Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
À un mois des élections législatives, l’outil Smartwielen vous propose de découvrir, en quelques clics, quels candidats et partis politiques partagent vos positions sur les grandes questions d’actualité.
Alors que le 8 octobre prochain, les électeurs devront choisir 60 députés pour les représenter – 23 pour la circonscription Sud, 7 pour l’Est, 21 pour le Centre, et 9 pour le Nord – l’université du Luxembourg et le Zentrum fir politesch Bildung proposent de leur faciliter la tâche avec une nouvelle version de leur outil en ligne, Smartwielen.
Le principe est simple : il suffit de répondre anonymement à une série de 44 questions correspondant aux préoccupations actuelles – indexation, temps de travail, sécurité, cannabis, fiscalité, crise du logement, etc. – et l’algorithme dresse la liste des partis politiques qui défendent les mêmes positions. Le vote par panachage, très prisé au Luxembourg, est aussi pris en compte, puisque Smartwielen est capable de faire la distinction entre les propres avis de chaque candidat sur ces questions – quasiment tous ont accepté de se prêter au jeu – et la ligne de leur parti.
En quelques clics, l’électeur peut ainsi consulter, selon sa circonscription, les noms des candidats dont les idées collent le plus aux siennes. Et tout ça, sans avoir eu besoin d’éplucher tous les programmes. De quoi rendre définitivement obsolètes les traditionnels prospectus de campagne? «Les enquêtes montrent bien qu’ils sont de moins en moins utilisés comme source d’informations, et très peu d’électeurs consultent l’ensemble des programmes pour comparer les positions des partis politiques sur un thème», explique le Dr Raphaël Kies, coordinateur du projet pour l’université. «Cet instrument permet de faire ce travail, ce qui accélère la formation de l’opinion et facilite le choix des électeurs.»
Un processus qui, selon ce chercheur en sciences politiques, s’avère de plus en plus lent et compliqué : «C’est une tendance générale. On constate que les gens ont du mal à se positionner par rapport à un parti, et ils le font très tardivement, parfois dans les derniers jours précédant le scrutin», poursuit-il.
Des réponses claires aux préoccupations
À la suite d’un appel au grand public, ce sont plus de 400 questions qui ont été reçues pour ce projet, et l’université a été chargée de les trier pour élaborer un questionnaire aussi simple et clair que possible. «C’est le cœur de l’instrument, donc ça a été une délicate mission», reconnaît Raphaël Kies. «Il a fallu se concentrer sur les principaux enjeux de cette élection, privilégier les thèmes qui revenaient le plus, et les sujets les plus abordés par les partis. Au final, on a retenu 44 interrogations.»
En allant bien plus loin qu’une pancarte affichant le sourire d’un candidat, Smartwielen constitue un véritable outil d’information et d’éducation à la citoyenneté, invitant les utilisateurs à approfondir leurs connaissances en politiques publiques, et aidant les électeurs à se repérer parmi les 12 partis et 649 candidats en lice – sans jamais émettre de recommandation.
En plus des «matches», la plateforme dresse aussi le profil complet des différents partis, à travers le prisme des questions d’actualité abordées, en faisant apparaître leurs éventuels commentaires. Même chose du côté des candidats, et ce, en quatre langues. «L’idée est que Smartwielen dépasse le seul cercle des personnes disposant du droit de vote, et permette à toute personne intéressée d’en savoir plus sur le paysage politique du pays.»
Une offre qui aurait été très utile lors des élections communales au mois de juin dernier : «Malheureusement, nous avons manqué de temps et de ressources pour déployer Smartwielen lors de ce scrutin. On aimerait vraiment pouvoir le faire à l’avenir, au moins pour les grandes villes», glisse le chercheur, qui projette déjà la suite.
Lui et son équipe aimeraient utiliser cet outil pour mieux comprendre la société, en savoir plus sur les utilisateurs, la façon dont Smartwielen influence ou non leur choix électoral, analyser si se démarquer de la ligne de son parti peut être payant pour un candidat, ou encore comment les partis perçoivent les réponses de leur électorat.
