Le Belval Plaza a accueilli la première édition à l’étranger de l’évènement Sneakers Corner. L’occasion pour de nombreux collectionneurs et marques de présenter leurs collections.
Cela a beau être dimanche, les visiteurs affluent tout de même dans la galerie marchande du Belval Plaza. Et si l’on y regarde de plus près, toutes ces personnes ont quelque chose en commun : elles sont venues baskets aux pieds. Ce n’est pas pour rien : ce week-end s’est tenu le tout premier Sneakers Corner du Luxembourg. «C’est l’occasion parfaite pour sortir sa plus belle paire, la plus folle et colorée, celle que l’on ne peut pas porter aussi facilement dans la vie de tous les jours», souligne Mathieu Lesot. Lui, c’est le fondateur de l’évènement. Et aussi un «gros piqué» de la sneakers.
Après des années à travailler chez Nike, il a décidé de saisir une opportunité. Celle de créer un évènement gratuit dans un secteur où ils sont tous payants. «Le but est de mettre en avant une offre différenciante dans le domaine de la sneakers et de la street culture, et d’y offrir un accès gratuit», explique le fondateur. Sur les stands se trouvent aussi bien des paires rares et des éditions limitées qui parlent aux afficionados, que des paires simples et de seconde main, à plus petit prix, accessibles au plus grand nombre. «Chaque chaussure a une histoire et procure un sentiment d’appartenance à une communauté.»

Mais les sneakers, ce ne sont pas que des simples chaussures. «C’est un état d’esprit, une passion et une façon de consommer», estime Mathieu. Les fans de sneakers ne les achètent pas que dans le but pratique de les porter, puis de les remplacer une fois usées. Tout un marché d’achat-revente s’est créé. «C’est la magie de miser… C’est comme pour le vin. Il faut savoir investir dans le bon modèle, le laisser en cave pour qu’il prenne en valeur, puis le ressortir quelques mois ou années après. Parfois, la chance est du bon côté et sa valeur peut facilement quintupler, mais parfois cela peut être décevant.» Notamment les modèles rares et les collaborations que sortent les grandes marques, comme Nike avec Travis Scott.
Alors, après seize évènements dans toute la France, le fondateur a décidé de passer la frontière pour la première fois et de poser bagages au Luxembourg. «L’idée, c’est aussi de refamiliariser les jeunes avec les centres commerciaux qu’ils boudent un peu au profit des sites internet», complète le fondateur. Durant deux jours, les revendeurs ont donc occupé le Belval Plaza. «Ils viennent d’un peu partout, France, Belgique, Luxembourg… Sur chaque évènement, nous avons 70 % de vendeurs qui nous suivent dans la tournée, et 30 % d’offre locale.»

Un levier pour se faire connaître
Parmi ces revendeurs locaux, la marque Flower Instincts a su faire tourner les têtes. Créée en 2021 et basée à Differdange, la marque luxembourgeoise est d’ores et déjà reconnue dans le milieu. «Nous vendons particulièrement en France et aux États-Unis», note Pepe, l’un des trois fondateurs. Sur le stand, plusieurs modèles sont présentés, dénonçant quasiment tous une addiction différente. «Tout est fabriqué et fait main au Portugal avec des matériaux italiens dans des usines qui travaillent aussi pour des marques de luxe.» Le Sneakers Corner est l’occasion de rencontrer leur clientèle locale. «Certains ne savent même pas que nous sommes du Luxembourg», s’amuse Pepe.
Yann aussi est un local. Mais lui n’a pas de marque. C’est un collectionneur privé et un véritable exemple du marché de la sneakers actuel. Avec ses lumières bien placées et ses paires colorées, son stand ne manque pas d’attirer l’œil. «Je présente surtout des paires très recherchées, à la mode et très rares», explique-t-il.
Son stand est le fruit de six ans de collection. «C’est parti de l’envie de pouvoir financer mes propres paires sans trop avoir à dépenser. Au début, j’avais acheté deux trois paires pour les revendre, mais cela a vite grimpé et désormais, j’en suis à 45!» Pour dénicher certaines d’entre elles, Yann et ses amis ont fait tout le tour du Luxembourg. «Un magasin de la capitale avait caché des stickers partout dans le pays, si on les trouvait tous, on avait accès à l’achat de la paire», se remémore-t-il.

À quelques pas de Yann, Mounir Lamouri présente quant à lui sa marque de streetwear indépendante, Sneakers Therapy, fondée il y a deux ans et demi à Lyon. Après un parcours dans l’industrie agro-alilentaire, il a décidé de lancer son «projet d’une vie». «C’est important d’être bien dans sa tête, bien dans ses baskets et bien dans ses fringues», appuie-t-il.
Et pour aider à cela, Mounir a lancé une marque locale utilisant des textiles recyclés et travaille avec des couturières retraitées et des ateliers de marquages employant des personnes à mobilité réduite. «C’est une manière de maintenir l’emploi en France et de défendre le savoir-faire français, tout en gardant quelque chose d’humain.» Il s’appuie sur le Sneakers Corner pour faire connaître sa marque et planter des germes dans l’esprit des gens.
L’évènement est aussi l’occasion pour des profils plus atypiques de présenter leur projet. Comme celui de Serge, alias Jesers, un chanteur alsacien. «Ma marque « J’aimerais qu’on sème« vient d’un message échangé par téléphone. Il est d’abord devenu une chanson et un nom d’album, puis un merchandising… Après beaucoup de demandes, j’ai déposé ma marque», explique le chanteur. Il n’avait pas vu son fils depuis 14 ans, ce message était alors un moyen pour lui de résonner et d’arriver jusqu’à lui. «Et si je participe pour la première fois au Sneakers Corner, c’est pour semer ce message dont nous avons tous besoin en ces temps-ci.»