La Grande-Duchesse héritière Stéphanie a visité, vendredi, le projet LeguTec, qui consiste en des plantations de soja «made in Luxembourg» à Manternach.
Le soja est la principale source de protéines des animaux d’élevage. Il leur est donné à manger sous la forme de gruau généralement issu de l’importation, la demande étant plus haute que l’offre en Europe. Trente-cinq millions de tonnes de soja sont importées chaque année dans l’Union européenne. Le Luxembourg, comme d’autres pays européens, souhaite prendre son indépendance à l’égard des importations en produisant son propre soja.
Une première étape vers la production consiste à trouver la meilleure méthode de régulation mécanique des herbes sauvages qui poussent entre les plants de soja. Le Luxembourg misant sur l’agriculture biologique, pas question de désherber entièrement les champs et encore moins de le faire avec des herbicides. Des alternatives aux herbicides sont recherchées. C’est le cœur du projet LeguTec.
Une culture biologique et durable
Mené par l’Institut pour une agriculture biologique et une culture agraire au Luxembourg (IBLA) et ses partenaires (le lycée technique agricole, Wolff-Weyland et Geocoptix), le projet a une durée de trois ans et est réparti sur les champs de trois entreprises agricoles : François à Hostert, Emering à Sprinkange et Mehlen à Manternach. C’est la plantation de cette dernière qu’avaient choisi de visiter, vendredi, la Grande-Duchesse héritière Stéphanie et le ministre de l’Agriculture, Fernand Etgen. Elle est financée à 50 % par le ministère de l’Agriculture, l’autre moitié du financement vient de l’Œuvre Grande-Duchesse Charlotte.
Stéphanie Zimmer, la directrice de l’IBLA, évoque tous les points négatifs générés par les importations de soja et que l’Union européenne encourage encore en attendant des alternatives : l’empreinte carbone due au transport, les monocultures utilisant des pesticides, les modifications génétiques et la déforestation.
Il faudra des usines de conditionnement du soja
Toutefois, cultiver du soja au Luxembourg ne pourra être possible que si des usines de conditionnement de ce soja sont mises en place. «Au Luxembourg, les projets ont souvent des difficultés à percer car nous n’avons pas les moyens de suivre. Nous devons travailler plus pour atteindre notre objectif de réduire les importations, explique le ministre de l’Agriculture, Fernand Etgen. C’est pourquoi nous travaillons au niveau européen pour obtenir des structures de conditionnement. Nous nous inspirons des pays d’Europe du Sud ou de la Hongrie et de la Slovénie qui sont plus avancés que nous en la matière.»
Pour l’instant, le Luxembourg ne disposerait d’aucune piste concrète en ce sens.
Sophie Kieffer