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Semaine de la société civile à Bruxelles : la parole est aux citoyens !


Plus de 200 groupes de la société civile étaient représentés. (Photo : cese)

Des représentants de la société civile et des organisations de jeunesse se sont donné rendez-vous la semaine passée à Bruxelles, pour discuter Europe et démocratie, et faire part de leurs doléances en vue de la prochaine mandature.

Du 4 au 7 mars s’est tenue à Bruxelles la première Semaine de la société civile, organisée par le Comité économique et social européen (CESE), qui a rassemblé plus de 700 représentants d’organisations de la société civile et de groupes de jeunesse pour discuter de l’état de la démocratie et du rôle de la société civile dans l’Union européenne. Un rendez-vous crucial à moins de 100 jours des élections européennes.

Au cœur des échanges : les risques et les défis à relever pour les élections du 9 juin (comment intéresser la population, et en particulier les plus jeunes, à ces élections et les amener à voter? Comment contrer les interférences russes et la désinformation?), les priorités de la jeunesse pour le prochain mandat législatif, le Pacte bleu, l’éducation comme moyen de lutter contre la polarisation des opinions…

L’occasion de porter la voix des citoyens sur ces différentes thématiques en recueillant les recommandations des participants et de formuler, par la suite, des demandes à l’attention des prochains dirigeants de l’UE, dont les points à retenir figureront dans une résolution du CESE en juillet.

Le CESE est en effet un organe consultatif chargé, depuis sa création en 1957, par le Traité de Rome, de porter la voix de la société civile auprès de la Commission, du Conseil et du Parlement européens, et de conseiller les décideurs sur des sujets aussi variés que la politique sociale, l’environnement, l’éducation, la santé, la protection des consommateurs, l’industrie, etc.

Environ 190 avis adoptés chaque année

Ses 329 membres, qui représentent chacun des pays de l’UE pendant 5 ans renouvelables – le Luxembourg en compte cinq – sont regroupés en trois catégories : le groupe I, celui des «employeurs»; le groupe II, celui des «travailleurs»; et le groupe III, appelé «diversité Europe», qui rassemble des organisations de la société civile. Ces «conseillers» bénévoles sont nommés par le Conseil de l’UE, sur proposition des différents gouvernements nationaux, qui ont eux-mêmes reçu les suggestions de nomination de la part d’organismes professionnels et sociaux.

Le Comité examine les propositions de lois et adopte des avis basés sur les accords obtenus entre ses différents membres – il en émet environ 190 par an. Il a récemment publié un avis concernant le financement de l’action climatique, par exemple, et suggéré «une nouvelle feuille de route pour mettre en œuvre des engagements climatiques ambitieux et les objectifs de développement durable».

Ou un autre sur l’initiative sur les perspectives d’emploi des jeunes. On lui doit quelques succès : ses recommandations pour des batteries plus durables ont été reprises dans le plan d’action stratégique de l’UE portant sur ce thème, il co-organise le Forum européen sur la migration, l’accord post-Brexit comprend un groupe consultatif mixte de la société civile…

Avant-gardiste, le CESE a fait de l’intégration des jeunes dans ses travaux une priorité. Une façon de procéder qui commence tout doucement à être suivie par les autres institutions.

De la même manière, il a récemment lancé une initiative chère au président du CESE, Olivier Röpke, qui consiste à impliquer des représentants des neuf pays candidats à l’adhésion à l’UE (Albanie, Bosnie-Herzégovine, Géorgie, Moldavie, Monténégro, Macédoine du Nord, Serbie, Turquie et Ukraine). Au total, 131 membres de ces pays ont été choisis pour constituer une réserve d’experts de la société civile. C’est la première institution à le faire.

La santé mentale, un enjeu prioritaire

Point d’orgue de cette semaine d’échanges : la remise du «prix de la société civile», qui récompense des initiatives concrètes et innovantes menées au niveau européen, national, régional ou local. Cette 14e édition avait pour thème la santé mentale. «Les troubles de santé mentale tels que l’anxiété, la dépression et les troubles de l’alimentation ont augmenté dans toute l’Europe. Les troubles de santé mentale sont peut-être une épidémie silencieuse, mais il s’agit certainement d’une épidémie de grande ampleur. Quatre pour cent des décès en Europe sont liés à un problème de santé mental. Avec ce prix, notre Comité veut briser ce tabou et parler de santé mentale et de bien-être mental. Et nous voulons également souligner le travail que fait la société civile pour améliorer le bien-être mental», a commenté Aurel Laurențiu Plosceanu, vice-président du CESE chargé de la communication.

Le CESE a reçu plus de 100 candidatures, mais c’est le projet irlandais AgeWell (Bien vieillir) de la fondation caritative Third Age qui a décroché la palme et obtenu 14 000 euros. Ce projet vise à améliorer le bien-être de personnes âgées en situation d’isolement et de fragilité, en combinant des visites à domicile par des bénévoles eux-mêmes seniors et une application pour smartphone, afin d’apporter un soutien émotionnel, mais aussi détecter les risques pour la santé à un stade précoce.