Et si, cet été, on découvrait le Luxembourg autrement ? À travers les yeux de celles et ceux qui y vivent, y créent, y travaillent. Vigneron, artiste, chef ou paléontologue, connus ou discrets, ils nous livrent leur regard personnel sur le pays, entre lieux fétiches, traditions, souvenirs et bons plans. Une série de cinq portraits pour explorer le Grand-Duché à hauteur d’humains.
Pas besoin d’aller loin pour s’évader : cet été, on (re)découvre le Luxembourg à travers celles et ceux qui le vivent au quotidien. Un chef, un vigneron, un artiste ou encore un paléontologue partagent avec nous leurs coins préférés, leurs petites traditions, leurs souvenirs marquants… Cinq portraits, cinq regards singuliers pour explorer le Grand-Duché autrement. Avec un peu d’accent local et beaucoup de cœur.
Notre portrait du jour nous emmène aux anciens abattoirs à Hollerich. Ici, nous retrouvons Sader, un artiste graffeur bien connu au Luxembourg.
De son vrai nom Olivier Potozec, ce Français qui vit aujourd’hui à Esch-sur-Alzette est actif depuis plus de 20 ans sur la scène artistique luxembourgeoise. Depuis une dizaine d’années, il met sur pied des événements en tout genre autour du graffiti.
Il y a cinq ans, il a même créé sa propre association, I Love Graffiti, dont il est le président. Avec cette ASBL, son but est de promouvoir la diffusion et le développement du graffiti local et international par le biais d’événements culturels, mais aussi de sensibiliser le grand public à cet art urbain.
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Depuis 2018, il organise chaque année aux Rotondes «Back to the Books», le rendez-vous incontournable des graffeurs. Durant cette journée, le grand public peut découvrir tout le travail préparatoire réalisé par les graffeurs, avant que leurs œuvres prennent vie sur les murs. Un travail de sensibilisation autour d’un art encore parfois méconnu. Sader, lui, l’a découvert au début des années 1990. «J’ai eu un parcours scolaire assez chaotique. J’ai arrêté l’école à l’âge de 15 ans. Pendant plusieurs années, j’ai travaillé dans des usines avec des horaires postés. En 2004, j’ai décidé de tout arrêter pour faire du graffiti», confie-t-il.
Autodidacte, Sader s’est lancé sans formation dans cet art très exigeant. «Je n’ai pas de parcours artistique. Mais dans cette discipline, j’ai fait aussi de la décoration, des ateliers pour les enfants», explique le graffeur. Aujourd’hui, l’artiste vit pleinement de sa passion dans un pays très ouvert à l’univers du graffiti. «Il y a eu une bonne activité. Beaucoup d’artistes luxembourgeois sont partis, par exemple, faire leurs études à l’étranger. Cela leur a permis d’établir des connexions grâce aux expériences qu’ils ont eues à l’étranger.»

Son lieu préféré
«C’est sans conteste le Schluechthaus. C’est un lieu unique en son genre et le terrain de jeu idéal pour les graffeurs. Il a permis, pour moi, comme pour d’autres artistes, de développer notre travail et notre dextérité. Cet endroit symbolise aussi la liberté d’expression. En tant qu’artistes, on peut peindre librement. C’est aussi un lieu très intéressant si on recherche un côté un peu plus underground, coloré comme il en existe dans de nombreuses capitales. Je trouve que c’est le seul endroit dans la capitale où l’on retrouve cet esprit moins lisse. D’ailleurs, il y a beaucoup de visiteurs qui viennent par ici pour prendre des photos. C’est un spot idéal pour Instagram (il rit). On peut aussi y revenir plusieurs fois dans l’année, car les fresques ne sont jamais les mêmes. Le graffiti a pour principe d’être un art éphémère.»
Sa tradition préférée
«J’apprécie beaucoup la tradition du Liichtmëssdag. En février, à la Chandeleur, les enfants doivent arpenter les rues de leur voisinage avec leurs lampions colorés. Ils sont d’ailleurs fabriqués spécialement pour cette occasion. Ils vont alors de maison en maison et fredonnent des chants traditionnels en échange de bonbons et d’argent. Je trouve que l’ambiance est très belle. Mes enfants y participent chaque année, car je réside depuis plusieurs années au Luxembourg. Il existe une autre tradition tout aussi charmante pendant la période d’Halloween. Je trouve ces deux coutumes très intéressantes, parce qu’elles poussent les enfants à découvrir leur quartier et les autres enfants et familles qui y vivent.»
Une anecdote marquante
«En 2016, j’ai pu rencontrer le Grand-Duc Henri et son fils, le Prince Guillaume. J’avais réalisé une fresque spéciale pour les 125 ans de la dynastie. La fresque évoquait également l’histoire du Luxembourg, de Napoléon à aujourd’hui. Forcément, c’est une grande fierté d’avoir pu réaliser cette œuvre (…). J’ai aussi eu la chance de rencontrer l’amour grâce au Luxembourg, car ma femme est de nationalité luxembourgeoise.»
Son conseil aux visiteurs
«Faire une promenade à vélo aux Terres Rouges à Esch-sur-Alzette. C’est ce que je fais souvent le dimanche matin avec ma famille. La visite de la ville de Luxembourg est aussi très intéressante pour les touristes. D’ailleurs, c’est là que j’emmène les artistes internationaux que je reçois. Il y a un très beau panorama où on peut voir les trains qui passent, le Kirchberg d’un côté et le Grund dans la ville basse.»