FOOTBALL FÉMININ Marta Estevez va découvrir le football professionnel en D1 grecque avec le PAOK Salonique… après la double confrontation face à l’Estonie.
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Cela fait un bout de temps que ce flirt avec le PAOK Salonique dure. Vous nous racontez?
Marta Estevez : On joue contre le PAOK en septembre dernier avec le RFCU. On perd lourdement (NDLR : 6-1), mais je fais un bon match et je marque. Leur coach me contacte et me dit que le club me veut tout de suite. Mais la période des transferts était passée chez nous et il me restait un contrat d’un an avec le Racing. Alors, ils m’ont demandé si ce ne serait pas possible en hiver. Mais à ce moment, au RFCU, on avait plein de blessées et je leur ai dit que ce n’était encore pas possible.
Vous n’avez pas eu peur que le PAOK ne se lasse?
Non, je crois même qu’ils ont bien aimé l’idée que je respecte mon contrat. De toute façon, je n’avais pas peur : ils avaient vraiment l’air très intéressés. La négociation a duré toute l’année et à chaque fois, ils ont dit qu’ils attendraient. Cela m’a laissé le temps de me déplacer là-bas pour voir les conditions. Et m’assurer que je pourrais vivre du football avec ce qu’ils me proposaient.
Oui, c’est un impensé du football féminin : professionnalisme ne rime pas forcément avec absence de travail à côté…
Non, effectivement! Vous savez qu’en Espagne ou en Angleterre, on trouve des joueuses qui doivent avoir un travail à côté! Quand on a négocié, j’ai donc demandé si des filles travaillaient. On m’a donc dit : « Non, tu viens pour jouer au foot et tu ne feras que du foot« . Non, je n’aurai à me concentrer que là-dessus, à m’adapter en sachant que la Grèce, cela va ressembler à mon pays d’origine, l’Espagne. Je sais que là-bas, ce sera sans stress. Il n’est pas exclu que je sois la seule à l’heure aux séances et que les autres soient en retard (elle rit).
J’y suis quand même allée pour savoir si je pourrai vivre du foot en Grèce
Revenons sur l’aspect financier.
Je suis allée là-bas avec mes parents pour savoir si je pourrai en vivre, manger, me loger, avoir une vie normale. Je viens de finir mes études d’interprète et j’étais partie pour faire traductrice ou prof. Mais voilà, je pars pour un an, la durée de mon contrat. Le PAOK ne fait pas plus. Ils prolongent d’une année sur l’autre.
Quelles seront les conditions matérielles de votre nouvelle vie?
Ils m’ont demandé si je voulais habiter seule ou avec une coéquipière. J’ai répondu que je préférais être seule au début, le temps d’apprendre à connaître les filles de l’équipe. Il y a une Suédoise, une Uruguayenne, une Azerbaïdjanaise, beaucoup de Grecques et… une gardienne brésilienne à passeport luxembourgeois – Dan Santos est au courant, mais ce n’est pas possible de la faire jouer. Après, les infrastructures… Les joueuses habitent non loin du centre d’entraînement, un bus passe nous prendre chez nous le matin et sur place, il y a cinq ou six terrains engazonnés, un synthétique, une salle de fitness et une piscine.
Tout pour se faire plaisir après les difficultés connues par le RFCU au niveau de ses installations?
Oui enfin, le plaisir, je le prendrai à la piscine, pas à la salle de fitness.
Quels seront vos objectifs là-bas?
Me montrer, me faire ma place et faire ce que le PAOK fait chaque année depuis treize ans : le doublé. Et on attend le tirage de la Ligue des champions, demain (NDLR : aujourd’hui). L’année dernière, après nous avoir éliminées, elles ont perdu contre Sankt Pölten mais clairement, l’objectif, cette saison, ce serait de rejoindre la phase de poules de la C1.
On ne pense qu’à soi avant de s’embarquer dans une telle aventure? Ou aussi au bien que cela pourrait faire à la sélection nationale?
Je n’y ai pas du tout pensé, même si en arrière-plan, oui… J’ai toujours dit que je voulais essayer le football professionnel et à 27 ans, si tu n’y vas pas, alors tu n’iras plus jamais. Donc j’y vais! Sinon, je vais le regretter. Mais évidemment (elle rit), j’imagine que Dan Santos est très content!
Puisqu’on parle du sélectionneur, la ligne directrice pour ce mois de juillet, c’est quoi?
Garder la deuxième place du groupe en restant devant l’Estonie. Voire aller chercher une place de meilleure deuxième et jouer les play-offs. On est toutes très motivées pour ça! Sinon, on n’aura pas de matches en automne et on veut absolument éviter ça!