ÉLIMINATOIRES EURO-2024 Luc Holtz pourra compter, cette semaine, sur Martins, Barreiro et Olesen. Quel usage faire de cet entrejeu inédit et prometteur?
Le moment est parfait et Luc Holtz l’a savouré en conférence de presse, la semaine dernière. Un alignement de planètes comme ça, sans blessure d’un cadre, d’une part, et avec l’explosion de pas mal de garçons, d’autre part, précisément au moment où il a envie de voir sa sélection passer un cap majeur, le sélectionneur n’en avait plus vécu beaucoup ces dernières années.
Pour un peu, faire le bilan de l’état de forme de ses garçons, notamment de ses milieux de terrain, lui aurait arraché des larmes de joie. Et on le comprend. Mathias Olesen? Il prend du galon avec Cologne et cela se ressent, puisque le solide blondinet a cumulé 342 minutes de présence sur les pelouses de Bundesliga depuis fin janvier, quand il n’en avait passé que 97 avant la Coupe du monde. Leandro Barreiro? Mis en concurrence et presque carrément zappé dans la première partie de la saison avec Mayence, il ne sort plus du onze de base en 2023, est décisif et voit son équipe multiplier les grosses performances. Christopher Martins? Ses soucis d’adducteurs sont derrière lui et il commence à accumuler les performances significatives avec le Spartak Moscou.
Peuvent-ils mettre Lobotka sous pression?
C’est un triangle magique tel que le Luxembourg n’en a jamais connu qui est en train de se former et la grande question est, qu’en faire? Comment l’utiliser? À quel niveau de performance peut-il porter les Roud Léiwen?
C’est un fait, les Roud Léiwen tiennent là, au cœur du jeu, la capacité de faire monter le bloc dans des proportions assez folles que confortent les statistiques des trois hommes en club. Si «Leo» est désormais connu pour sa capacité internationale à se retrouver dans la surface adverse, Olesen se voit, lui, souvent confier un rôle haut sur le terrain de harceleur du premier relanceur adverse (que lui avait déjà confié Holtz contre la Turquie, par exemple) et on a hâte de voir ce qu’il pourrait faire sur le paletot du Slovaque Lobotka, qui a prouvé avec Naples, jusqu’en Ligue des champions, qu’il sait résister à la pression de n’importe qui. Quant à Christopher Martins, en deux buts et une passe décisive en Russie, en 2023, il continue de prouver que sa capacité de projection fait partie de sa panoplie de joueur complet. Bref, c’est offensif, offensif, offensif! Trois fois.
Avec trois garçons comme ça, pas besoin de numéro 10!
«Oui, mais ce sont aussi trois garçons très intelligents qui peuvent aussi rester devant la défense si on le leur demande», analyse notre chroniqueur, Sébastien Grandjean. «Moi, de mon côté, j’imaginerais plus un Olesen rester, tandis que les autres seraient autorisés à chasser. Oui, je crois qu’un rôle hybride de milieu capable de se laisser retomber dans la défense serait assez fantastique pour Olesen. Mais s’il y en a bien un qu’il faut laisser se projeter, parce qu’il le fait merveilleusement et est crucial pour l’animation offensive, c’est Barreiro!»
Comment utiliser ces trois garçons ensemble?
Au-delà des considérations tactiques et des prétentions que leur association (encore douteuse, puisque «Kiki» vient finalement de revenir aux affaires et n’a disputé pour l’heure qu’un seul match complet, en Coupe de Russie) permettrait d’afficher, le simple fait d’additionner leurs qualités physiques est une promesse en soi. Tous ont un volume de courses et une capacité de projection supérieure à la moyenne. Reste à voir comment elle sera utilisée et dans quelle configuration.
Mais c’est en termes de variations que Grandjean, champion avec le Fola en 2021, préfère resituer le débat : «Avec leur abattage mais aussi leur capacité à faire le geste juste haut sur le terrain, on peut tout envisager : aller chercher haut l’adversaire autant que l’attendre bas pour le contrer. Ces trois garçons savent jouer sur ces différentes options, alors que pas mal de joueurs, même à l’international, n’ont qu’une corde à leur arc. C’est parfait pour varier et surprendre. En tout cas, avec trois garçons comme ça, pas besoin de numéro 10 et on peut se passer d’autant plus facilement, par exemple, d’un Olivier Thill, si vous voyez ce que je veux dire.»