Notre consultant, Sébastien Grandjean, réfléchit, comme tout le monde, sur l’organisation offensive face à la Géorgie, en les absences de Sinani et Thill.
Luc Holtz donnera sa liste pour la Géorgie (puis la Grèce et le Kazakhstan) aujourd’hui. Une liste amputée de quelques joueurs (Vincent Thill, Danel Sinani, Marvin Martins…) et qu’il a assortie il y a deux semaines de cette sentence : «Nous allons devoir nous réinventer offensivement», afin que cette liste devienne celle qui aura qualifié le Luxembourg pour l’Euro. Nous sommes donc allé frapper à la porte de notre consultant, le coach des Francs Borains, Sébastien Grandjean, afin qu’il nous livre son sentiment sur ce match historique qui s’annonce, le 21 mars.
Les Roud Léiwen ont perdu leurs deux joueurs offensifs du couloir droit, Vincent Thill sur blessure et Danel Sinani pour suspension. Luc Holtz cherche une solution. Laquelle pourriez-vous, vous, imaginer ?
Sébastien Grandjean : Déjà, je dirais que le plus important me semble plutôt être l’animation défensive. Qui nous permettrait, ensuite, d’essayer de faire mal à la récupération. Il est très embêtant de perdre ces deux joueurs seulement si nous sommes dans une perspective de possession. Mais la réflexion à mener pourrait aussi être de jouer en transition. Et dans ce cas, perdre deux joueurs capables d’accélérer par le jeu, balle au pied, est moins grave. En transition, il faudrait plutôt des joueurs capables d’accélérer par des courses, sans avoir la balle au pied. Voilà, on pourrait avoir besoin de joueurs de courses sans ballon.
Vous privilégieriez plutôt un jeu de transition, donc ?
C’est un contexte inédit et bien entendu, je ne connais pas suffisamment la Géorgie pour me prononcer avec certitude. Luc Holtz, lui, les connaît. Et je sais que cela ne lui fait pas peur de changer son fusil d’épaule d’un match sur l’autre.
Un joueur de courses dans le couloir, donc. Un Bohnert, idéalement? Puisqu’en plus, Marvin Martins a lui aussi été déclaré inapte pour Tbilissi…
Ce serait une belle option, dans le cadre de transitions rapides. Avec un 3-5-2, on peut faire mal à n’importe qui. Nous, c’est le système qu’on utilise aux Francs Borains. Mais pourquoi pas un 4-1-4-1 également, s’il faut bien renforcer les couloirs?
L’émergence d’un Muratovic dans le monde pro, en D2 polonaise, peut-elle changer la donne ? Faut-il jouer à deux devant ?
Cela dépend de la façon dont jouent les Géorgiens et de s’il est nécessaire de bien fermer les couloirs. Mais en fonction de la forme du moment, un Muratovic, pourquoi pas? Ou alors faut-il privilégier quelqu’un de plus rapide? Avant de répondre à ces questions, il faut avoir réglé beaucoup de paramètres sur ce qu’on veut proposer. Jouer haut? Jouer bas? Effectuer un pressing haut? Il faut des idées très claires, connaître le contexte, tenir compte des statuts des différents joueurs pour ne pas rencontrer de problèmes de gestion.
Alessio Curci? Je ne suis pas content de son investissement
Donc un Ayman Dardari, qui joue aujourd’hui les quarts de finale de la Youth League, ne devrait selon ce principe pas forcément entrer en ligne de compte.
Non. Sûrement pas. On ne peut pas passer d’une compétition pour adolescents à un match devant 55 000 spectateurs qualificatif pour l’Euro. Ce n’est pas un monde d’écart qu’il y a, mais une galaxie. On ne peut pas le lancer dans ce genre de rencontre avec obligation de résultat.
Yvandro Borges pourrait-il aussi entrer en ligne de compte, sur la droite ?
Holtz l’aime beaucoup à gauche. Parler tactique, aujourd’hui, il faut le faire avec les yeux du sélectionneur, pas avec les miens et je ne pense pas qu’il ait envie de l’enlever de là. Par contre, il ne faut pas le laisser seul dans un couloir. Ce serait suicidaire. Mais alors pourquoi pas comme deuxième attaquant? Il joue plus à Nimègue qu’à Mönchengladbach. Il est plus dans le rythme. Et en deuxième attaquant, ça, ce serait un élément de surprise. On l’utiliserait comme deuxième attaquant et on fermerait bien les couloirs…
On n’a pas parlé de « votre« joueur aux Francs Borains : Alessio Curci. Qui lui aussi pourrait faire le deuxième attaquant…
Alessio a connu beaucoup de hauts et de bas depuis que je suis arrivé. Je ne suis pas content de son investissement et je lui ai dit. Il a une tendance à se laisser aller. Il ne peut pas continuer à croire qu’un bon entraînement par semaine suffit pour être pro! On s’est beaucoup accroché sur le sujet, lui et moi et j’espère qu’il a compris. Parce que c’est pour ça qu’il n’a pas eu, depuis mon arrivée, tout le temps de jeu que son talent mériterait. Ce joueur, je l’aime. Il a des qualités pour faire la différence sur quelques mètres qui sont assez monumentales, mais le foot est un métier. Il doit en faire plus!