L’IPESS est une initiative destinée à professionnaliser le secteur sportif. L’objectif est de soulager le bénévolat, qui atteint certaines limites.
«Je veux un établissement public qui va gérer et aider les clubs en situation précaire», explique le ministre des Sports, Georges Mischo. Selon lui, le bénévolat, pilier du sport luxembourgeois, est «en recul». Les tâches à accomplir sont devenues trop nombreuses et complexes pour ces équipes majoritairement composées de ces volontaires. Au Grand-Duché, on dénombre d’ailleurs 17 200 bénévoles dans près de 1 300 clubs comprenant plus de 140 000 licenciés.
L’Initiative pour la promotion de l’emploi dans le secteur du sport (IPESS) doit devenir une politique capable d’apporter un soutien financier, technique et humain aux différentes structures du pays. Cette IPESS doit donc permettre d’acquérir des compétences professionnelles, temporaires ou durables. Entraîneurs, directeurs techniques, experts, secrétaires ou gestionnaires sont les nombreux profils qui viendront renforcer les équipes existantes. La mesure ne vise pas d’ailleurs uniquement le haut niveau et «tous les sports et toutes les fédérations sont concernés», assure le ministre.
Se «concentrer sur l’aspect sportif»
Les fédérations de badminton et de judo ont bénéficié d’un projet pilote de l’IPESS. «Nous avons commencé notre projet en 2019, avec un seul entraîneur pour deux clubs. Aujourd’hui, avec sept entraîneurs dans neuf clubs, nous avons pratiquement doublé nos licences, au nombre de 2 000», témoigne Denis Barboni, le président de la fédération de judo. Cette rapide croissance montre le potentiel d’une jeune structure lorsqu’elle est aidée. Le président souligne néanmoins qu’une complémentarité entre bénévoles et professionnels est possible et souhaitée. «Les bénévoles restent importants. Mais il faut des gens en plus capables de gérer l’administratif et le juridique. Cela nous a permis de nous concentrer sur l’aspect sportif, que nous voulions garder seuls en main.»
La question de la transition peut prendre plusieurs formes. Pour le judo, l’IPESS a accompagné en laissant le choix aux clubs, tout en veillant à ne pas désavantager les salariés et bénévoles déjà en place. Mais l’intérêt est évident : «Les clubs pourraient bénéficier de plus de digitalisation, de meilleures conditions de travail et d’une optimisation des services. Tout cela a amélioré la qualité de notre encadrement», affirme Barboni.
Une initiative progressive
La demande s’annonce considérable. Georges Mischo le reconnaît : «Servir tout le monde dès la première phase sera très difficile. Nous allons faire de notre mieux pour créer une structure fiable et assez grande.» Concrètement, le financement passera par une réforme du système «Qualité+», qui soutient déjà les clubs. «La priorité est d’investir davantage pour que les clubs puissent recruter à l’IPESS», précise le ministre. Les communes, elles aussi, seront invitées à investir, mais le gouvernement entend augmenter les aides pour compenser les lacunes des budgets associatifs.
Pour son bon fonctionnement, le ministère prévoit par exemple en 2026 plus de 2 millions d’euros de dépenses, mais aussi de générer des recettes via quatre prestations. Les premières s’élèveraient à 575 000 euros et augmenteraient au fil du temps. Mais en 2026, il y a donc un besoin de subventions publiques de l’ordre de 1,5 million d’euros pour combler la différence.
Le calendrier est fixé, avec un projet de loi d’ores et déjà déposé. Il doit encore passer par le Conseil d’État et la Chambre des députés. Si tout va bien, l’IPESS pourrait démarrer au premier trimestre 2026. «Aujourd’hui, nous avons le temps de construire la structure et de finaliser le conseil d’administration. Mais le coup d’envoi de l’IPESS attendra le vote final à la Chambre», conclut Georges Mischo.
Quatre prestations proposées
Le dispositif repose sur différents services, sources d’emploi. La première prestation, intitulée «Train», prévoit l’encadrement sportif régulier et l’accompagnement en compétition. La deuxième, «Fit», vise les formats participatifs, centrés sur la santé et le bien-être. La troisième, «Consult» ou «Développement et Formation», offre du conseil et de la formation pour renforcer les capacités organisationnelles. Enfin, la quatrième, «Admin», se concentre sur la gestion des membres, l’organisation de compétitions ou la communication en ligne. L’établissement serait piloté par un conseil d’administration de neuf membres : des représentants du ministère des Sports, des Finances, du Travail, du Syvicol et du Comité olympique et sportif luxembourgeois.