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[Sélection nationale] Une douzaine d’êtres vous manque…


Luc Holtz se dit «satisfait» du résultat ramené de Belgique, où tout concourait à prendre une sacrée valise. (Photo: Gerry Schmit)

Si les Roud Léiwen n’ont pas failli mentalement en France et en Belgique, le rassemblement de juin a rappelé que le réservoir de joueurs de haut niveau reste très limité. Trop?

Qui dit fin de rassemblement dit bilan, et celui du mois de juin, bien que «positif», n’est assurément pas le plus emballant que Luc Holtz aura eu à tirer de son long mandat de sélectionneur, débuté en août 2010. Son équipe a affiché un pourcentage de possession de balle moyen de 33 % (38 % en France, 28 % en Belgique) et n’a tenté que quatre tirs (un seul cadré) en 180 minutes, mais puisque ces statistiques faméliques étaient à prévoir, eu égard à la qualité des adversaires (respectivement 2e et 3e au classement FIFA), à leur degré d’implication (à une semaine du lancement de l’Euro) et au nombre vertigineux d’absents côté luxembourgeois*, c’est davantage sur l’état d’esprit que le technicien attendait ses hommes.

Sur ce plan, ceux-ci ne l’ont pas déçu. Du moins «ceux qui étaient là», une allusion assez claire à l’absence de Leandro Barreiro, qui a préféré faire l’impasse (sous la pression de Benfica, son futur club?) sur cette fenêtre internationale. «Je suis surtout satisfait par la mentalité qu’ils ont affichée, a-t-il souligné en conférence de presse d’après-match à Bruxelles. Je les en ai remerciés.» Vu les conditions du moment, Luc Holtz s’est aussi dit «satisfait» du résultat ramené de Belgique, où tout concourait à prendre une sacrée valise, mais sa principale consolation lui venait d’«un revenant : Chris Philipps».

Philipps, un cas révélateur du manque de profondeur

Relancé mercredi en France, et titulaire samedi au stade Roi-Baudouin, celui qui n’avait plus porté le maillot des Roud Léiwen depuis novembre 2019 a constitué la «grosse satisfaction» de la semaine du sélectionneur, au point que celui-ci voit dans le Wiltzois «une option de plus pour l’avenir». Révélateur. Pour rappel, on parle là d’un élément affichant 30 printemps et évoluant chez le 11e du dernier championnat, et si son retour tardif en sélection tend à prouver que la BGL Ligue n’est pas le cimetière des éléphants auquel certains la résument, il est aussi un petit aveu de faiblesse pour Holtz, normalement plus prompt à appeler des jeunes néophytes de l’étranger qu’à (r)appeler des locaux, même chevronnés.

Ou plutôt, un petit désaveu pour la jeunesse, à qui il n’a donné que des miettes en dehors des deux titularisations d’Eldin Dzogovic : 20 minutes en deux matches pour Fabio Lohei, 4 pour Sofiane Ikene, David Jonathans et Jayson Videira, et aucune pour Aiman Dardari, qu’il jugeait pourtant en avance sur les autres jeunes de sa génération en début de saison. Les adversaires et le contexte y sont évidemment pour quelque chose, mais il est difficile de ne pas penser que leurs manques personnels expliquent aussi cela. Quand un jeune a le niveau, du moins des aptitudes réelles à exister au plus haut niveau, il joue, le cas Yvandro Borges, qui totalise 25 sélections au même âge (20 ans) que Jonathans (deux capes), en atteste.

Lohei (19 ans), lui, ne s’est encore jamais entraîné avec les pros à Metz, tandis que Dardari n’a pas décroché de contrat à Mayence, qu’il va donc quitter cet été. Il semble exister un gouffre entre la relève que ces garçons sont supposés incarner et les cadres actuels de la sélection, et sitôt que ces derniers feront défaut en nombre, le Luxembourg en sera probablement réduit à ressortir ses recettes d’antan. Comme en Belgique et en France, où la résilience et la satisfaction de ne pas s’être fait humilier ont, par la force des choses, pris le pas sur les intentions de jeu. À contrecœur, pour Holtz. «J’ai pris moins de plaisir ce soir que sur les deux dernières années», a avoué le sélectionneur, à qui on ne peut que souhaiter que l’hécatombe de juin ne passe pas l’été.

*Bohnert, M. Martins, L. Gerson, Korac, Pinto, Barreiro, Rupil, O. Thill, Borges, S. Thill, Muratovic plus Mustafic et S. Thill en Belgique