Le pari semble gagné à l’auberge de jeunesse de Remerschen : locaux et touristes se mêlent autour de la bonne table du restaurant.
Après les deux premiers épisodes à Luxembourg et Beaufort, notre série d’été sur les auberges de jeunesse luxembourgeoises nous conduit dans le sud-ouest du Grand-Duché, à Remerschen, en plein village viticole, à 2 km de Schengen. Conçue en 2017 par le célèbre architecte local François Valentiny, l’auberge est composée d’un vieux cloître et d’un bâtiment principal qui accueille le restaurant-bar, des salles de conférence et des chambres avec balcon. On ne saurait dire si c’est ce mélange de verre et de bois, les grandes baies vitrées, les couleurs pop ou le personnel – sans doute tout cela à la fois –, mais une chose est sûre : le lieu est immédiatement chaleureux.
Comment se passe cette saison ?
En ce mois d’août, l’auberge de jeunesse affiche complet. «La saison se passe bien», confirme Tom Bous, le manager des lieux (lire encadré), qui regrette toutefois une très légère baisse de la fréquentation en juin comparé à 2023. «Peut-être que cela aurait été mieux s’il n’y avait pas eu autant de pluie», ajoute-t-il songeur. Et la fermeture du musée de Schengen depuis le 21 mai pour un an joue sans aucun doute, estime-t-il, commentant les données du premier semestre. Difficile de savoir en effet. Toutefois, de janvier à juin, l’établissement affiche 700 nuitées de plus que l’année précédente. Petit à petit, avec ses 12 261 nuitées en 2023, l’auberge approche des 14 824 constatées en 2019 avant que le covid ne fasse son apparition.
Qui peut venir ?
Inutile d’être jeune, cela fait bien une vingtaine d’années que les auberges de jeunesse accueillent tout un chacun, quel que soit son âge. «On dit souvent qu’on est ouvert à ceux qui sont toujours jeunes de cœur», glisse Tom Bous dans un sourire. Dans les faits, à Remerschen, ce sont des familles qui y passent en moyenne une nuit, mais aussi des écoles luxembourgeoises, des groupes venus faire des randonnées ou du vélo… «Et beaucoup d’écoles allemandes et françaises venues visiter Schengen», ajoute le gérant avant d’expliquer qu’un nouveau type de clientèle a fait son apparition dans l’auberge : les universités. Elles réservent quelques jours en septembre et octobre pour du team building. Les professeurs et les étudiants font connaissance, le passage du lycée aux études supérieures est moins brutal.
Quelle est l’ambiance générale ?
Calmes dans la journée, les lieux s’animent le temps des repas. L’ambiance est conviviale. Les personnes seules font connaissance entre elles et finissent par partager la même table. Il arrive aussi qu’un lien se crée entre celles qui ne font que passer et les locaux. Car «le restaurant est ouvert à tout le monde, pour que les gens viennent et se disent : « Oh, waouh, une auberge de jeunesse, c’est plus comme dans le temps »», dit Tom Bous, malicieux. Et ça marche. L’auberge est devenue un point de rencontre pour le village. «Aujourd’hui, on a servi entre 30 et 40 couverts.» Un succès qu’il explique par la qualité des produits servis au «Melting Pot», locaux, biologiques et de surcroît bon marché. Le bouche-à-oreille fonctionne à merveille. D’ailleurs, c’est bien simple, si vous voulez y déjeuner un dimanche, la réservation est obligatoire.
Quelles sont les activités à pratiquer ?
Situé en plein triangle frontalier, le coin regorge d’activités à faire en pleine nature. Remerschen se trouve au centre de la réserve naturelle «Haff Réimech», l’on peut se baigner dans le lac tout proche, faire des balades à vélo ou des randonnées à pied au milieu des vignobles. Il est aussi possible de visiter le Centre nature et forêt Biodiversum Camille-Gira ou de se rendre dans les caves viticoles de Vinsmoselle et Sunnen-Hoffmann. Dans l’auberge proprement dite, il n’y a pas d’activité possible, comme c’est parfois le cas dans d’autres établissements du pays. «On travaille avec le musée de Schengen, Navitours, l’office de tourisme, etc.», nuance Tom Bous. «Et on propose leurs produits à nos clients, on sert d’intermédiaires», poursuit-il. Des jeux de société sont mis à disposition et, si le temps le permet, les enfants peuvent se défouler dans une aire de jeux.
Faut-il réserver longtemps à l’avance ?
D’avril jusqu’à juillet, les écoles se succèdent, puis d’août à mi-novembre, c’est au tour des personnes seules et de quelques groupes de prendre place dans l’auberge. Autrement dit, c’est souvent complet, même si c’est la troisième plus grande auberge de jeunesse du pays en termes de capacité. Tom Bous prévient : «Il faut réserver quelques mois à l’avance, surtout pour avoir des chambres avec balcon, elles sont fort demandées.» Et de nous raconter la dernière réservation en date, qu’il narre, ému : «Avant de travailler à Remerschen, j’étais salarié dans une petite auberge dans le Mullerthal dans laquelle, chaque année pendant 14 ans, un couple d’Allemands venait passer quelques jours. Ils m’ont suivi quand je suis arrivé ici et viennent encore une fois par an. Et ce week-end, ils ont réservé des chambres avec terrasse pour fêter leurs noces d’or ici…»
Et dans le futur ?
Pas de grands travaux au programme, quelques petites modifications par-ci par-là sont néanmoins prévues : «Changer les rideaux, améliorer un peu les chambres, le restaurant avec le buffet…», énumère Tom Bous. Et prévoir des activités à l’intérieur en cas de mauvais temps. Mais aussi, conclut le gérant, poursuivre la réflexion déjà engagée pour améliorer et gérer l’inclusion au niveau des chambres par exemple, un thème cher au cœur des auberges de jeunesse dont la mission est de «faciliter la rencontre des jeunes de tous les pays, sans distinction d’origine, de nationalité, de sexe, de religion ou d’opinion politique».
Nécessité fait loi
Malgré la pluie battante qui a décidé de faire son apparition en cette fin d’après-midi, Anja patiente debout devant l’auberge, la main sur son vélo. Vêtue d’une combinaison cycliste blanche et mauve, ses cheveux blonds noués en queue de cheval, son casque vissé sur la tête, la dynamique sexagénaire attend que son mari la rejoigne pour découvrir les alentours. Ce couple de Hollandais n’a prévu de passer qu’une nuit à Remerschen avant de poursuivre un périple le menant du sud des Pays-Bas vers la Suisse, en passant par l’Allemagne, la France et le Luxembourg. Le tout à vélo. La veille, ils étaient à Vianden. Ils ont choisi une chambre dans cet établissement parce qu’il était… sur leur route, tout simplement. C’est le seul critère qui compte à leurs yeux, hôtel, appartement ou auberge de jeunesse, peu importe, il faut que ce soit sur leur trajet.
D’un abord très sympathique, Tom Bous est, à 33 ans, le gérant de l’auberge de jeunesse de Remerschen depuis cinq ans. Il a toujours travaillé dans le milieu hôtelier, d’abord comme réceptionniste, puis en tant que chargé de gestion à l’auberge de jeunesse de Bourglinster.
Lorsqu’il rejoint Remerschen en 2016, c’est comme assistant du gérant avant de devenir, en 2019, lui-même gérant. Il est désormais à la tête d’une équipe de 25 employés. Mais n’allez pas croire qu’il est assis derrière un grand bureau, déconnecté de ce qu’il se passe.
«Mon rôle principal, c’est la gestion financière d’abord et celle du personnel. Mais je suis aussi opérationnel à la réception. Et au bar, je fais tout…», expose-t-il en riant. Ce qui lui plaît dans ce métier ? La variété des tâches. «Chaque jour est différent, avec un autre souci à résoudre. Et on est une très très belle équipe, l’ambiance est super.»
– Adresse : 3, Waistrooss, L-5440 Remerschen.
– Capacité : 138 lits répartis dans 30 chambres, avec douches et WC individuels pour les 15 chambres à 4 lits, 2 chambres à 1 lit, 10 chambres à 5 lits. Seules 2 chambres à 12 lits ont les WC à l’étage.
– Prix : 33 euros la nuit avec petit-déjeuner et draps inclus (pour les membres du réseau international des auberges de jeunesse, la nuit est à 29 euros). Supplément de 7 euros par personne pour une chambre à 2 lits et supplément de 20 euros pour privatiser une chambre.
– Infrastructure : restaurant le «Melting Pot» ouvert midi et soir, un bistro, une terrasse avec vue sur l’étang, un jardin avec une aire de jeux et une piste de boules, location de vélos, une grande salle de conférence, deux salles de réunion.
– Accessibilité : l’arrêt de bus «Al Schoul » se situe tout près de l’auberge. Accessible à vélo via la PC3.
– Personnel : 25 employés.
– Contact : site internet : youthhostels.lu/fr/auberges-de-jeunesse/auberge-de-jeunesse-remerschen. Tél. : (+352) 26 27 66 700.