Les négociations ont été difficiles et ont duré un an. Hier, enfin, un nouvel accord, qui signe entre autres la fin de la cellule de reclassement, a été trouvé entre les partenaires sociaux.
La préretraite solidarité n’existe plus, certes, mais certains pourront encore en bénéficier cette année et l’année prochaine. Des départs toujours compensés par des embauches en CDI et c’est à l’Adem que le recrutement se fera en priorité.
Toute une série d’instruments de crise sont devenus caducs et c’est plutôt une bonne chose», répète le ministre du Travail, Nicolas Schmit, depuis le début des négociations de la tripartite sidérurgie, il y a tout juste un an. Hier, les syndicats qui refusaient d’enterrer la cellule de reclassement ont finalement cédé en acceptant les compensations proposées par la direction d’ArcelorMittal.
L’accord Lux2019, qui prend le relais de Lux2016, prévoit la fermeture de la cellule de reclassement qui comptait encore 216 salariés au 31 juillet dernier. Elle est définitivement close depuis la fin de l’année dernière. Les salariés qui en font encore partie pourront bénéficier d’une préretraite-ajustement.
«La cellule de reclassement a permis à la sidérurgie de surmonter les crises sans procéder à un seul licenciement», rappelle le ministre.
«On a décroché le kit de dépannage»
Et c’est bien pourquoi les syndicats voulaient la conserver. D’ailleurs, hier, les représentants de l’OGBL, Jean-Claude Bernardini, et du LCGB, Robert Fornieri, n’ont pas sauté de joie en dépit des compensations annoncées en termes d’embauches et d’investissements.
«On voulait une roue de secours, on a décroché le kit de dépannage», a illustré le représentant du LCGB alors que du côté de l’OGBL, on rappelle que la cellule de reclassement compte encore 216 salariés dont il faut s’occuper.
La préretraite-solidarité, quant à elle, disparaît. Seuls les salariés nés en 1960 et 1961 pourront encore en bénéficier. «C’est un signal fort pour dire que la sidérurgie est une entreprise comme une autre», déclare Nicolas Schmit, heureux de constater qu’ArcelorMittal retrouve des mesures de droit commun. Les syndicats sont plus mitigés sur la question, alors que le chômage partiel lié à la conjoncture et les plans sociaux en font partie.
Du côté de la direction, Roland Bastian insiste sur le fait que la sidérurgie au Luxembourg c’est 200 millions d’investissements depuis 2006 et c’est aussi le siège du groupe ArcelorMittal. «Nous avons une structure compétitive pour les prochaines années», assure-t-il. Il évoque la digitalisation de nombreux postes de travail, qui devrait rendre caduque également la préretraite pour travail posté. Mais ce droit reste acquis pour ceux qui remplissent les conditions en vigueur et celles à venir avec la loi portant réforme du régime de la préretraite.
Embauches et apprentissage
Si le nombre d’embauches n’est pas établi, il faudra déjà compenser les départs en préretraite-solidarité par des recrutements en CDI de demandeurs d’emploi inscrits à l’Adem ou en provenance d’une autre entreprise en difficulté via des plans de maintien dans l’emploi, par exemple. Hier, la directrice de l’Adem, Isabelle Schlesser, était également présente pour la présentation de cet accord qui stipule qu’un conseiller professionnel spécifique de l’Adem sera désigné pour tous les postes déclarés vacants. Le Fonds pour l’emploi devrait financer les formations complémentaires si nécessaire.
Un autre aspect de l’accord qui réjouit le ministre du Travail est l’engagement d’ArcelorMittal de conclure une quinzaine de contrats d’apprentissage par an. «Il s’agit de métiers traditionnels dans leur majorité, avec cinq postes réservés à l’administration», précise Nicolas Schmit. Pour l’année scolaire qui vient de débuter et la prochaine, ce sont donc 30 apprentis qui «auront la chance», selon le ministre, de trouver un emploi, car ce contrat d’apprentissage leur donnerait l’assurance d’une embauche.
Hier, le ministre du Travail était bien le seul à encenser ce nouvel accord. Pour les syndicats, la perspective d’un investissement annuel de 30 millions d’euros jusqu’en 2019, c’est bien, mais cela ne compense pas les pertes que représentent la fin de la cellule de reclassement et la fin de la préretraite-solidarité, qui garantissait automatiquement des embauches.
Si cette mesure avait été maintenue, sur les quatre prochaines années, ce sont quelque 500 personnes qui auraient dû partir à 57 ans aux frais de l’État pendant trois ans, alors qu’ArcelorMittal aurait dû les remplacer par des jeunes que l’entreprise ne trouve pas sur le marché du travail luxembourgeois.
«Cet accord démontre que le modèle de la tripartite fonctionne encore, les discussions furent longues, mais nous avons trouvé une solution qui est bonne pour tous», estime le ministre du Travail. Reste à faire le point en 2019.
Geneviève Montaigu