Un lave-vaisselle industriel installé à Belvaux et exploité par le CIGL permet de nettoyer les gobelets en plastique des communes du Sud.
À Sanem, un projet durable, à la fois environnemental et social, a vu le jour en septembre dernier, sous l’impulsion de la commune et du Centre d’initiative et de gestion local (CIGL) : la Spullkëscht, une station de lavage de gobelets, la première en service dans le sud du pays.
Aux abords de la gare de Belval-Rédange, juste à côté du nouveau gîte du Minett Trail, dans un entrepôt réaménagé, un lave-vaisselle industriel récure tous les gobelets en plastique utilisés par les communes du sud du pays lors de leurs festivités. Rinçage, nettoyage, séchage : en sept minutes à peine, ils ressortent complètement propres et secs. Quelque 887 000 euros auront été nécessaires à l’aboutissement de ce projet : 750 000 euros pour l’aménagement de la salle, 137 000 euros pour l’acquisition du lave-vaisselle.
Aux commandes, Jessica Birklé, responsable de la Spullkëscht, qui supervise deux employés du CIGL, Hasan, 54 ans, et Tom, 34 ans. «Nous parvenons désormais à nettoyer entre 2 000 et 3 000 gobelets par heure», se félicite Jessica Birklé. «Mais cela dépend bien sûr du type de gobelet.» Car il y en a de toutes les tailles et de toutes les formes, à vin ou à champagne. «On peut aussi fournir les gobelets ProSud», précise-t-elle. La location est gratuite, mais le gobelet perdu ou abîmé est facturé un euro hors taxes. Le lavage, quant à lui, coûte 12 centimes hors taxes par gobelet.
Et Jessica Birklé l’assure : «Grâce au système de lavage et de séchage, en trois phases, et aux produits utilisés, il n’y a pas de traces. Nous avons parfois eu des retours concernant le fait qu’il y avait des traces ou que le champagne ne faisait pas de bulles dans les gobelets. Mais le problème ne vient pas de la Spullkëscht. C’est parce que les gobelets ont été lavés de la mauvaise manière par le passé, avec des produits inadéquats, sans être bien séchés, ou parce qu’ils ont été laissés plongés dans l’eau. La seule manière alors de les récupérer, c’est de les polir.»
Quant aux caisses qui contiennent les gobelets, elles sont lavées et séchées à la main, avant d’être à nouveau désinfectées. «Il existe des machines pour le faire, mais nous manquons de place pour l’instant», souligne Jessica Birklé. Une étape peu ragoûtante. Certaines communes n’ont parfois pas de scrupules à apporter des caisses dans lesquelles les gobelets n’ont pas été complètement vidés et où des fonds de bière ont macéré sous le soleil, sans compter «les cigarettes, les joints et autres déchets qui n’ont rien à faire là-dedans. Chaque jour, nous jetons entre 20 et 40 litres de ces déchets», déplore la jeune femme.
Réinsertion socioprofessionnelle
Avec l’arrivée des beaux jours et la multiplication des festivals, le travail ne manque pas, d’autant que depuis le 1er janvier, une nouvelle loi interdit tous les articles en plastique à usage unique lors des manifestations publiques. «Les six derniers mois, nous avons lavé 206 000 gobelets, dont 95 000 pour le seul mois de mai ! Les prochaines semaines vont être difficiles !», prévoit Jessica Birklé. «Avec la fête de la Musique, on s’attend à recevoir 230 000 gobelets !» Un travail qui n’est pas de tout repos : «C’est très physique : un gobelet ne pèse rien, mais quand vous soulevez 20 boîtes de 500 gobelets, vous le sentez ! On peut se retrouver à porter jusqu’à 400 kilos par jour.»
«Lorsqu’il y a besoin de bras supplémentaires, des employés du CIGL peuvent être envoyés temporairement pour renforcer l’équipe», souligne-t-elle. Hasan et Tom, qui sont des permanents, travaillent à la Spullkëscht à temps plein et en CDD. Comme pour tous les employés du CIGL, ils peuvent rester à ce poste jusqu’à deux ans. L’objectif est de leur permettre de retrouver un travail et de se réinsérer socialement. «Ils ont aussi la possibilité d’effectuer des stages et des formations pendant qu’ils travaillent ici, durant la période creuse», fait savoir Jessica Birklé.
Un aspect social qui séduit les clients potentiels. À ce jour, la Spullkëscht propose ses services aux communes du sud du pays uniquement ainsi qu’aux associations locales. Mais elle reçoit des demandes d’autres communes du Grand-Duché ainsi que d’entreprises privées, comme la Rockhal, par exemple. «McDonald’s ou Pizza Hut ont aussi fait part de leur intérêt. Mais on est trop petits», indique la responsable, qui espère voir la capacité de la Spullkëscht s’agrandir.
Dès 2025 en effet, l’ensemble des articles à usage unique, même ceux en carton ou en bambou, seront interdits lors des manifestations publiques. Une machine permettant de nettoyer les contenants alimentaires, comme les boîtes type Ecobox, serait alors très utile. «Les clients risquent de vouloir tout laver au même endroit, ce qui est logique. C’est en discussion avec la commune», fait savoir Jessica Birklé.