Au terme d’une compétition qui donne rendez-vous en terre vosgienne depuis 31 ans aux amateurs de cinéma fantastique, le Grand prix du festival de Gérardmer a été décerné à Sleep, de Jason Yu.
Sleep avait déjà été repéré à la Semaine de la critique au dernier festival de Cannes pour son mélange d’horreur et de comédie. Pour son premier long métrage, le jeune réalisateur coréen Jason Yu raconte l’histoire d’un couple de jeunes mariés et parents dont l’équilibre bascule lorsque le mari, atteint de somnambulisme, devient dangereux la nuit tombée. «Ça nous a paru une évidence», déclarait le président du jury de cette 31e édition, l’écrivain français Bernard Werber, louant par ailleurs «l’image, le jeu d’acteurs et l’intrigue». Dans le film d’horreur «feel-good» du réalisateur coréen Jason Yu, «toute la terreur et le suspense dépendent juste de l’imagination du spectateur», a-t-il poursuivi.
Sur la scène de l’Espace LAC, qui accueille tous les ans les principales projections et évènements au bord du lac de Gérardmer, Jason Yu a tenu à dédier ce prix à l’acteur Lee Sun-kyun, décédé un mois plus tôt. «Ce prix, je le dédie à l’un des meilleurs acteurs coréens. Il nous manquera à jamais.» L’acteur, connu pour une carrière de plus de vingt ans et révélé à l’international avec Parasite (Bong Joon-ho, 2019), a été retrouvé mort dans sa voiture le 27 décembre dernier, probablement par suicide. Sleep, dans lequel il incarne le rôle principal du mari somnambule, est l’une de ses dernières apparitions à l’écran.
Le réalisateur s’est montré particulièrement ému de recevoir le prix des mains du jury : «Je ne sais pas si vous le savez, mais, en Corée, Bernard Werber est l’un des romanciers les plus populaires. Alors quand je vais rentrer leur dire que vous m’avez remis un prix, les gens deviendront dingues!», a-t-il lâché.
Le jury longs métrages, composé des actrices Caroline Anglade, Mélanie Bernier et Charlotte Gabris, de l’acteur Clovis Cornillac et des réalisateurs Jean-Paul Salomé, Mathieu Turi et Sébastien Vaniček, a également remis deux Prix du jury, l’un au réalisateur portugais Gabriel Abrantes (Amalia’s Children, un huis clos qui vire au cauchemar) et l’autre à la Française Céline Rouzet (En attendant la nuit, qui se réapproprie le mythe du vampire). Le film d’horreur psychologique argentin When Evil Lurks, de Demián Rugna, a lui fait coup double, en remportant le Prix de la critique et celui du public, tandis que le jury jeune a préféré le «survival» britannique The Seeding, de Barnaby Clay.
Côté courts métrages, c’est le film français Transylvanie, de Rodrigue Huart, qui a eu les honneurs d’un jury présidé, lui aussi, par un écrivain français à succès, l’auteur de thrillers Bernard Minier. Le festival du Film fantastique de Gérardmer a d’ores et déjà annoncé le rendez-vous de la prochaine édition, du 29 janvier au 2 février 2025.
Valentin Maniglia