Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Un couple ne se souvient plus des circonstances des vols qui lui sont reprochés. Les drogues et l’alcool consommés en masse à l’époque des faits lui auraient brouillé la mémoire.
On était bourrés et shootés en permanence. Je ne me souviens plus de rien», explique Sidney, 36 ans. Il est accusé de plusieurs vols entre le 15 septembre et le 26 novembre 2022, dont certains commis en présence de sa compagne Kim, 30 ans. «On vous croit volontiers étant donné que vous avez le plus souvent volé des bouteilles d’alcool», lui a répondu la présidente de la 13eme chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg hier après-midi. Des vêtements également et une trottinette.
«La jeune femme faisait le tour du magasin. Elle a pris un sandwich qu’elle a reposé dans un rayon quand il est sorti avec la bouteille de vodka. Je les ai suivis à l’extérieur et je lui ai enlevé la bouteille des mains», s’est souvenu l’employé d’une station-service de Mersch. «Elle s’est énervée. Elle m’a dit qu’on était au Luxembourg et que je n’avais pas le droit de toucher son compagnon.» «Au Luxembourg, on n’a pas le droit de voler non plus», a fait remarquer la présidente.
Une cliente a prévenu la police qui a interpellé le couple ce 24 novembre 2022. Cela n’a pas empêché Sidney et Kim de récidiver. Deux jours plus tard, le couple est arrêté dans un magasin de vêtements de l’avenue de la Gare à Luxembourg-Ville. «Son sac a sonné quand il est entré dans le magasin et il avait l’air saoul. Cela m’a mis la puce à l’oreille», raconte un vigile qui a suivi le prévenu à travers les rayons. «Il a pris des vêtements et des accessoires avec lui en cabine. Il est ressorti avec tous les vêtements sur lui. Il avait laissé ses vieux vêtements à l’intérieur.»
Kim, qui faisait le guet, l’a alerté qu’il s’était fait repérer. Le vigile a entraîné le prévenu dans l’arrière boutique en attendant la police. Des vêtements et des accessoires volés dans d’autres enseignes ont été retrouvés dans son sac à dos et sur Kim. «Il ne m’a pas agressé. Il s’est débattu parce qu’il voulait rejoindre son amie qui était enceinte pour la protéger», a expliqué le vigile. «Elle essayait de se défaire des vendeuses qui la retenaient en donnant des coups.» Un vol avec violence pour faciliter leur fuite est reproché au couple.
3 à 4 bouteilles de vodka par jour
Le vigile d’un commerce voisin est venu en renfort pour aider le personnel du magasin à maîtriser la jeune femme. «Si vous n’étiez pas intervenue, les choses se seraient passées plus tranquillement. Quand on vole, il faut accepter l’éventualité de se faire prendre», souligne la juge. «J’étais tellement loin à l’époque que je me moquais des conséquences», a avoué Kim qui comparaissait hier également pour le vol d’une bouteille d’alcool dans une station-service de la rue de Hollerich à Luxembourg-Ville. «Je me suis excusée auprès de la vendeuse parce que j’allais prendre la bouteille, je l’ai prise et je suis partie.»
Le quotidien du couple se déroulait principalement dans la rue à l’époque des faits entre consommation d’alcool et de drogues, manche et vols pour survivre. «Mon client buvait entre 3 et 4 bouteilles de vodka par jour. Plus de la drogue», indique Me Veneau pour sa défense alors que le parquet vient de requérir une peine de 24 mois de prison à son encontre. «Cela n’excuse pas les faits en soi, mais cela a pu les faciliter.» Il demande au tribunal de ramener la sanction qu’il juge «excessive» à «de plus justes proportions». Il n’y aurait pas eu de violences, ni de réel trouble à l’ordre public, les objets volés n’auraient pas été dégradés et le préjudice économique serait faible.
L’avocat est également revenu pudiquement sur la situation personnelle et familiale difficile du jeune homme qui a entraîné sa dérive. Incarcéré en détention préventive, il participe à un programme de désintoxication, motivé par sa récente paternité. Kim aurait également été transformée par la naissance de leur enfant. Elle suit actuellement, elle aussi, une cure de désintoxication. Le procureur a requis une peine de 18 mois de prison à son encontre, estimant qu’elle avait participé aux différents vols qui lui sont reprochés et exercé des violences à chaque fois. «Elle est prête à l’employer pour prendre la fuite», a-t-il fait remarquer avant de rappeler les trois condamnations pour coups et blessures inscrites à son casier judiciaire. Son avocat a plaidé en faveur d’un sursis intégral ou d’un sursis probatoire.
Le prononcé est fixé au 16 novembre prochain.
