Tom Wirtgen dispute ce Skoda Tour sous les couleurs de la modeste équipe néo-zélandaise Global 6 Cycling. L’ancien espoir du cyclisme luxembourgeois se montre lucide sur la dureté de sa situation, mais il entend montrer ses qualités.
C’est bien peu dire que Tom Wirtgen (27 ans), dossard 184 sur cette édition du Skoda qu’il dispute pour la septième fois depuis 2015 et son passage chez Leopard, attend particulièrement l’évènement. Malgré une chute dans la 5e étape du Tour d’Angleterre, il s’est montré à la hauteur, faisant tout ce qu’il était possible pour montrer ses qualités, même dans les emballages finaux, alors que ce n’était pas franchement son exercice de prédilection.
On connaît son histoire. Après cinq années passées chez Bingoal Wallonie Bruxelles, l’équipe formatrice de deuxième division, il n’a pu convaincre aucune équipe World Tour ni Pro Team de faire appel à ses services. Pourtant, Tom Wirtgen n’a perdu aucune de ses qualités de rouleur, lui qui, lorsqu’il était espoir, était surveillé de près par Quick-Step. On le voyait d’ailleurs s’imprégner du métier aux stages de pré-saison.
Faute de mieux, le coureur de Hostert, qui réside désormais sur les bords de la Moselle, porte les couleurs de Global 6 Cycling, cette formation néo-zélandaise continentale (3e division) qui permet à ses coureurs venus de divers horizons (des coureurs de dix nationalités) de s’aligner aux quatre coins du monde. On les avait déjà vus sur la Flèche du Sud. On les revoit cette semaine sur le Skoda Tour. Ils seront en octobre au Tour de Turquie. Le rouleur luxembourgeois, quatrième des Mondiaux espoirs de contre-la-montre en 2017, devrait en être.
Évidemment, Tom Wirtgen, qui pour la première fois ne porte plus les mêmes couleurs que son jeune frère Luc, passé cet hiver chez Tudor Pro Cycling, entend bien montrer ce qu’il sait faire, même si c’est de moins en moins simple. Dans tous les cas, il a coché cette deuxième étape, entre Mondorf et Mamer, pour tenter de s’illustrer. «C’est l’étape qui nous convient le mieux à mon coéquipier italien Giacomo Ballabio et à moi-même. Avec les noms qui sont au départ, ce sera difficile de faire un top 10 sur les grosses étapes…», glisse-t-il.
Comment abordez-vous cette édition du Skoda Tour de Luxembourg ?
Tom Wirtgen : Dans de bonnes conditions même si j’ai chuté dans la 5e étape du Tour d’Angleterre. Je me suis fait mal à la hanche et j’ai fait de nouveaux tatouages de cyclistes (rires). Rien de bien méchant. Là-bas, j’ai fait mes petites places derrière les sprinteurs des équipes World Tour.
Comment jugez-vous votre saison ?
Je pense que j’ai donné le meilleur de moi-même en fonction de ma situation. J’ai réussi à réaliser quelques places d’honneur sur quelques courses. Cela m’a montré que j’avais ma place dans le peloton. Mais on n’a pas beaucoup couru. C’est délicat donc de venir en forme. Mais j’ai le sentiment d’avoir donné le meilleur de moi-même.
Le fait de retrouver le niveau continental, comme à vos débuts chez Leopard, vous a inspiré quel sentiment?
Les équipes World Tour sont un autre monde, c’est une évidence, mais en fait, j’ai été impressionné par le niveau. Si on fait une Flèche du Sud par exemple, c’est très agressif, c’est aussi dur.
Du coup, c’est aussi dur de se faire remarquer ?
Oui, c’est dur. Mais je n’en suis plus à ce stade. Je fais cette saison davantage pour me prouver à moi-même que j’ai le niveau. Pas pour plaire à un manager. Bien sûr, si quelqu’un voit mes performances et se montre intéressé, c’est un bonus. Mais là, je vois ma saison comme un plaisir pur.
Se pose néanmoins la question pour vous de votre avenir pour la saison prochaine…
(Il rit) Oh, cela suscite encore beaucoup de questions. Je ne sais pas encore. Si ça continue, je serai content, si ça ne continue pas, je n’aurai pas de regrets!
Le monde du vélo est assez dur. On se remet beaucoup en question. Mais, en fin de compte, ce n’est pas toi qui décides
Vous pourriez continuer avec l’équipe actuelle ?
Pour le moment, je n’ai pas eu de discussion à ce sujet, mais je ne le pense pas.
Vous avez des pistes ?
Quelques-unes, mais ce sont des discussions. Aussi longtemps qu’il n’y a rien de signé, je reste méfiant. L’an passé, j’étais dans la même situation et mentalement, cela me faisait du mal. Le monde du vélo est assez dur. On se remet beaucoup en question. Mais, en fin de compte, ce n’est pas toi qui décides. Ce sont d’autres personnes. Si cela continue, cela continuera et je serai super heureux d’augmenter encore mes performances. Mais si ça doit s’arrêter, ça s’arrêtera.
Vous avez déjà pensé à une reconversion ?
J’ai quelques idées en tête si ça arrive. J’aimerais rester dans le milieu, car je suis passionné par mon sport. De sport tout simplement.
Du coup, ce Tour de Luxembourg, vous le voyez comme une dernière chance de rester dans le peloton ?
Oui, j’espère que cela ne sera pas ma dernière course. En tout cas, je donne sur chaque course le maximum. Certes, le profil des étapes ne me convient pas trop, mais j’aimerais faire une belle place sur une étape et me retrouver un jour dans l’échappée. Pour être honnête, les arrivées de la première et de la dernière étapes, ce n’est pas du tout dans mes cordes. C’est trop raide. Je vais essayer de me faire plaisir.
Pour le moment, vous gardez quoi de ces années professionnelles ?
Mon but, c’était de passer pro. Donc, je l’ai réalisé, je n’ai aucun regret. Et j’ai remarqué que parfois, lorsque tu es pro, tu oublies un peu la passion. Là, je l’ai retrouvée avec mon équipe. Je me sens aussi pro qu’avant, mais en plus, on partage. Je vis ma meilleure expérience. Je me suis fait des amis un peu partout avec des coéquipiers norvégiens, brésiliens et d’autres. Je viens de passer une belle partie de ma vie.