont été adoptées. Et le 4 juillet, une délégation se rendra au Marché-aux-Herbes pour les défendre, à l’occasion du traditionnel hearing face aux députés et à certains membres du gouvernement.

Parmi leurs positions les plus marquantes, on retient notamment celle de la commission de l’Éducation visant à renforcer l’apprentissage et à faciliter la transition entre parcours scolaire et vie active. Car, d’après les jeunes, le rôle et le cadre des stages en entreprise au Luxembourg sont à revoir.

D’emblée, ils estiment que ces périodes d’immersion et de découverte d’un métier arrivent bien trop tard dans le cursus académique. Puis dénoncent l’attitude de certaines sociétés qui «orientent davantage les stages sur l’autopromotion que sur un véritable encadrement de l’expérience professionnelle», tout en pointant des objectifs éducatifs peu structurés. Les jeunes rapportent aussi le fait que de nombreux élèves se voient confier des tâches et missions «relevant d’un emploi à plein temps» au lieu d’une véritable expérience pédagogique. Des abus qui s’expliquent par l’absence de sensibilisation des stagiaires à leurs droits, ce qui les rend d’autant plus vulnérables, insiste le Parlement des jeunes.

Autre point noir : le nombre limité d’opportunités de stage dans des domaines comme la technologie, la médecine ou l’ingénierie, «ce qui restreint les possibilités d’exploration de ces carrières, tandis que certains élèves peinent à décrocher un stage obligatoire en raison du peu de places disponibles», déplorent-ils.

Ici, la piste d’une sensibilisation accrue des employeurs au soutien financier étatique auquel ils peuvent prétendre pour l’accueil d’un stagiaire semble intéressante aux yeux des jeunes, pour en finir avec certaines hésitations liées au budget et créer plus de places de stage.

Un stage d’observation dès la classe de 7e

Pour s’attaquer à ces problèmes, les apprentis parlementaires soumettront une série d’idées à leurs aînés. À commencer par l’introduction, dès la classe de 7e, de journées d’observation permettant aux élèves d’approcher, de manière précoce, différentes professions et carrières.

Le Parlement des jeunes plaide aussi pour la mise en place d’une structure claire pour la période de stage, incluant des tâches pertinentes privilégiant la dimension éducative pour l’élève. De même, des lignes directrices pour éviter le recours aux stagiaires pour pallier un manque de main-d’œuvre seraient souhaitables, avec des sanctions en cas de non-respect des engagements. Dans ce contexte, les jeunes aimeraient qu’un module sur les droits et responsabilités des stagiaires soit intégré au cours Vie et Société, par exemple, pour prévenir les abus.

Enfin, pour les domaines sous-représentés dans l’accueil de stagiaires, ils recommandent des partenariats avec l’industrie, et des programmes incitatifs, tout en uniformisant les opportunités proposées par les écoles afin de garantir un accès équitable à tous les élèves.

L’ensemble des résolutions peut être consulté en ligne sur le site du Parlement des jeunes.

jugendparlament.lu

Lana Despotovic élue présidente

À l’issue du vote organisé samedi, c’est la vice-présidente sortante, Lana Despotovic, 17 ans, qui a été élue à la tête du Parlement des jeunes pour la session 2025/2026, dont la séance inaugurale aura lieu en octobre. Elle succède à Niels Huberty, entourée d’un bureau exécutif totalement renouvelé avec Matvey Kiselev, Julien Lemmer-Veloso, Pelumi Eluyemi et Krisztian Horvath. Engagée depuis quatre ans au Jugendparlament, la lycéenne a contribué aux efforts d’ouverture et d’inclusion de l’organisation, la question de la représentativité lui tenant à cœur, tout comme le combat pour le droit de vote à 16 ans : elle y voit un excellent moyen de réveiller l’intérêt des jeunes pour la politique.

Photo : archives lq/fabrizio pizzolante