Depuis le 1er juillet, le Corps grand-ducal d’incendie et de secours (CGDIS) est entré en fonction et a déjà eu à faire ses preuves. Aux dires de Raymond Guidat, le directeur de la stratégie opérationnelle du CGDIS, la nouvelle entité permet «une meilleure coordination, cohérence et optimisation du service». Et ce n’est qu’une première étape.
Comment avez-vous travaillé pour mettre en place cette nouvelle structure ?
Raymond Guidat : Un état des lieux a été fait. Les services de secours étaient organisés plutôt sur le modèle allemand, c’est-à-dire avec des corps communaux de pompiers qui avaient essentiellement pour mission la lutte contre l’incendie et les opérations diverses et techniques. À côté, il y avait le service de la Protection civile en charge du secours à la personne, des interventions spécialisées et qui s’associait avec les hôpitaux pour l’organisation du SAMU. Mais les sociétés modernes ont évolué dans toute l’Europe.
Avant, on travaillait dans sa commune soit en tant qu’artisan, à l’usine, en profession libérale ou encore comme agriculteur. Donc, quand la sirène ou les bips des pompiers volontaires sonnaient, on avait une masse de pompiers volontaires disponibles tout de suite. Aujourd’hui, ces choses-là ont changé et les personnes travaillent à 10, 15 ou même 40 kilomètres plus loin et ne sont donc pas disponibles pour répondre, notamment en journée, aux demandes de secours.
Les normes et les règles ont également évolué…
Oui. Elles ont rendu les opérations de gestion (achat de matériel, de véhicules…) plus difficiles. Les communes n’avaient pas les ressources pour faire face et les pompiers volontaires n’avaient pas le temps. La technologie est aussi apparue. Elle a amené plus de technicité et donc plus de formations. Là aussi, ça prend du temps sur ses disponibilités. C’est tout cet ensemble qui a fait que, dans tous les pays d’Europe, on a une diminution du nombre de pompiers volontaires ou de personnes qui souhaitent s’engager, parce que les charges sont lourdes pour répondre aux exigences du service.
L’organisation était donc obsolète par rapport aux besoins et à l’évolution des exigences du métier de pompier…
Oui, on peut la qualifier ainsi. En 2009, trois experts (un Français, un Allemand et un Luxembourgeois) ont été chargés d’effectuer un état des lieux. Pendant un an, ils ont fait le tour du pays pour auditionner des gens. Ils ont produit un rapport dont l’idée essentielle était de créer une structure qui mutualise l’ensemble de ces services pour assurer le soutien et aussi une cohérence d’ensemble.
La difficulté jusqu’ici était que quand il y avait un feu quelque part, il n’y avait pas de coordination générale. Par exemple, vous aviez besoin de renfort, les gens se téléphonaient entre eux. Du coup, on pouvait avoir deux corps de pompiers au même endroit, mais il y avait tout un secteur qui était délaissé d’une couverture opérationnelle. L’intérêt du CGDIS est de garantir une coordination, une cohérence et une optimisation du service fourni en jouant au mieux sur les disponibilités et les appuis de chacun.
Y a-t-il, via cette réforme, une volonté de professionnalisation des pompiers et des secouristes de manière générale ?
Le CGDIS s’appuie et s’appuiera toujours sur le volontariat. La professionnalisation est là pour pallier les difficultés que rencontre le volontariat à certains moments et à certains endroits. Dans les secteurs où l’on trouve une concentration de population importante, cela génère forcément plus d’interventions que là où on a une densité de population plus faible. C’est logique. C’est essentiellement la densité humaine qui génère les interventions. Donc s’il y a des endroits où on n’arrive pas à répondre aux besoins, on appuiera avec des pompiers professionnels.
Mais il ne s’agit pas de professionnaliser tout le pays. Cela coûterait excessivement cher et dans certains lieux où il n’y a pas de besoins, nous ne serions pas dans cette recherche d’efficience ni d’optimisation. L’idée est d’apporter le service de secours le plus juste au bon endroit et avec les moyens appropriés et nécessaires.
Entretien avec Guillaume Chassaing
Wann dann d’Volontairen zereck ginn, wo’u get sech dann drop gestei’pt ??