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Service temporaire de l’APEMH : du répit pour les aidants


Comme ici au centre Nossbierg d’Esch-sur-Alzette, les résidents temporaires de l’APEMH vivent en communauté.

Via son service temporaire, l’APEMH dispose de 23 lits réservés pour accueillir des personnes en situation de handicap afin de soulager leurs aidants qui ont besoin de répit, notamment l’été.

Tous les parents ont besoin de répit de temps en temps pour prendre une bouffée d’oxygène et se reposer», écrit l’APEMH sur son site internet. Et chaque été, c’est la même chanson pour l’association qui accueille des personnes en situation de handicap intellectuel : son service d’accueil temporaire est pris d’assaut. «Les aidants me contactent en janvier, voire parfois un an avant, afin d’avoir une place pour leur proche, pour pouvoir ensuite planifier leurs vacances d’été», raconte Sylvie Almeida, l’assistante sociale de l’APEMH qui gère le calendrier du service temporaire.

Au centre Nossbierg de l’APEMH à Esch-sur-Alzette, les résidents bénéficient d’ateliers de soutien pour des activités manuelles comme le dessin.

Sur l’ensemble de ses 24 structures d’hébergement réparties dans le pays, l’association, créée en 1967, possède 23 lits «très demandés» pour les séjours temporaires. «On dit toujours que les personnes en temporaire se donnent la main. Aujourd’hui, quelqu’un part, le lendemain, une autre personne arrive.» Alors que 23 lits conventionnés sont réservés pour l’accueil temporaire sur le papier, en réalité, certains d’entre eux sont réquisitionnés pour des cas d’urgence. Prévu entre un jour et trois mois maximum, le séjour temporaire connaît «une pénurie de lits» qui nécessite donc un roulement entre les aidants. «Il faut que tout le monde ait la chance d’en profiter», confie Stéphanie Do Carmo, chargée de direction de cinq maisons de l’APEMH et du service soutien. En 2022, 146 séjours temporaires ont eu lieu, pour un total de 836,5 journées de présence.

Une hausse après le covid

Bien que limité, le service est une bouffée d’air frais pour les aidants qui souhaitent «souffler un peu», d’autant plus que l’extrême majorité d’entre eux vivent au quotidien avec leur proche handicapé. Parmi les 46 personnes accueillies en 2022, 91 % d’entre elles vivent au domicile de leurs parents ou d’un membre de la famille. Ces derniers sont d’ailleurs de plus en plus demandeurs. La durée moyenne des séjours a considérablement augmenté, passant de 2,17 à 3,2 jours en un an. Une hausse qui serait la conséquence de la crise du Covid-19, selon l’assistante sociale. «Après le covid, il y a eu une explosion des demandes. Je crois que les parents étaient tellement dépassés par la situation, avec les enfants à la maison pendant la quarantaine, qu’après, le lâcher-prise était plus facile.»

Les vieilles générations avaient beaucoup plus de mal à confier leurs enfants

Pour Stéphanie Do Carmo, cela découle également d’un changement de mentalité générationnelle. «Les vieilles générations avaient beaucoup plus de mal à confier leurs enfants en garde, elles avaient des difficultés, tandis que les nouveaux parents demandent plus facilement de l’aide pour pouvoir sortir ou partir en vacances», analyse celle qui travaille dans le milieu depuis 16 ans. Alors, le séjour temporaire est quasiment la seule solution pour les aidants afin de recharger leurs batteries. Hormis la possibilité d’avoir un service d’aide à domicile, financé par l’assurance dépendance, qui offre un soutien pour les actes du quotidien, «généralement, les aidants sont tous seuls», constate Sylvie Almeida.

«Ce n’est pas toujours facile quand ils partent»

Le temps de leur séjour, les nouveaux arrivants vivent, eux aussi, au rythme des vacances, avec un quotidien animé par des activités physiques en plein air ou des ateliers manuels pour bricoler, coudre, cuisiner ou jardiner. Au centre Nossbierg de l’APEMH à Esch-sur-Alzette, comme dans les autres sites, les lits temporaires sont répartis parmi les différentes maisons habitées par des résidents fixes. Afin de permettre une intégration saine, l’association prend tout de même des précautions. «Il y a une première récolte d’informations pour voir où la personne se sentirait le mieux, selon ses soins ou son autonomie par exemple, et généralement, on débute toujours par une nuitée», détaille l’assistante. Après une nuit de test pour le résident comme pour le personnel, la direction accorde ensuite le droit de réaliser des séjours temporaires plus longs afin d’intégrer le quotidien d’habitants installés parfois depuis des années.

Les chambres temporaires sont disponibles pour une durée d’un jour à trois mois maximum.

«L’entente se passe très bien, ils sont tout de suite bien accueillis», affirme Stéphanie, éducatrice au sein d’une maison. «Dans la plupart des cas, ils se connaissent déjà car les nouveaux vont au service de jour et croisent les autres, donc ça aide.»

Pour les nouvelles têtes, l’intégration se passe bien malgré tout. «Les résidents sont contents parce que c’est une nouvelle fraîcheur dans la maison, ils peuvent parler, faire des activités, complète Sylvie Almeida. Et parfois, quand il y a un week-end sans résident temporaire, ils se demandent pourquoi.» Un attachement que partage également le personnel, à l’image de Stéphanie : «Ce n’est pas toujours facile quand ils partent car on s’est attachés à eux».