Accueil | A la Une | Sommet de Bratislava : l’Europe en « situation critique »

Sommet de Bratislava : l’Europe en « situation critique »


"On est autour d'une table, on est en famille, on discute les problèmes en famille, on essaie de trouver des solutions", a commenté Xavier Bettel. (Photo AFP)

L’Union européenne, menacée de « dislocation », est plongée dans une « situation critique », ont mis en garde vendredi Paris et Berlin lors d’un sommet à Bratislava censé tracer les contours de l’Europe sans les Britanniques.

Dans un château perché sur une colline surplombant le Danube, les 27 tentent depuis vendredi matin de s’entendre sur un agenda de relance du « projet européen », alors que les appels à serrer les rangs se heurtent à des divergences profondes. « Nous sommes dans une situation critique », a jugé la chancelière allemande, Angela Merkel. Il faut « montrer par nos actions que nous pouvons faire mieux », a-t-elle ajouté, citant comme priorités la sécurité, la lutte anti-terroriste et la défense. Même gravité du côté du président français François Hollande, estimant que « le risque de dislocation de l’Europe n’a jamais été aussi grand. Je parle bien de la séparation, c’est-à-dire le retour des frontières, la fin de la libre circulation, le refus des solidarités, l’abandon de l’euro ».

Consensus sur les frontières extérieures

En milieu d’après-midi, le président du Conseil européen, le Polonais Donald Tusk, a soumis aux 27 une « feuille de route » listant les sujets prioritaires sur lesquels avancer ces six prochains mois, déclinés autour du thème de la sécurité. Le couple franco-allemand a mis un accent particulier sur une relance de la défense européenne, que tous les pays semblent désormais appeler de leurs vœux. Paris et Berlin ont présenté à Bratislava une initiative commune pour déclencher des opérations extérieures de l’UE plus facilement et obtenir davantage de financements européens. Le départ du Royaume-Uni, qui a toujours privilégié l’Otan, offre une chance d’avancer sur ce thème, soulignent des sources diplomatiques, dans un contexte où l’Europe est cernée par les crises, les guerres et le terrorisme.

La Commission européenne propose notamment des ressources militaires communes, un quartier-général unique et la création « avant la fin de l’année » d’un fonds européen pour stimuler la recherche et l’innovation dans l’industrie de la défense. Également dans le domaine de la sécurité, les dirigeants européens ont confirmé le consensus forgé ces derniers mois sur le renforcement de la protection des frontières extérieures de l’UE, apparues comme trop poreuses face à l’afflux migratoire. « La plupart convergent sur ce point, ils demandent notamment la mise en œuvre rapide du nouveau corps européen de gardes-frontières », a indiqué un diplomate européen, rendant compte des discussions fermées à la presse.

«Pour que Schengen puisse fonctionner correctement, nous devons contrôler les frontières externes et endiguer la migration irrégulière», a de son côté insisté Xavier Bettel. «Il est essentiel de trouver un juste équilibre entre le besoin de liberté et le besoin de sécurité de même qu’entre le besoin d’ouverture et de protection des frontières.» Selon le Premier ministre luxembourgeois, il faudra «mieux protéger les frontières externes dans le respect de nos valeurs européennes».

La Hongrie réclame du « respect » après les propos d’Asselborn

Mais Bratislava pourra difficilement faire oublier toutes le autres divergences. Des dossiers comme les travailleurs détachés ou la répartition des réfugiés dans l’UE restent hautement conflictuels. Les pays du groupe de Visegrad (Hongrie, Pologne, Slovaquie et République tchèque) ont rappelé vendredi qu’ils souhaitaient que les États membres soient davantage écoutés à Bruxelles. Et répété qu’ils restaient fermement opposés à tout mécanisme obligatoire de répartition des réfugiés, comme le plan de relocalisation adopté en septembre 2015 par l’UE, alors que des pays comme la Grèce et l’Italie, réclament précisément plus de solidarité face à la charge migratoire.

Le récent appel du chef de la diplomatie luxembourgeoise à exclure la Hongrie de l’UE pour violation de ses valeurs illustre aussi les fissures. « Ce n’est pas une position de mon gouvernement », a tempéré à Bratislava Xavier Bettel. « On est autour d’une table, on est en famille, on discute les problèmes en famille, on essaie de trouver des solutions. »

Le Premier ministre hongrois Viktor Orban, qui organise en octobre un référendum sur la relocalisation de réfugiés, a lui demandé « de traiter les Hongrois avec du respect ».

Le Quotidien/AFP